Il y a quelques mois, j’avais tenu informé les lecteurs des financements étrangers dont bénéficiait cet établissement sous contrat avec l’état. Or le Préfet du Nord, Georges-François Leclerc vient de rédiger un rapport sur ce lycée privé musulman sous contrat. Ce document de 12 pages est daté du 27 octobre 2023. Au terme de ses investigations, le représentant de l’État sollicite la résiliation du contrat d’association avec l’état.
Déjà en juin 2023, la Chambre régionale des comptes s’inquiétait grandement du contenu d’un « cours d’éthique », à connotation clairement salafiste. Si le contrat devait être résilié, le lycée ne recevrait plus de fonds publics, et notamment la prise en charge du salaire des enseignants. La CRC avait aussi relevé un manque certain de transparence dans les dons, et des irrégularités de gouvernance.
On vit une situation totalement ubuesque. En effet, depuis 2019 la région des Hauts-de-France refusait à juste titre de verser une subvention de 300 000 euros, prévu au contrat d’association, et chaque année, la justice la contraignait, car obligatoirement tout lycée sous contrat doit être subventionné par la région chargée de par la loi de la gestion des lycées de sa circonscription. Pourtant en 2014, il avait été prouvé que ce lycée avait perçu des versements provenant de fonds qatari de 950 000 euros.
Présent à la commission, mais sans droit de vote, Xavier Bertrand, Président de la Région des Hauts de France a déclaré à l’issue des débats et du vote : « Enfin ! J’ai un sentiment de soulagement teinté d’amertume. Cela fait depuis 2017 que la Région demande le retrait du contrat d’association. J’aurais aimé que cela se fasse plus rapidement, mais la situation ne pouvait plus durer. »
Les élèves étudient ou ont étudié l’ouvrage « quarante hadiths de l’imam An-Nawawi » qui approuve l’interdiction d’une femme malade de se faire ausculter par un homme, la séparation des femmes et des hommes sur les lieux de travail, qui considère normal la peine de mort appliquée à un apostat, et que seule la loi de dieu doit régler les litiges.
Financement occulte ?
Il a été constaté que les filles et les garçons ne se mélangeaient pas en classe etc…Le préfet a rappelé le livre de Christian Chesnot et Georges Malbruno de mai 2019, Qatar Papers, sur les financements de l’ONG Qatar Charity et aujourd’hui encore, le préfet souligne « une part non négligeable de son financement provient d’espèces, donc d’argent non traçable ».
Car, ce lundi 27 novembre, la commission consultative de concertation présidée par le Préfet de région, Georges-François Leclerc et composée de la Rectrice Valérie Cabuil, de quatre représentants des services académiques et de trois personnalités compétentes dans le domaine économique et social, ainsi que d’élus soit trois conseillers régionaux, trois conseillers départementaux, de trois maires, outre six directeurs d’établissements privés et trois parents d’élèves de l’enseignement privé ont voté par 16 voix pour, 0 contre et 9 abstentions, un avis favorable pour le retrait du contrat d’association.
Il appartient désormais au Préfet de région de prendre sa décision, le Préfet n’étant pas lié par cet avis obligatoire.
Ce lycée a eu depuis toujours des liens avec les Musulmans de France, l’ex UOIF, organisation issue des Frères musulmans, ce que reconnaît Éric Dufour, le chef d’établissement tout en jurant que ces liens anciens n’interviendraient jamais dans le fonctionnement de l’établissement.
Mais pouvait-il en être autrement pour ce lycée, créé en 2001, parce qu’en 1995 une vingtaine d’adolescentes avaient été expulsées de leurs établissements pour avoir porté le voile en cours ? Alors pourquoi les pouvoirs publics ont accepté en 2008 ce contrat d’association ? C’est le fond du problème. En 2012, l’établissement avait ouvert un collège, mais ce collège n’obtiendra pas de contrat d’association lui. Aujourd’hui lycée et collège totalise plus de 800 élèves. Le projet éducatif fait d’ailleurs références « aux valeurs universelles musulmanes », même si à tout bout de champ, les promoteurs répètent en boucle la défense des sacro-saintes valeurs de la « république ».
En tout cas, dès que la décision va être rendue, de nombreux recours vont être exercés comme l’ont déjà annoncé les responsables de l’association Averroès. Affaire à suivre.
Michel Festivi