Les chiffres 2023 des ventes au numéro, chez les marchands de journaux, de la presse annoncent sans surprise un bilan très négatif. Tous titres confondus, toutes périodicités confondues, ils enregistrent un nouveau recul du nombre d’exemplaires mis en place et un nouveau recul du volume de ces exemplaires vendus. Selon les régions, la baisse des ventes varie entre 8 et 11%, l’île de France se situant à -10%, soit dans le haut de la fourchette des chutes de ventes.
La vente des quotidiens nationaux (Le Figaro, Le Monde, Le Parisien, Les Echos, L’Humanité, La Croix, La Tribune, Libération, pour l’essentiel) sont à -12%. Et 51% des exemplaires mis en place finissent au pilon. Pour les hebdomadaires, le chiffre est un peu moins catastrophique : des ventes à -9%, et un pourcentage d’invendus à 42%. Pour leur part, les mensuels n’enregistrent « que » 8% de baisse des ventes, mais les invendus représentent 64% des journaux mis en place. Les données sont à peu près les mêmes pour les revues trimestrielles.
Quelles leçons tirer de ces chiffres ? L’information papier continue donc à reculer, et le recul s’établit sur une moyenne de 10% par an. Ce mouvement semble irréversible.
Nous aurons prochainement un bilan définitif 2023, et surtout le détail par titre, ce qui est toujours intéressant. Cela nous donnera les réponses à quelques questions qui taraudent leurs rédactions. Par exemple qui du Figaro ou du Monde arrive en tête des ventes ? Libération a-t-il tiré profit de ses campagnes souvent délirantes sur « l’extrême droite » ou bien la déliquescence de la gauche, et en particulier de LFI, décourage-t-elle un lectorat qui est gauchiste et militant ? Ou encore : à quel niveau d’invendus La Croix sera-t-il condamné à disparaitre ? Parmi les hebdos, qui de La Tribune Dimanche ou du JDD va gagner le match sur le lectorat du dimanche ? Pour l’heure La Tribune met le paquet en distribuant des volumes énormes de journaux, mais le dimanche soir force est de constater que les piles sont encore conséquentes chez les marchands de journaux. Mauvais réglage de la distribution ? Recherche d’un effet visuel sur l’importance supposée du titre ? Ou échec du lancement de ce concurrent situé à gauche du JDD ?
Pour les mensuels, les trimestriels, les hors-séries et les numéros spéciaux, on a vu que le recul est moindre, mais les invendus représentent donc les deux tiers du papier mis en place. Or le prix du papier, à nouveau à la hausse, peut laisser craindre que ces revues, ces mooks, ne gagnent pas d’argent.
Les publications militantes, qui ne passent pas par les ventes en kiosques ne semblent guère mieux loties : la revue Militant vient d’annoncer sa disparition, faute de lecteurs. C’est une revue qui comptait une soixantaine d’années d’existence.
Ces revues sont victimes de la concurrence de l’information, gratuite ou presque, sur la toile, mais aussi de l’augmentation dramatique des frais postaux, comme le constate tout un chacun à son bureau de poste.
Raison de plus pour soutenir celles de ces publications qui se battent pour maintenir un lien de qualité avec leurs lecteurs : Lectures françaises, par exemple, qui vient de dépasser le cap des 800 numéros, soit 800 mois de parution. C’est une sorte de record, car ce type de revue, où le bénévolat a une large place, tient souvent par la volonté d’un seul homme ou d’une équipe réduite. Et la revue disparait quand une génération disparait. Citons aussi l’excellente revue Synthèse nationale, dirigée par Roland Hélie. Son 65e numéro comporte un très bon dossier signé Michel Festivi sur le 50e anniversaire de L’Archipel du goulag, le maître livre d’Alexandre Soljenitsyne. La revue littéraire Livr’arbitres met elle aussi à l’honneur Alexandre Soljenitsyne, consacrant vingt pages à cet écrivain majeur du XXe siècle. Un autre dossier met les projecteurs sur l’écrivain monarchiste Pierre Boutang, un troisième dossier traite de la littérature d’hier et d’aujourd’hui en Champagne-Ardennes. On y rencontre Gaston Bachelard et André Dhôtel, et Rimbaud, bien entendu. Livr’arbitres est décidément la meilleure revue littéraire actuelle. Quelle équipe rédactionnelle ! Bravo à Patrick Wagner, son fondateur. Et quel plaisir de retrouver chaque trimestre les signatures de beaucoup parmi les nouveaux talents de la droite littéraire.
Agathon
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