Trinité

La solennité de la très Sainte Trinité

L’année liturgique est conçue de façon à ce que le catholique assidu à la messe puisse embrasser toute la vie du Christ et tous les aspects de la nature de Dieu dans l’espace d’un an. Après la Pentecôte, la liturgie se concentre sur la lente maturation des fruits de la Rédemption. Pour cela, elle s’emploie à rappeler les vérités chrétiennes. Le premier dimanche suivant la Pentecôte, c’est la Sainte Trinité qui est célébrée par l’Eglise.

Le fondement de cette doctrine peut être trouvé dans le Symbole du premier concile de Constantinople, en 381. Sur le plan historique, cette fête est célébrée dans le diocèse de Liège dès le Xe siècle. Ordonné archevêque de Canterbury le dimanche suivant la Pentecôte, Thomas Becket souhaita que le jour de sa consécration devienne une nouvelle fête en l’honneur de la Sainte Trinité. Ce vœu fut ensuite étendu à toute la chrétienté, c’est-à-dire à toute l’Europe et à une partie de la Terre Sainte, et la fête était généralisée au XIVe siècle.

La messe du dimanche suivant la Pentecôte contient de nombreux textes qui célèbrent la gloire de la Sainte Trinité, qui est le premier mystère – au sens chrétien du terme – de la foi catholique qui rappelle que Dieu est un, mais en trois Personnes. Cette révélation repose sur le discours du Christ à ses apôtres, comme le relate Saint-Mathieu : « En ce temps-là, Jésus dit à ses disciples : toute puissance m’a été donnée au ciel et sur la terre. Allez donc, enseignez toutes les nations, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit, et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. »

Sur le plan dogmatique, l’Eglise pose que le Père se servit du peuple hébreu pour préparer la rédemption du monde, que le Fils prit la nature humaine et en fit l’instrument de notre rédemption, et enfin que le règne du Saint-Esprit s’étend à toute l’Eglise pour mettre en valeur la rédemption jusqu’à la fin du monde.

Comme tout mystère, le mystère de la Sainte Trinité n’est pas compréhensible à l’homme. Dans la Somme Théologique, Saint-Thomas d’Aquin pose que les trois personnes sont chacune le même esprit qui est Dieu, et que le Père, sans avoir de principe, engendre le fils et de qui procède le Saint-Esprit. Les trois Personnes sont distinctes entre elles, mais ne sont pas distinctes de Dieu lui-même. Conscient de l’impossibilité d’expliquer ce mystère, Saint-Thomas d’Aquin rappelle que c’est par la foi que les hommes doivent savoir qu’il y a trois Personnes en Dieu, et que la raison seule ne pourrait déduire qu’il y a trois Personnes en Dieu, ni le comprendre. En fait, la définition de Dieu s’applique à chacune des trois Personnes, puisqu’elles ont la même nature, mais les hommes ne peuvent comprendre comment cela se fait.

Incompréhensible à notre raison limitée, la Sainte Trinité est pourtant omniprésente dans la vie du chrétien. Ainsi, tous tracent régulièrement sur leur corps le signe de la Croix en prononçant les paroles : « Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit », proclamant leur foi au mystère de la Sainte Trinité.

Et ce mystère permet aux croyants de comprendre tout le christianisme. Il part de l’idée de Dieu, pur esprit, pour arriver à Jésus-Christ, Dieu fait homme, puis au Saint-Esprit, inspirateur de l’Eglise. Et c’est parce qu’il a été révélé aux hommes par Dieu lui-même que le mystère de la Sainte-Trinité, bien qu’incompréhensible à notre intelligence, constitue le premier mystère du christianisme et le principal fondement de notre foi.

André Murawski

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