Benoit

Les lectures de Madeleine Cruz : Pierre Benoit, Ciboure, le Liban

Quand je rends visite à ma vieille amie Marie-Ange, qui habite Ciboure, petite ville située entre Saint-Jean-de-Lutz et la frontière espagnole, je ne manque jamais d’aller faire un tour au cimetière. Il est à flanc de colline et s’étend jusqu’aux digues du port. C’est une sorte de petit pèlerinage que je fais ainsi sur la tombe de Pierre Benoit.

Mais vous allez voir à quel point on peut être trahi par sa mémoire : à chaque fois, j’ai du mal à retrouver cette tombe. Dans mes souvenirs, elle était sur la gauche, en remontant du port, vers le haut du cimetière. C’est donc là que je l’ai cherchée, le mois dernier. En fait elle est à l’exact opposé : contre le mur de droite. C’est dire la fragilité des témoignages !

Pierre Benoit est mort en 1962 à Ciboure, dans sa villa « Allegria », qui était située chemin d’Achotarreta. Elle a changé de nom, malheureusement.

Le numéro 33 des « Cahiers des amis de Pierre Benoit » (juin 2024) publie une photo de l’AFP datée du 4 mars 1962, où l’on voit Pierre Benoit sur son lit de mort, veillé par une infirmière. Ce numéro de l’association qui travaille à la mémoire de l’auteur de La Châtelaine du Liban ferait aussi bien de veiller à la restauration de ma propre mémoire ! Ainsi à chaque séjour à Ciboure, je lis par principe un roman de Pierre Benoit.

Mais trêve de plaisanterie, revenons à Pierre Benoit, et à ce cahier 2024 (près de 300 pages) qui est largement consacré à l’accueil que firent les critiques à son roman La châtelaine du Liban. L’intrigue était assez simple, un peu « fleur bleue » : un jeune officier français en poste au Liban est sur le point de communiquer des secrets militaires, pour les beaux yeux d’une « créature », la comtesse Orlof. Je ne vous en dirai pas plus, mais comme toujours chez Benoit, nous avons du sentiment et du dépaysement. Une lecture de vacances parfaite.

Le dossier de l’association montre que l’accueil de la critique, en 1924, avait été assez mitigé : intrigue jugée banale, absence de coups de théâtre : « le nouveau roman de Pierre Benoit est une boite à surprise dont on a enlevé la surprise » (Les Annales, 5 octobre 1924). Je trouve ces critiques un peu dures, et j’avoue avoir pris du plaisir à lire ce roman. Je ne dois pas être la seule car le livre, paru il y a donc cent ans, très exactement, est constamment réédité. Le dépaysement est au rendez-vous, surtout pour ceux qui connaissent le Liban d’aujourd’hui : en le lisant, on se dit que c’était le bon temps !

De Pierre Benoit à Maurice Ravel

L’autre grand homme de Ciboure, c’est Maurice Ravel. On peut visiter sa maison. Il n’a pas la chance d’être enterré à Ciboure, lui, mais à Levallois-Perret, ce qui est nettement moins romantique. Etes-vous allés voir le film Bolero, d’Anne Fontaine, avec Rapaël Personnaz dans le rôle du compositeur ? Il est sorti cette année. Franchement j’ai bien aimé.

Benoit et Ravel se fréquentaient-ils, à Ciboure ? Je n’ai pas le souvenir d’avoir lu quelque chose à ce propos. Mais ils se sont forcément croisés. Peut-être des lecteurs plus érudits que moi sur la question pourront-ils éclairer ma lanterne ?

Madeleine Cruz

Association des Amis de Pierre Benoit chez M. Vialatte, 4 place de la République 46500 GRAMAT

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