Je viens de voir en avant-première (le film sera dans les salles à partir du 2 octobre) le film de François Ozon, Quand vient l’automne, au cinéma « Le Gulf stream » de La Baule. Il pleuvotait, la salle était archi-pleine. Avec ma copine Isabelle-Marie, nous avons failli ne pas pouvoir rentrer. Ça s’est joué à une place près !
François Ozon est un réalisateur qui m’inspire une certaine méfiance, à cause de son film Grâce à Dieu, une charge contre Monseigneur Philippe Barbarin à propos des affaires de pédophilie. Pour faire simple et schématique, il avait été reproché à cet évêque (et même archevêque) d’avoir sous-estimé ce risque dans son diocèse. Présent avait à l’époque traité avec intelligence cette question délicate et horrible, pour les victimes, bien entendu, mais pour l’Eglise et l’ensemble des Chrétiens aussi.
Le même François Ozon avait réalisé un biopic consacré à l’abbé Pierre, véritable panégyrique d’un personnage qui avait pourtant passablement manqué de charité pendant l’épuration de 44. Or on, sait aujourd’hui que l’abbé Pierre était par ailleurs un très sale type, … et que tout le monde était plus ou moins au courant. Mais il ne fallait pas désespérer le Billancourt démocrate-chrétien.
Je n’avais donc absolument pas l’intention d’aller voir ce film. Toutefois dans Le Figaro Magazine du 27 septembre, le critique Jean-Christophe Buisson, dont je me fie aux jugements, qui sont toujours pertinents, disait du bien de ce Quand vient l’automne.
Je dois reconnaître qu’il avait raison et que ce film est une merveille de subtilité, tournée dans des paysages mélancoliques mais chatoyants (la Nièvre en automne), avec des acteurs qui jouent de façon époustouflante.
L’histoire mélange un peu deux genres : le film à suspens de nature policière façon Chabrol (mais en réussi) et la chronique d’une famille, façon Pascal Thomas, le Pascal Thomas de Confidence pour confidence (1979), qui est l’un des meilleurs films de ce réalisateur, dont j’adore aussi la trilogie des Agatha Christie (Mon petit doigt m’a dit etc.).
Vous raconter Quand vient l’automne ? Impossible ! Il faut le déguster en en sachant le moins possible. Sinon la magie risque de s’estomper. Sachez néanmoins que les premières images nous conduisent dans une église, où un abbé noir (nous sommes à présent réévangélisés par des prêtres venus par exemple du Bénin, qui font un travail formidable curieux retournement de l’Histoire de l’Eglise !), un abbé noir, donc, qui fait un sermon très émouvant à propos de Marie Madeleine oignant les pieds de Jésus. C’est seulement au milieu du film qu’on comprendra le rapport entre ce sermon et l’intrigue.
Mon amie Isabelle-Marie ne l’avait pas fait, sur le coup. Mais elle a reconnu que ce lien est évident.
L’histoire d’une rédemption et même de plusieurs rédemptions
Que dire encore du film ? Les acteurs sont sensationnels, mais ça je vous l’ai déjà dit. Le personnage principal, Michèle, et son amie Marie-Claude ont 80 ans environ, dans le film, mais c’est également l’âge des deux actrices, dont Josiane Balasko, que je détestais jusqu’à ce jour, à cause de quelques cochonneries de films (Je pense à Gazon maudit, par exemple).
J’ai aussi trouvé criant de vérité Vincent, le fils de Marie-Claude, dans le film, un gaillard assez crétin pour se laisser embringuer dans n’importe quelle affaire crapuleuse, et qui purge une peine de prison au début de l’histoire. Jean-Christophe Buisson parle d’un excellent choix d’acteurs et d’une magnifique direction d’acteurs. C’est exactement cela.
Vous l’avez compris : ce film ; je ne peux que vous le conseiller. Pas une seul saloperie, pas une seule complaisance, dans les mots ou dans les images. C’est tellement rare, de nos jours, au cinéma. Mais bien plus que cela, c’est un film que j’oserais qualifier de chrétien. C’est – à l’intérieur d’une intrigue familiale et policière – l’histoire d’une rédemption, et même de plusieurs rédemptions. Un film qui fait réfléchir sur la notion de pardon. « Mon fils, il veut faire du bien, mais il le fait mal », dit Marie-Claude à un moment donné. A quoi Michèle lui répond : « L’important, c’est qu’il veut faire du bien ».
Commencé à la messe, le film se termine (presque), dans la même église, par une autre messe. Mais je ne vous en dirai pas plus. Courez le voir, si pleurer au cinéma ne vous fait pas peur.
Madeleine Cruz
J’ai suivi à la lettre les recommandations de Madeleine Cruz. Très beau film, à voir. J’en profite pour indiquer la sortie actuellement d’un autre film qui dénonce le totalitarisme de la théocratie des mollahs iraniens, les graines du figuier sauvage sous le couvert de l’histoire d’une famille de Téhéran. A voir absolument, film à mettre devant les yeux de tous nos lfistes.