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Liban : la Finul en première ligne ?

Les titres de la presse ne font pas dans le détail. « Guerres au Proche-Orient : La FINUL dénonce un nouveau tir de char israélien sur une de ses positions, compromettant sérieusement sa mission de maintien de la paix dans la région. » Dans un communiqué publié mercredi, la FINUL affirme que deux caméras ont été détruites et le mirador endommagé dans l’attaque d’un char Merkava israélien contre ledit mirador près de la ville de Kfar Kela au sud Liban, « mettant en danger les Casques bleus présents sur place. »

Quelques jours auparavant, deux chars Merkava avaient pénétré de force dans une position de la FINUL, détruisant le portail principal et exigeant l’extinction des lumières. Les tirs auraient été accompagnés d’un dégagement de fumée toxique causant des irritations cutanées et des réactions gastro-intestinales chez 15 Casques bleus. Enfin, un autre soldat de la paix a été blessé par balle au quartier général de Naqoura, tandis que d’autres bâtiments à Ramyah subissaient d’importants dommages dus à des tirs d’artillerie à proximité. La communauté internationale s’est insurgée comme un seul homme, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qualifiant ces actes d’  « intolérables », tandis que la France convoquait immédiatement l’ambassadeur d’Israël pour exprimer sa « forte préoccupation », et enfin que 34 États contributeurs de la FINUL signaient dans la foulée une lettre condamnant fermement ces attaques. Enfin, le porte-parole de la FINUL a rappelé que toute attaque délibérée contre des soldats de la paix et toute intrusion dans une position de l’ONU constituent de graves violations du droit international. Or, si en soi ces protestations sont légitimes, on peut aussi légitimement se demander pour quelles raisons la même communauté internationale et le même secrétariat général de l’ONU sont demeures extrêmement mesurés lors des innombrables agressions orchestrées par le Hezbollah contre des patrouilles de soldats de la paix depuis plus de 20 ans, la dernière datant du 14 décembre 2022 lorsque deux véhicules de l’ONU faisant route vers Beyrouth ont été séparés puis criblés de balles en plein hezbollahland, un jeune soldat irlandais trouvant la mort et trois autres étant gravement blessés dans cette attaque. Antonio Guterres s’était alors déclaré «  profondément attristé ». Le premier ministre irlandais, Michael Martin, avait quant à lui jugé « plus prudent d’attendre une enquête plus complète ». Enfin, le Premier ministre libanais, N. Mikati, avait souligné la nécessité de mener les investigations nécessaires pour déterminer les circonstances de l’incident ». Naturellement, aucun des « locaux » formellement reconnus lors de l’embuscade n’a jamais été inquiété et la maman de ce soldat de la paix de 22 ans a dû s’interroger en réceptionnant le cercueil de son fils le jour de Noël sur le bien-fondé de son sacrifice.

Ce lundi, les premiers ministres de l’Italie, de l’Allemagne, de la France et de la Grande Bretagne se sont fendus d’une déclaration appelant Israël et toutes les « parties » à assurer la sécurité du personnel de la FINUL et de leur permettre de mener à bien leur mission de « stabilisation ». Or, la mission première de la FINUL depuis la trêve entre le Liban et Israël suite à la guerre de l’été 2006 consiste essentiellement à superviser l’application des Résolutions 1559 et 1701 du Conseil de Sécurité, qui exige le désarmement du Hezbollah pour la première et le retrait de ce dernier au-delà du fleuve Litani pour la seconde. Evidemment, ces résolutions n’ont jamais été appliquées, la FINUL n’étant strictement tolérée par le Hezbollah dans ces 850 km2 que dans un rôle d’observation et d’actions à caractère humanitaire. Bien plus, le Hezbollah a mis a profit ces 18 ans pour perfectionner et développer son infrastructure militaire au nez et à la barbe de la Force de maintien de la Paix, installant des dépôts d’armes et de munitions parfois à quelques dizaines de mètres des postes officiels d’observation des Casques bleus comme le montrent les dizaines de photos et vidéos publiées chaque jour par les Forces de Défense Israéliennes depuis le début de leur opération terrestre au Liban Sud et confirmées par une visite détaillée des lieux avec la presse internationale il y a quelques jours. Lors d’une journée « presse » organisée au camp du Contingent français et finlandais de la Finul à Deir Kifa en décembre 2017, alors que nous faisions un tour du camp dans un véhicule blindé, j’ai moi-même constaté l’omniprésence , tout autour du camp et le long de sa principale voie d’accès, de centaines de drapeaux de la milice chiite visant à montrer aux visiteurs et aux militaires bleus qu’ils ne sont que tolérés dans la zone. Il m’a été fermement demandé de m’abstenir de prendre des photos de ces drapeaux…

La Finul a été créée en 1978 suite à l’intervention de Tsahal au sud Liban pour en expulser les bataillons de l’OLP. Sa mission était de s’assurer du retrait de l’armée israélienne et d’aider le gouvernement libanais à restaurer son autorité dans la région. Apres 2006 et l’adoption de la résolution 1701, la FINUL devait également assurer la démilitarisation des milices iraniennes et palestiniennes au Liban sud.

Israël ne s’est jamais attendu à ce que cette mission essentielle pour sa sécurité soit exécutée par la force mais Tel-Aviv pensait que la FINUL pourrait au moins fournir des rapports détaillés au Conseil de Sécurité concernant le projet iranien de transformer la région en une base avancée pour une éventuelle attaque contre le nord d’Israël. En dépit du fait que les travaux de fortifications et de stockage d’énormes quantités d’armes et de munitions au sein des villages du sud- au grand dam des habitants, notamment dans les villages chrétiens- soient parfaitement documentés, y compris par le Hezbollah lui-même, dans un rapport adressé à l’ONU en 2017, le commandant irlandais de la FINUL de l’époque, le major général Michael Beary écrit : « Je n’ai pas de preuve, ni même d’indication, concernant des transfert d’armes dans ma zone d’opération. Nous sommes très actifs dans toute la région et s’il y avait une seule cache d’armes, je le saurais. » Antonio Guterres avait alors apporté son soutien à Beary et affirmé que l’ONU ne pouvait en aucun cas confirmer les accusations d’Israël concernant le développement de l’infrastructure de guerre du Hezbollah au Liban sud. C’est le même Guterres qui vient de rejeter la demande du Cabinet de guerre israélien de faire évacuer les positions de la FINUL qui se trouvent en zone immédiate de combat afin que les troupes étrangères ne servent pas de facto de bouclier humain au Hezbollah.

Charbel Bou Haddad

Un commentaire

  1. Article clair, précis, documenté qui démontre que l’ONU par finul interposée, n’a de cesse de soutenir le Hezbollah et ne remplit même pas son rôle essentiel qui est de faire respecter les décisions onusiennes. Faisons des économies, retirons nous de cet organisme gangrené et arrêtons de déverser des fonds à un pays qui, hélas n’existe plus, tant du moins qu’il ne se sera pas débarrassé de ces milices chiites Iraniennes qui l’occupent.

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