(de notre correspondant à Nice)
À Nice, l’amphithéâtre du Centre universitaire méditerranéen fondé en 1933 et inauguré en 1935 était depuis lors dédié à Anatole de Monzie 1876-1947) qui, ministre de l’Instruction publique, avait beaucoup œuvré à la réalisation de ce Centre ardemment souhaité par le maire Jean Médecin (1890-1960) sous le parrainage de Paul Valéry qui voulait en faire un « petit Collège de France méditerranéen ».
Mais, non content d’avoir en 1940 voté les pleins pouvoirs constituants au maréchal Pétain dans l’espoir de « sauver ce qui pouvait être sauvé », Monzie présida pendant toute l’Occupation le conseil d’administration du Conservatoire national des Arts et métiers et, pis encore, collabora à la Revue de la pensée socialiste proche du collaborationniste Marcel Déat, ce qui lui valut d’être mis à l’index à la Libération par le Comité national des Écrivains — largement dominé par les communistes. Les élus écologistes (3 sur 69 conseillers municipaux) à la mairie de Nice ayant découvert, très tardivement, ce passé sulfureux et mis en demeure l’actuel maire Christian Estrosi de faire cesser ce scandale, l’amphithéâtre a donc été débaptisé (1) fissa. Depuis début mai, il porte le nom d’Albert Camus, « un homme juste » qui, lui, « ne se trompa jamais de combat » et dénonça « les crimes de tous les totalitarismes ».
Si l’on peut se réjouir de l’honneur fait à l’écrivain « pied-noir », Prix Nobel de littérature en 1957, on peut redouter que d’autres vigilants ne découvrent un jour des accrocs dans la cuirasse humaniste d’Albert Camus. En cette même année 1957, il confiait en effet dans une lettre à son ami Jean Grenier, également philosophe et écrivain, l’angoisse que lui causait le brutal déséquilibre démographique en marche : « À longue échéance, tous les continents (jaune, noir et bistre) basculeront sur la vieille Europe. Ils sont des centaines et des centaines de millions. Ils ont faim et ils n’ont pas peur de mourir. Nous, nous ne savons plus ni mourir, ni tuer. Il faudrait prêcher, mais l’Europe ne croit à rien. […] Pour moi, je trouve de plus en plus dur de vivre devant un mur. »
En somme, soixante ans avant Renaud Camus, la hantise d’Albert Camus était le Grand Remplacement. Voilà qui, pour tous les immigrophiles, constitue un crime inexpiable, qu’on lui fera payer un jour ou l’autre.
Stéphane Galet
- En 2021, c’est le lycée qui avait été dédié à Monzie dans sa ville natale de Bazas (Gironde) qui était devenu le lycée Gisèle Halimi. Coïncidence, Nicolas Bedos, filleul de la défunte avocate et activiste tunisienne, vient de révéler que, tout jeune adolescent, sa marraine l’emmenait voir des films érotiques et lui faisait lire Sade et Georges Bataille. Un patronage bien trouvé pour des lycéens.
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