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Du côté des « maudits »

De Marie Chaix, née Beugras d’un père lieutenant de Jacques Doriot et auteur en 1974 des Lauriers du lac de Constance, à l’ancien rédacteur en chef de Libération Philippe Douroux, fils de Waffen SS et dont le livre Un père ordinaire est encensé depuis mars dernier par tous les médias, de La Croix à Vanity Fair, on ne compte plus les enfants de « maudits » de la Seconde Guerre mondiale crachant sur leur géniteur et détaillant leurs ignominies.

Mais, dans la famille Masselin, on ne mange pas de ce pain-là : c’est le fils Gérard qui a revu, annoté la présente édition du journal de bord — à l’origine signé Jacques Auvray — de son père Jacques, et le petit-fils qui a réalisé le dessin de couverture des Derniers Grognards*.

Les derniers, en effet, puisque, malgré l’opposition de sa famille, Jacques Masselin rejoignit la Franc-Garde de la Milice en 1944, après le débarquement allié en Normandie, et que son « affectation à la Waffen SS a rigoureusement coïncidé avec [son] dix-huitième anniversaire ». Autrement dit quand les carottes étaient cuites et que, devant l’Armée rouge fonçant vers la Poméranie orientale à bord de camions américains flambant neufs, les replis désordonnés allaient succéder aux retraites dans la faim, la soif, la pouillerie, le manque d’armement et d’équipement, les marches forcées malgré l’épuisement et les attaques de dysenterie sans parler des grincements entre vétérans de la LVF et nouveaux enrôlés de la Charlemagne comme entre commandants français et allemand. Avant que les débris de l’unité ne se retrouvent, dépouillés de tout — montres, tabac ou photos de la fiancée —, prisonniers de Soviétiques généralement sadiques dans des camps de prisonniers. Celui de Rada en l’occurrence, non loin du sinistre camp de Tambov, véritable mouroir.

Jacques Masselin, dont la mère fut tondue à la Libération, était-il, comme il se le demande, un « fanatique » ou un « idéaliste » ? En tout cas, malgré la condamnation dont il écopa en France après son rapatriement, sa descendance ne l’a pas renié, au contraire. Dans sa préface à ce livre remarquablement écrit si l’on pense que son auteur venait d’un milieu très modeste, Gérard Masselin écrit : « Il ne fait aucun doute que le monde d’aujourd’hui est bel et bien celui des vainqueurs d’alors et des pseudo-valeurs imposées par eux à grand renfort de bombes démocratiques. »

Camille Galic

*Les Derniers Grognards, éd. du Paillon, 228 pages avec photos, poèmes de l’auteur et documents, 20 €. En vente sur www.europa-diffusion.com

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