Bernanos

Apparitions mariales, tombe de Bernanos : à Pellevoisin, « Les fachos sont partout »

Depuis l’an dernier les quinze apparitions de la Vierge à Pellevoisin (Indre) sont désormais reconnues par l’Eglise. La « cléricalisation » du village déplait à quelques pisse-vinaigres genre union rationaliste. En outre c’est ici qu’est enterré Georges Bernanos. Aussi quand des jeunes gens de passage, habillés en scouts – horresco referens – viennent se recueillir sur sa tombe, quelques beaux esprits s’indignent localement de la « fascisation de l’espace public »

L’an dernier le bourg berrichon de Pellevoisin (850 habitants) est devenu « village marial ». L’Eglise a en effet reconnu de façon officielle les quinze apparitions mariales de la jeune domestique Estelle Faguette, et sa guérison miraculeuse. Il y avait eu en 1830 les apparitions à la chapelle de la rue du Bac à Paris, celles de La Salette en 1846, de Lourdes en 1858, de Pontmain en 1871. Et dorénavant celles de 1876 à Pellevoisin. Les anticléricaux locaux n’ont évidemment pas salué l’évènement. Ils y voient le signe d’une « crispation intégriste » de l’Eglise. Mais la perspective de voir bientôt débouler des « hordes » de pèlerin réjouit plutôt la région. Et le maire, dans une formule assez triviale, espère bien « transformer les pèlerins en touristes ».

Pellevoisin, c’était 20000 visiteurs par an. Ces derniers mois le nombre de pèlerins avait progressé de 20%, et à la préfecture, de Châteauroux l’hypothèse d’une véritable explosion du tourisme religieux dans la région n’est pas exclue. Les sites mariaux attirent jusqu’à 400 000 visiteurs par an. Pourquoi en serait-il autrement ici ? espèrent les habitants.

Déjà de gros chantiers sont en cours pour rénover les lieux et développer des structures d’accueil : hôtellerie, restaurants, gîtes pour pèlerins, commerce religieux. La dynamique ainsi créée a fait taire les quelques grincheux, peu désireux de se mettre à dos la quasi-totalité des habitants de la région, croyants et non croyants réunis.

Bernanos et sa mère

Mais l’extrême gauche locale a trouvé un nouveau cheval de bataille : elle développe actuellement une campagne contre… Bernanos ! Né à Paris en, 1888, l’auteur de La grande peur des Bien-Pensants a été enterré à Pellevoisin. Sa tombe, qui est une tombe familiale, est près de l’église, dans l’allée centrale, un peu sur la droite, dans mes souvenirs. La mère de Bernanos était originaire de Pellevoin et liée à la voyante Estelle Faguette, car elles travaillaient toutes les deux au château de Montbel, à Pellevoisin. Jamais jusqu’à ces derniers mois la présence de la tombe de Bernanos n’avait soulevé de polémiques. En 1993 La Nouvelle République publiait par exemple un article, signé de Laurent Pinot, faisant l’apologie des « riches heures de Pellevoisin », sans oublier Bernanos. Le fils de Bernanos, Jean-Loup, a régulièrement commémoré la mémoire de son père, sans une once de réserves de quelque horizon que ce soit.

C’est en 2018 que des protestations contre Bernanos auraient été enregistrées localement, pour la première fois : 130 ans après sa naissance ! 70 ans après sa mort ! Wokisme, quand tu nous tiens…A croire que la gauche n’a plus que ce genre de combat à mener.

Bernanos sujet de controverse ?

Est-ce sous l’influence du black bloc ultraviolent et prétendument antifasciste Antonin Bernanos, que s’est constituée et développée cette campagne contre Georges Bernanos, son arrière-grand-père ? « Les fachos sont partout », nous expliquent doctement les Black Blocs, et autres ACAB, qui n’ont aucune idée de ce qu’était le fascisme, et qui n’ont jamais entendu parler du stalinisme ou du polpotisme.

La Nouvelle République du 15 juillet contribue de façon soft à relayer cette campagne. Le quotidien socialiste et monopolistique local nous apprend par exemple, en gros titre, que « l’écrivain [Bernanos] demeure un sujet de controverse ». Le maire de Pellevoisin témoigne certes avoir été interpellé par des extrémistes de gauche sur le thème : « Pourquoi vous réhabilitez ce facho ? » Mais il précise aussi que ses contradicteurs n’avaient visiblement jamais lu une ligne de Bernanos. La classique inculture LFI sans complexe, façon Delogu…

Le Dialogue de carmélites suffisait sans doute à leurs yeux pour faire de Bernanos un factieux contre-révolutionnaire d’extrême droite. Mais Antonin Bernanos passera (il est déjà passé, en fait), Georges Bernanos restera, évidemment.

Francis Bergeron

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