Céline

Avec Brami et Correa: voyage au bout de Céline

Je ne regrette vraiment pas mon inscription à la Société des Lecteurs de Céline : cela donne droit, très régulièrement, à un petit ouvrage célinien à tirage limité, en l’occurrence 300 exemplaires numérotés pour cette sixième plaquette : Comment le docteur Destouches a fait de moi un boiteux.

Pourquoi Emile Brami se considère-t-il comme boiteux, par la faute de Céline ? Il l’explique dans son texte. En gros, Brami marche avec un caillou dans la chaussure, depuis qu’il a découvert Céline : il ne renie Céline en rien, mais ne se renie pas lui-même pour autant, d’où cette claudication permanente. Nous sommes nombreux à claudiquer avec lui, en marchant derrière Céline ou à côté de lui. Bien d’autres écrivains, dans notre Panthéon littéraire, nous font ainsi claudiquer. Je pense par exemple à Jack London, même si le caillou est cette fois dans la chaussure gauche.

Céline par Hergé

Emile Brami, je l’ai découvert non par Céline, mais par Hergé. Son essai : Céline, Hergé et l’affaire Haddock m’avait intrigué. Je n’adhère pas totalement à sa thèse, mais pourquoi pas ? Tout ce qui valorise Céline ou Hergé me va.

Par ailleurs cela fait longtemps que j’admire le talent de José Corréa. Pour le coup ce sont ses illustrations dans des revues céliniennes qui m’ont fait connaitre et apprécier cet artiste, dont le trait rappelle un peu Georges Mathieu et davantage encore Raymond Moretti. J’ai immédiatement flashé sur ce dessinateur et aquarelliste, dont je ne sais rien d’autre que ce que je découvre dans les bulletins céliniens et aussi sur internet, bien entendu.

« Pauvre France ! », entend-t-on parfois quand il s’agit de critiquer le monde culturel d’aujourd’hui. Peut-être, mais Moretti, Corréa, et aussi Terpant, ou René Follet etc. Pourquoi ne pas soutenir alors ceux qui correspondent à notre propre sensibilité, à nos goûts, et que les meilleurs gagnent ?

La Société des Lecteurs de Céline a joint à l’envoi de son petit ouvrage une carte postale célinienne signée de José Corréa, un petit bijou comme on aimerait en trouver aux tourniquets de cartes postales des marchands de journaux de Clichy, de Meudon, de Montmartre, ou du passage Choiseul (s’il existe encore des marchands de journaux dans ces coins-là),

Le duo Brami – Correa fonctionne à merveille et fait de ce sixième fascicule de la collection « Raretés et inédits » une délicieuse petite pépite que l’on croque sans bouder son plaisir. Continuez, les aminches (comme n’aurait pas dit Céline, car l’écriture célinienne, ce n’est pas de l’argot, m’avait bien expliqué, il y a très longtemps, Marc Laudelout. C’est autre chose, c’est Céline)!

Francis Bergeron

Comment le docteur Destouches a fait de moi un boiteux, par Emile Brami, illustration de José Corréa, Société des Lecteurs de Céline, 1 bis hameau de Tanqueue 78410 La Falaise, juin 2025.

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