Dans son allocution du 13 juillet le président Macron a déclaré, avec une grave solennité, que la Russie représentait désormais une menace sur la « Liberté », comme nous n’en avions pas connue depuis 1945…
L’outrance du propos dessert le sérieux du chef de l’État, car enfin la Liberté – même dans son abstraction qu’induit l’emploi générique au singulier – a été bien plus menacée au temps de la Guerre froide, avec Staline puis ses successeurs, comme Khrouchtchev (crise des missiles soviétiques à Cuba en 1962, avec menace d’une conflagration thermonucléaire).
Il n’est pas nécessaire d’agiter des peurs à grands coups de menton pour justifier un redressement des budgets militaires des nations européennes, même si le danger vient plutôt de l’absence de volonté de la plupart des États de l’Union européenne, qui tiennent à demeurer des protectorats américains (cf. achat des avions F 35, toujours sous contrôle américain, aux lieu et place de nos Rafales ou des Saab JAS 39 Gripen suédois).
Rester à la mesure de la menace
N’en déplaise à Emmanuel Macron, la Russie de Poutine a montré ses limites du point de vue militaire, malgré un effort pour se remettre en économie de guerre, comme au temps de l’URSS.
L’armée russe n’est pas parvenue à vaincre l’Ukraine en 2022 et s’est enlisée depuis trois ans et demi. Son aviation n’est même pas en mesure de maîtriser le ciel ukrainien, malgré ses Soukhoï 35, supérieurs en principe, en nombre et en qualité, à tous les appareils de l’aviation de Kiev.
L’ex-armée soviétique est à la peine : il est clair que la Russie n’est pas capable, vis-à-vis de son opinion publique, de mobiliser ses conscrits. Car cette opinion publique russe existe tout de même, malgré le très médiocre niveau des libertés publiques sous Poutine (le sort tragique de Navalny ne solde-t-il pas l’échec posthume de Soljenitsyne ?). N’oublions pas que, lors de la guerre menée par l’URSS en Afghanistan, les manifestations des mères et des femmes des jeunes soldats mobilisés ont été l’une des fissures qui ont permis le délitement de l’Union soviétique.
Les provinces de Donetsk et Lougansk sont les Sudètes de l’anachronique « antinazi » Poutine, même si les populations de ces oblasts ne semblent pas manifester un enthousiasme sans partage pour l’arrivée des frères russes…
Le danger est donc, pour nous Français, des plus limité – même s’il ne faut pas perdre de vue que les fortes colonies russophones sont une préoccupation pour les pays baltes dont l’indépendance recouvrée ne peut pas être ignorée.
Démesure, inculture et médiocrité
Telle est la situation objective. Toutefois, l’imprévisibilité américaine, les outrances passionnelles des dirigeants européens, comme celles des officiels russes (Medvedev, Peskov), sont les seules sources d’inquiétude qui demeurent et ne puissent pas être mises en équation géopolitique… Attention à l’inculture, à la démesure et à la priorité donnée à la communication sur la réflexion. Dans les Tontons flingueurs, Michel Audiard faisait dire à Lino Ventura : « les cons ça ose tout et c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
Non, nous ne sommes plus en 1945 et les Russes ont beau remettre des statues de Staline dans leurs espaces publics, ils ne disposent plus d’une masse de soldats-esclaves. Quant à la France elle aurait dû proposer ses bons offices, comme l’avait laissé entendre le président Macron au début de la guerre d’Ukraine (« ne pas humilier la Russie », propos de saine raison diplomatique).
Maintenant, en ces temps vulgaires, attention aux cons !
Eric Delcroix
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Monsieur Poutine s’est occupé de rendre la liberté et la sécurité aux russophones du bassin du Don en économisant la vie de ses soldats d’où ces trois ans de guerre (et aussi à cause des moyens énormes « occidentaux » fournis au pantin Zézette). Au au contraire en 8 ans, micron s’est occupé à enlever aux Français leur liberté et par dessus le marché leur sécurité ! Beau bilan, n’est-il pas ?