La scène se passe à la gare d’Austerlitz, en septembre dernier. J’attendais mon train pour Châteauroux. Un retard significatif était annoncé (comme d’habitude ou presque !). J’ai sorti de ma sacoche le numéro de juin dernier de Livr’arbitres, dont la couverture était illustrée d’un portrait de Jean Raspail signé de Mario.
Le problème avec Livr’arbitres, c’est que cette revue est tellement copieuse qu’il faut des semaines, voire des mois, pour lire intégralement ses 168 pages trimestrielles. Rien que le portrait de Raspail représentait 45 pages dans le numéro de juin.
Ensuite, on ne peut faire l’impasse sur les entretiens : François Ceresa, Nicolas d’Estienne d’Orves, le grand reporter Régis Le Sommier, François Bousquet, Michel Mourlet et d’autres, dans ce même numéro. Mais on veut tout lire, en fait : l’actualité littéraire, l’actualité bédéphilique,, les chroniques cinématographiques, et jusqu’aux rubriques sur la poésie, même si je n’y suis personnellement guère sensible (à l’exception bien entendu des Poèmes de Fresnes, et des recueils publiés par des amis : Alain Didier ou Jean Rimeize, hier, Louis de Condé ou Jean Hautepierre aujourd’hui). Tout cela pour vous expliquer pourquoi, trois mois après sa parution, je continuais à emporter cette revue lors de mes déplacements, et à la lire ce jour-là dans la salle d’attente de la gare d’Austerlitz.
A côté de moi une dame, le téléphone à l’oreille, se tortillait sur son siège. Etait-ce son appel téléphonique qui lui donnait ce frétillement ? Non, apparemment, tout en discutant avec son interlocuteur, elle essayait de déchiffrer la couverture de Livr’arbitres.
Elle interrompit sa conversation et se tourna vers moi.
- Pardon monsieur, pouvez-vous me prêter votre revue ?
Curieuse demande. Je m’attendais à une leçon de moraline à deux balles sur la xénophobie de l’auteur du Camp des saints. Ou autre réflexion désagréable. Mais pas du tout !
La dame poursuivit en effet :
- J’ai entendu parler de cet écrivain, on m’en a dit beaucoup de bien. Je voudrais prendre les références de votre revue.
Quelques minutes plus tard, ayant découvert de nombreux points de convergence, nous en étions à commenter presque d’une même voix l’actualité politique, littéraire, religieuse, comme deux vieilles copines !
Son train pour Blois était annoncé. Voyant s’éloigner cette nouvelle relation, je me suis demandée :
- S’abonnera-t-elle ?
Qui sait ? En tout cas, l’idée lui a apparemment traversé l’esprit.
Patrick Wagner, le directeur de Livr’arbitres, et son directeur de la rédaction, Xavier Eman, font du bon travail, c’est le moins que l’on puisse dire.
Le numéro de cet automne de Réfléchir & Agir publie précisément un entretien avec Patrick Wagner, ce qui permet d’en savoir un peu plus sur les passions de ce discret éditeur, ses motivations. On apprend ainsi qu’il est d’origine lorraine, de Moselle, très exactement, cette partie de la Lorraine qui redevint allemande de 1871 à 1919.
J’avoue me retrouver pleinement dans la plupart de ses réponses au questionnaire de R&A.
- Le pays (hormis la France) où vous pourriez vivre ?
- L’Italie bien sûr, au bord du lac Majeur…
- Vos héros dans la vraie vie ?
- Jeanne la Pucelle et Bigeard par tropisme (même sans tropisme le choix n’est pas mauvais).
- Le musicien, le chanteur ou le groupe que vous auriez aimé voir ?
- Richard Wagner à Bayreuth (peut-être s’agit-il de l’un de ses ancêtres ?).
- Quelques films qui vous touchent particulièrement ?
Patrick Wagner en cite six, dont La 317e section, Un singe en hiver et Le Feu follet. Nostalgie, quand tu nous tiens !
Dans ce même numéro de R&A, je vous conseille aussi l’excellent et synthétique article de Pierre-Denis Boudriot sur le dessinateur de presse Ralph Soupault, qui illustra notamment les pages de Je suis partout.
Madeleine Cruz
Livr’arbitres n°50, Juin 2025, « Jean Raspail. Le grand jeu. Portrait ». Chez Patrick Wagner, 36 bis rue Balard, 75015 Paris.
Courriel : livr-arbitres@outlook.fr
Abonnement 4 numéros : 50€
Réfléchir & Agir BP 90825 31008 Toulouse cedex 6
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