Le 14 juillet 2022, la France décernait le ruban rouge à la championne de tennis états-unienne Billie Jean King. Bien entendu, c’était moins la sportive émérite, gagnante à Roland-Garros et à Wimbledon, qu’Emmanuel Macron distinguait ainsi (d’ailleurs avec retard puisque King était alors octogénaire) que la militante homosexualiste, mariée avec son ancienne partenaire de double et luttant activement pour les « droits des minorités », raciales et sexuelles. Le cru du 13 juillet 2025 est à l’avenant, honorant plus le renom médiatique que le mérite.
On y trouve ainsi l’actrice Léa Drucker (nièce de l’insubmersible Michel), l’avocat Dupont-Moretti, le patron de la CFDT Laurent Berger, l’ancien calamiteux ministre du Covid Olivier Véran (qui a abandonné la neurologie pour la bien plus rémunératrice chirurgie esthétique, belle preuve de dévouement au bien public) ou l’humoriste Sophia Aram, nullité absolue sauf en matière d’opportunisme. Et, cerise sur le gâteau, Gisèle Pelicot.

Victime mais pas héroïne
« Ces vingt premiers décorés nous montrent que nos concitoyens s’emparent du dispositif qui permet désormais de distinguer chaque année 100 personnes dans la Légion d’honneur », après qu’« au moins cinquante citoyens » ont suggéré le nom du futur récipiendaire, s’est félicité le général François Lecointre, grand chancelier de l’ordre créé par Napoléon 1er — qui doit s’en retourner dans sa tombe.
Après l’énorme retentissement donné au procès de son époux qui, deux décennies durant, l’avait prostituée à une cinquantaine d’inconnus ou d’habitués après lui avoir administré des barbituriques, nul doute que cinquante « électeurs » aient été aisément trouvables. Mais si Mme Pelicot (qui conserve bizarrement son nom marital après tant d’épreuves) est une victime avérée, elle n’est en rien une héroïne, ni même un exemple. Avant d’être violée à répétition et à son insu à domicile, n’avait-elle pas maintes fois, de son propre aveu, accompagné Pélicot — un « mari parfait » selon elle, du moins avant la révélation de ses crimes — dans des soirées échangistes ? Et l’un de ses fils, Florian, ne clame-t-il pas d’ailleurs son désir d’être reconnu par son « véritable père biologique », avec qui Gisèle aurait donc trompé son époux, qui s’en serait cruellement vengé ?
Les véritables héros ne manquent pourtant pas.
Le 13 septembre dernier, un policier hors service se jetait à l’eau près de Pietrosella, en Corse, pour tenter de sauver un septuagénaire qui se noyait, et y perdait la vie. Le 24 janvier, c’est un autre policier, le major Olivier, qui plongeait dans les eaux glacées de l’Isère pour venir en aide à un inconscient — qu’il parvenait à ramener sur le rivage. Le 2 mars à Dunkerque, trois autres policiers agissant eux aussi au péril de leur vie parvenaient à sauver un homme tombé dans l’un des bassins du port.
Ces hommes n’auraient-ils pas mérité (fût-ce à titre posthume pour l’un d’entre eux) la « reconnaissance de la nation » accordée aux dames Drucker, Aram ou Pelicot ?
Saint-Cyrien, parachutiste, issu de l’Infanterie de marine et catholique pratiquant, le général Lecointre est un homme honorable. On s’étonne qu’il entérine des choix aussi indécents. Sans doute l’Ordre de l’Empire britannique est-il également dévalué par trop de titres accordés à des footballeurs (Beckham) ou à des chanteurs (Elton Jones) dont la célébrité doit essentiellement à la vie privée tapageuse et à la faveur des médias. Mais, justement, ce n’est pas une raison pour en rajouter dans la démagogie populacière. Car de promotion en promotion, la Légion d’honneur devient un collecteur d’égouts. A ceci près que le Cloaca Maxima des Romains, lui, était couvert — sur l’ordre d’Auguste qui en avait fait revoir tout l’aménagement voilà plus de deux millénaires.
Claude LORNE