La bonne nouvelle a été annoncée le 25 juillet aux lecteurs du journal communiste L’Humanité par le directeur de ce quotidien en personne, Fabien Gay : « La souscription nous a déjà apporté 520 000 euros, la moitié de l’objectif visé… Nous sommes plus sereins… Mais la mobilisation se poursuit. Urgence. » Pour qu’en septembre, la traditionnelle Fête de L’Huma soit un triomphe.
Pour apprécier pleinement le propos, il faut savoir que, compte tenu de sa diffusion, L’Huma est déjà le journal le plus aidé de France par les pouvoirs publics : 5,1 millions d’euros en 2021, 6,56 millions d’euros en 2023 et nul doute qu’à ce rythme, la subvention frôlera les 8 millions en 2025 malgré les restrictions budgétaires.
A-t-elle donc besoin de lancer en sus une souscription nationale et par quel miracle tant de gens y ont répondu avec une telle générosité alors que le PCF n’est plus que l’ombre de lui-même ?
A la présidentielle de 2022, son secrétaire général Fabien Roussel avait été éliminé dès le premier tour avec seulement 802 000 suffrages, soit 2,28% des voix, alors qu’au second tour, 13,2 millions d’électeurs votaient pour Marine Le Pen, finaliste contre Macron.
13,2 millions ? En théorie, un formidable réservoir de lecteurs pour la presse de conviction. Pourtant, quelques semaines plus tard, le 30 juin 2022, le quotidien Présent, le seul de son espèce en France et peut-être en Europe, était obligé de jeter l’éponge : les lecteurs se faisaient de plus en plus rares et sa trésorerie était à sec car ses positions politiques lui avaient valu quelques années plus tôt le retrait de la subvention accordée (ainsi que divers avantages postaux) aux quotidiens reconnus comme « à faibles ressources publicitaires ».
Présent était-il devenu illisible ? Mais c’était une mine d’informations et de réflexion à côté de L’Huma, feuille d’une pauvreté confondante (1). Les nationaux sont-ils trop pauvres pour s’abonner ou acheter un journal ? Méprisent-ils la presse papier, préférant s’informer auprès de CNews et des réseaux sociaux ?
Non sans mérite, Le Nouveau Présent a pris la relève sur la Toile à l’initiative du très regretté François Wagner, de Xavier Eman et de Francis Bergeron qui ont réussi à reconstituer une équipe de collaborateurs fidèles. Tous les rédacteurs sont bénévoles mais restent les dépenses techniques incompressibles : l’abonnement à un serveur, la tenue du site, l’envoi hebdomadaire de la lettre d’infirmations à tous les visiteurs qui en font la demande. Cela exige une certaine trésorerie. Qui n’est malheureusement pas alimentée.
On comprendra que l’élan de générosité en faveur de L’Huma nous fasse rêver… et suscite chez nous une certaine amertume. Nous ne demandons pas un million comme le camarade Gay, mais quelques milliers d’euros feraient bien notre affaire pour pérenniser Le Nouveau Présent et lui éviter la fin de son illustre prédécesseur. Voter, c’est bien, mais contribuer à faire vivre et répandre ses idées, c’est également essentiel. Sans compter que toute disparition d’un organe — papier ou numérique — de notre camp est une victoire pour ceux dont la raison d’exister est la lutte contre l’« extrême droite » honnie.
La Rédaction
- Le même 25 juillet était publié un interminable reportage sur la prostitution des mineures, sans que soient jamais évoquées l’origine des souteneurs et les causes sociologiques (démission des parents, facilitation du divorce favorisant la multiplication des foyers monoparentaux, déchristianisation, etc.) du phénomène. L’Humanité se bornait à flétrir l’avarice de l’État qui n’emploie pas assez d’éducateurs.
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