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Les banksters* en action : faillites et fraude fiscale

La Confédération est frappée de stupeur depuis la débâcle du Crédit suisse, vénérable institution fondée en 1856 mais dont le principal actionnaire était récemment devenu la Saudi National Bank et qui a dû être rachetée en catastrophe le 19 mars par l’Union des Banques suisses (UBS) sur l’ordre de l’État helvétique pour endiguer la vague de panique. Elle-même provoquée par la faillite quelques jours plus tôt outre-Atlantique de la Silicon Valley Bank, elle aussi réputée très solide.

Des centaines de milliards de dollars ou d’euros évanouis

Il y a en effet de quoi être inquiet : « Entre le vendredi 10 mars et le lundi 13 mars, la capitalisation boursière mondiale du secteur a perdu 465 milliards de dollars », écrivait le 26 mars La Tribune. Cependant qu’assistant le même jour à Pékin au Forum sur le développement de la Chine, la Bulgare Kristalina Georgieva, directeur général du Fonds monétaire international (FMI), se montrait assez pessimiste : « Il est clair que les risques pour la stabilité financière ont augmenté. Les décideurs politiques ont pris des mesures décisives en réponse aux risques pesant sur la stabilité financière ; ces mesures ont dans une certaine mesure atténué les tensions sur les marchés, mais l’incertitude est élevée, ce qui souligne la nécessité de rester vigilant », déclarait-elle.

Certes, à l’opposé, le président Macron, le chancelier allemand Olaf Scholz et Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne (BCE), louent en cœur « la résilience du système bancaire », mais faut-il les croire sur parole ?

La vigilance prônée par Georgieva s’impose, d’autant qu’en France, plusieurs établissements bancaires, et non des moindres — la Société Générale (qui, soit dit en passant, avait « par éthique », refusé un prêt à Marine Le Pen et même à Valérie Pécresse pour leur campagne à la présidentielle de 2022), la BNP et sa filiale Exane, Natixis et HSBC — se retrouvent simultanément au cœur d’un scandale retentissant pour une « fraude fiscale aggravée et blanchiment de fraude fiscale » qui leur a valu d’être perquisitionnés. Depuis plusieurs jours, quelques 150 limiers du dépendant du Parquet national financier, 16 magistrats français et six de leurs collègues allemands enquêtent ainsi sur le « CumCum », une combine fiscale sur les dividendes « dont le préjudice pour les États se chiffrerait à une centaine de milliards d’euros », comme l’a confirmé Bercy. Une inf

Que du beau monde !

L’affaire aurait été découverte fin 2021. Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils été si lents à réagir ? Sans doute parce que les responsables des détournements sont très proches de l’Élysée, quels qu’en aient été les locataires. Président de BNP-Paribas, Jean Lemierre présida aussi de 2000 à 2008 la calamiteuse Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) créée par Jacques Attali, futur mentor d’Emmanuel Macron, avec la bénédiction de François Mitterrand. Directeur général de Natixis (issue de la fusion de la Caisse d’épargne et des Banques populaires actuelle BPCE sous prétexte de diversifier les activités bancaires), l’énarque Nicolas Namias, fils d’un juif apatride de Salonique, était sous François Hollande le conseiller financier du Premier ministre Jean-Marc Ayrault alors que Macron, son camarade d’Énarchie venu de la banque Rothschild, était secrétaire général adjoint du cabinet présidentiel. Quant au directeur général de la Générale (depuis 2015), le polytechnicien, énarque et inspecteur des Finances Frédéric Ouda, il n’est autre que l’époux de notre ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera, nièce des « éditocrates » Alain et Patrice Duhamel et elle-même ancien magistrat à la Cour des comptes. Du beau linge, comme on voit.

BHL ou le mécénat dévoyé

Il est d’ailleurs une autre combine fiscale qu’il urgerait de moraliser : celle pratiquée par de nombreux ploutocrates qui, par le biais de fondations créées à cet effet, arrosent généreusement des « artistes » amis ou jouissant à tort ou à raison d’une certaine influence.

Grand bénéficiaire de cette générosité : Bernard-Henri Lévy — dont la fortune, estimée en 2004 par Wikipédia à 150 millions d’euros, « a été complétée au fil des années par des placements boursiers, facilités par son intimité avec les grandes fortunes du CAC 40 » — auquel la production de son lacrymatoire documentaire diffusé en 2022 sur Arte, Pourquoi l’Ukraine, n’avait pourtant pas coûté un sou. Sur un budget de 800 000 euros, 40% des fonds provenaient certes de France Télévision, donc directement du contribuable, BHL se trouvant être depuis un oukase de Mitterrand en 1993 l’indéboulonnable président du Conseil de surveillance d’Arte France, justement chargé de contrôler la gestion stratégique et économique de la chaîne… et de nommer les membres du directoire, notamment son patron Bruno Patino, qui n’ont donc rien à lui refuser. Mais les autres donateurs étaient tous des ploutocrates, tels les milliardaires Patrick Drahi ou François Pinault, dont les dons, défiscalisés à 90%, allègent d’autant les impôts.

Et il en a été de même pour les autres productions du néo-philosophe recyclé en baroudeur et défenseur des persécutés du monde entier mais contempteur des Gilets jaunes, qualifiés par lui de « mauvais peuple ». En particulier son dernier navet, Slava Ukraini (Gloire à l’Ukraine) ! Sans aucun retour sur investissement car ce « véridique récit d’une guerre sans équivalent depuis trois quarts de siècle et dont nous avons tenté d’être les témoins engagés mais lucides », dixit BHL, n’a, en trois semaines d’exploitation, réuni que… 1.024 spectateurs ! Alors que, dès son premier jour d’exploitation en France et bien qu’ignoré ou vilipendé par la critique, le film Vaincre ou mourir sur la guerre (et le populicide) de Vendée avait réalisé un total de 32 371 entrées, succès qui ne s’est pas démenti depuis.

Une bonne nouvelle au milieu de tant d’autres, si mauvaises.

Camille Galic

*Terme qui fit son apparition après la crise de 1929.

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