Maxime Tandonnet vient de faire paraître une chronique dans le FigaroVox, le 11 avril 2023 intitulée : « Les Républicains ont laissé le monopole de l’opposition à Marine Le Pen ». Maxime Tandonnet qui a fait une carrière de haut fonctionnaire, a écrit de nombreux livres, dont notamment une biographie d’André Tardieu et de Georges Bidault, ce qui peut le rendre sympathique, car ces deux personnalités ont été des hommes de fortes convictions.
Que nous explique-t-il ? Le fait que Marine Le Pen qui n’a jamais eu d’aussi bons sondages -( Selon l’institut Elabe-BFMTV, elle rassemblerait 30% des suffrages, voire plus en cas de premier tour d’une élection présidentielle) -, profiterait de l’effondrement des LR, qui, en se rapprochant des Macronistes, donnent la nausée à leur électorat traditionnel qui s’enfuit (Cf le score de V. Pécresse en 2022).
Effectivement, de multiples notables LR sont passés à la Macronie, où appellent à y passer. Maxime Tandonnet y voit là un mouvement de fond car les chefs LR : « au-delà de quelques coups de menton (peu crédibles), laissent le champ libre au RN… Madame le Pen, en particulier peut dire merci. » Une Tribune émanant de quelques élus LR vient justement de solliciter Macron, pour qu’il nomme un LR à Matignon car : « Qui, à part un Premier ministre …LR, pourrait attirer…. députés et sénateurs en plus de ceux de la majorité relative actuelle ? ».
Mais il faut remonter plus loin. Comme toujours en Histoire, il n’y a pas de hasard. Cela fait plus de 40 ans, que la droite molle et le centre amorphe trahissent systématiquement leurs électorats pour aller toujours plus vers la gauche. Cela s’appelle une constante en Histoire.
Petites piqures de rappel (les français ayant la mémoire courte) : En 1981, Chirac, Pasqua et tout l’appareil du RPR avaient appelé en sous-main à voter au deuxième tour pour Mitterrand qui n’en demandait pas tant, pour des raisons bassement politiciennes. (Il faut lire les mémoires de Giscard qui n’ont jamais été démenties sur ce point).
En 1986, la majorité RPR et UDF, après une campagne très droitière, parfois même plus à droite que celle du FN de l’époque, s’est couchée en rase campagne devant les manifestants et les oukases des gauches et Chirac a retiré un projet de loi très important, présenté courageusement par son ministre des universités, Alain Devaquet, qui projetait de réformer l’Université française et d’y organiser une saine et salutaire sélection. Le malheureux Alain Devaquet fut abandonné lâchement par le gouvernement Chiraquien, qui allait ensuite multiplier les vilenies de ce type. Depuis l’Université française périclite aux seuls profits des grandes écoles et des universités étrangères.
Passons sur l’abrogation dès 1987, par ce même gouvernement Chirac, de la loi de 1985, qui avait établi que les élections régionales et législatives se fissent désormais à la proportionnelle départementale, véritable liberté publique, qui mettait fin aux apparatchiks locaux, aux caciques, qui phagocytaient toute la vie politique, ne permettant jamais l’expression viable des fortes minorités, faisant que l’absentéisme électoral massif allait progresser d’élection en élection, car des millions d’électeurs n’étaient jamais représentés.
Le pire de tout, alors qu’en 1983, Chirac, -un profond radical-socialiste corrézien-, avait accepté l’accord électoral entre le RPR, l’UDF et le FN, pour que la ville de Dreux soit sauvée de la gauche sectaire et passe à l’Union des droites, (Jean Pierre Stirbois devenant Maire-adjoint de Dreux), il refusa mordicus un accord politique de ce type, en 1998, lors d’élections régionales qui avaient vu la victoire éclatante des droites et du FN contre les gauches.
Chirac et les grands pontes du RPR et de l’UDF menacèrent de mort politique les chefs locaux qui s’étaient alliés avec le FN pour gouverner quelques régions qui furent ainsi gérées par les gauches, alors que les droites avec le FN étaient archi-majoritaires. Jamais le « pas d’ennemi à droite » ne put prospérer, contrairement aux « pas d’ennemi à gauche » qui fit florès. D’où cette hystérie collective qui s’empara de cette droite molasse et de ce centre anémié après le 21 avril 2002.
Car ce ne fut qu’une succession de politiques plus ou moins de gauche, avec Alain Jupé, Jean-Pierre Raffarin. Même Nicolas Sarkozy y alla de son cru, au grand dam de son conseiller politique d’alors, le très droitier Patrick Buisson, qui tenta en vain de le ramener à ses fondamentaux de droite. Il faut également rappeler les multiples appels « au front républicain » qui n’a toujours fait que les beaux-jours des gauches.
Dès lors les ralliements vers la Macronie de Jean-Pierre Raffarin, d’Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Bruno le Maire, Éric Woerth, et les « appels à un accord de gouvernement » avec Macron des Jean François Copé, Rachida Dati et de Nicolas Sarkozy ne sont que des conséquences de ce mouvement de fond qui a commencé il y a plus de 40 ans. Et je ne parle pas des seconds couteaux comme Xavier Bertrand et d’autres qui préfèrent les communistes aux élus patriotes, ou de l’inénarrable Maire de Nice, Christian Estrosi qui vient de découvrir l’eau tiède dans sa ville gangrénée par les trafiquants de drogue et qui s’en émeut auprès de Gérald Darmanin, ou encore de Renaud Muselier qui a toujours préféré la gauche à la vraie droite.
En réalité aujourd’hui, le meilleur service que ce marais, cette plaine de feuillants pourrait rendre au pays, serait de rallier en bloc la Macronie, le rideau de fumée serait ainsi définitivement levé, il faut boire le calice jusqu’à la lie.
Il est donc impératif de se remémorer pour les plus anciens, ou d’apprendre pour les plus jeunes, cette histoire des trahisons des droites molles et du centre amorphe en faveur des gauches. La connaissance du passé est explicative du présent pour ne pas se laisser berner par des discours musclés factices qui cachent toujours de futurs reniements.
Michel Festivi