Nucléaire

Nucléaire: un avis de décès venu d’Allemagne

Samedi soir a marqué la fin du nucléaire en Allemagne. Les centrales nucléaires d’Emsland, de Neckarwestheim 2 et d’Isar 2 étaient les meilleurs réacteurs au monde dans leur catégorie. Ceux qui connaissent un peu le sujet sont bouleversés et endeuillés par cet acte insensé de stupidité.

Ces réacteurs n’ont pas pu terminer leur durée de vie comme prévu, ils ont été mis hors service bien trop tôt sur ordre (en mars 2011) de Mme Merkel et maintenant de M. le chancelier Scholz et de M. le ministre Habeck. La condamnation à mort a été prononcée à l’unanimité par un jury, la soi-disant “commission d’éthique”. Cette commission, réunie par Mme Merkel, a recommandé au gouvernement fédéral de liquider l’énergie nucléaire. Sans aucune expertise, d’anciens politiciens comme Klaus Töpfer (CDU), directeur de la commission, des syndicalistes, une philosophe, un prêtre, un pasteur et d’autres experts en en rien posèrent les jalons d’un “tournant énergétique vers le néant” (H.W. Sinn). L’énergie nucléaire n’avait pas de défenseur. Il n’y a jamais eu de lobby nucléaire vraiment fort (au début, le SPD), mais un mouvement anti-nucléaire très puissant. C’en est fini de l’énergie nucléaire. Cette ère s’achève sans gloire.

Plus jamais un drapeau de tour de refroidissement blanc comme neige n’indiquera que l’on produit ici de l’électricité pour des millions de personnes. C’est avec une tristesse silencieuse que les partisans de l’énergie nucléaire disent adieu à la meilleure façon de produire de l’électricité pour l’Allemagne. Les centrales nucléaires produisaient jour et nuit, avec une grande disponibilité, de l’électricité fiable et sans CO2. En janvier 2023, ces trois centrales nucléaires contribuaient encore de manière décisive à pallier les pénuries d’électricité. Elles alimentaient hier encore 10 millions de foyers en électricité. Elles produisaient 6 % de l’électricité ! Pas la moindre trace de gratitude.

La meilleure possibilité de produire de l’hydrogène en grande quantité chez nous de manière rentable aurait été d’utiliser l’énergie nucléaire. Nous avons également été privés de l’utilisation de chauffage à accumulation de nuit dans les bâtiments où les pompes à chaleur n’ont aucun sens. En France, on fait les deux depuis longtemps. On chauffe en hiver et on climatise en été avec de l’électricité nucléaire. A l’avenir, l’hydrogène sera produit directement à côté des centrales nucléaires.

La recherche et le développement également sacrifiés


En même temps que le nucléaire, on enterre la recherche et le développement. L’Allemagne a subi une perte totale de compétences en matière de nucléaire. Le réacteur à double fluide, imaginé par des ingénieurs allemands, est développé au Canada. L’exode des spécialistes bien formés a déjà commencé depuis longtemps. L’espoir d’un prix de l’électricité avantageux s’est également envolé. La production d’électricité la moins chère était l’énergie nucléaire. L’Allemagne conservera à long terme les prix d’électricité les plus élevés au monde. De plus, la fin des trois dernières centrales nucléaires a entraîné la destruction de 15 milliards d’euros de valeurs matérielles.

De nombreux techniciens, ingénieurs et personnes ayant une formation technique et scientifique étaient opposés à une sortie du nucléaire. Mais la plupart des autres personnes s’en fichaient complètement. Une majorité silencieuse était soi-disant favorable à la poursuite de l’exploitation des centrales nucléaires. Les Verts, une minorité (10 % des électeurs), ont imposé leur volonté à l’Allemagne. Nous sommes les otages de leur idéologie technophobe. Nos dirigeants politiques et leurs rapporteurs de cour, les médias d’État (ÖR-Rundfunk), jubilent. Ce sont des idéologues technophobes et des ignorants. Les politiciens qui ont étudié et abandonné quelque chose en rapport avec le social ou la politique, qui n’ont jamais travaillé dans cette filière, qui ne savent pas faire la différence entre un millivolt et un mégawatt, sont aujourd’hui béatement arrivés à leur fin dans une explosion de joie.

L’autoproclamée “coalition du progrès” diabolise l’énergie nucléaire comme une technique à haut risque non maîtrisable. Avec un double vrombissement, Scholz et Habeck sortent simultanément de l’énergie nucléaire et du charbon. Quel énorme double enterrement ! Le changement d’époque évoqué par M. Scholz se transforme en un tournant vers le bas. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat demande expressément l’utilisation de l’énergie nucléaire pour sauver le climat. Il y a de quoi devenir schizophrène quand on est ministre allemand de l’économie et du climat. Pour de nombreux pays qui croient à une crise climatique provoquée par l’homme à cause du CO2, l’énergie nucléaire est quasiment obligatoire, car le vent et le soleil ne suffiront jamais.

L’énergie nucléaire a été détruite. Les Verts peuvent considérer cela comme un succès total. L’industrie automobile allemande (essence et diesel), l’industrie chimique, la consommation de viande, les maisons individuelles et le chauffage au mazout et au gaz figurent désormais sur la “Kill Bill” des Verts.

Folie verte

Les verts ont imposé le dogme du “nucléaire non merci”, en Allemagne. Peu importe ce qu’en disaient les experts et l’étranger, et les dommages inimaginables causés à la population et à l’industrie. La folie verte a été imposée contre vents et marées.

L’arrêt des centrales nucléaires marque la fin d’une époque en Allemagne. Nous étions le leader technologique mondial et nous glissons désormais du sommet vers la fin.

Dans le cabinet d’Adenauer, il y avait un ministre de l’énergie atomique. C’est lui qui a introduit l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire en Allemagne. C’est grâce à Strauss que, par exemple, la Bavière, pays agricole pauvre, est devenue une région de haute technologie. La Bavière couvrait autrefois 70 % de ses besoins en électricité avec seulement cinq tranches nucléaires. Aujourd’hui, le gouvernement fédéral est en train de tout démanteler, l’Allemagne se déconnecte.

Repose en paix.

Hans Ambos

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