Iran

Reza Pahlavi en visite « officielle » en Israël

Mohammad Reza Pahlavi s’est montré un ami loyal d’Israël durant toute la durée de son règne. La coopération entre l’Iran du Shah et l’Etat hébreux durant la guerre froide était basée sur une multitude d’intérêts communs au Proche Orient, en particulier face aux dangers du projet Pan- arabe de Nasser intimement lié au projet d’Union Socialiste Soviétique Arabe incluant l’Irak et la Syrie voulu par l’URSS pour peser géopolitiquement sur les Monarchies pétrolières du Golfe Persique.

L’Iran était donc un allié stratégique de poids et a reconnu de facto l’Etat d’Israël dès mars 1950, provoquant ainsi l’ire d’une partie du clergé et la création des premiers groupes terroristes d’obédience islamo-marxiste dans le pays, ceux la même qui ont contribué à la Révolution de l’Ayatollah Khomeiny et à la naissance de la République Islamique d’Iran en 1979 qui allait changer radicalement la face de l’Empire de Darius, des Shahanshahs Qajar et du dernier souverain de l’Empire Perse, Mohammad Reza Pahlavi.

Avant 1979, l’Iran était considère comme la perle de “L’Alliance Périphérique” une stratégie géopolitique mise en place par Ben Gourion pour développer des alliances avec les pays musulmans non arabes au Proche Orient, en particulier avec la Turquie, l’Iran, l’Ethiopie impériale et les régions kurdes en Irak, Syrie et bien sûr en Iran, mais également, après l’effondrement de l’empire soviétique , avec de jeunes républiques d’Asie Centrale comme le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Azerbaïdjan et enfin  avec le Nigeria et l’Inde.

Toutefois, le renversement du Shah d’Iran en 1979 a grandement fragilisé cette politique au Proche Orient et le nouveau régime islamique et ses leaders successifs ont pris le contrepied de cette alliance en considérant désormais Israël comme une entité illégale devant être « détruite », en dépit du soutien d’Israël envers la République islamique durant la guerre Iran-Irak.

Une visite controversée

C’est sur cet arrière-plan des relations irano-israéliennes que le chef de l’opposition iranienne en exil, Reza Pahlavi, a justifié sa visite controversée à Jérusalem les 18 et 19 avril derniers. Il a appelé à la « réactualisation des liens historiques entre les deux nations » soulignant qu’ «  Israël et l’Iran ont un futur prospère, des enfants du grand Cyrus aux enfants d’Israël… » Du côté israélien, Gila Gamliel, ministre israélienne du Renseignement, a décrit son hôte comme « La personnalité iranienne la plus importante à s’être jamais rendue en Israël ! » et d’aucuns ont souligné que cette visite est venue fort à propos pour donner une bouffée d’oxygène au gouvernement d’un Benjamin Netanyahu confronté à des manifestations de masse contre sa réforme judiciaire, ainsi qu’à l’Iranien en quête de légitimité pour se prévaloir de l’étiquette d’opposant politique principal au régime de Téhéran. C’est surtout sa position par rapport à la question palestinienne qui a soulevé des critiques. En effet, durant ces deux jours, Reza Pahlavi n’a pas mentionné une fois le mot « palestinien », concentrant sa campagne sur le slogan « Femme, vie, liberté » du soulèvement iranien, le scandant en cœur avec son épouse et la ministre israélienne du Renseignement lors de son séjour dans l’État hébreu.

Lundi, interrogé sur la visite prévue du Prince Pahlavi en Israël, le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Nasser Kanani, a déclaré : « Ni la personne que vous mentionnez, ni le but de ce voyage, ni l’endroit où il veut se rendre ne méritent d’être discutés».

Sophie Akl-Chedid

Un commentaire

  1. Reza Pahlavi me paraît bien naïf. Il devrait lire et relire les passionnants mémoires de son père, Mohamed Reza Pahlavi, « Réponses à l’Histoire » (éd. Albin Michel 1979), où le défunt empereur met gravement en cause les Etats-Unis dans le processus qui mena à sa chute et à l’instauration de la République islamique d’Iran et le rôle prépondérant joué par « le lobby juif » (je cite) dans ce retournement après qu’il eut demandé aux Israéliens de respecter les accords de Camp David concernant les Palestiniens.
    Preuve de la cécité américaine, le président Jimmy Carter avait publiquement déclaré qu’il préférait l’ayatollah Khomeiny au Shah et qu’il était d’ailleurs sûr que l’armée iranienne, commandée par des officiers formés aux USA, maintiendrait la démocratie. Et comble de sa duplicité, il avait invité le couple impérial iranien à passer le réveillon à la Maison-Blanche pour le réveillon du 31 décembre 1977. A peine plus d’un an plus tard (16 janvier 1979), le Shah et son épouse devaient quitter l’Iran sans espoir de retour.

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