kolwesi

Il y a 45 ans, Kolwesi.

La bonne initiative de Giscard, le sang-froid du colonel Erulin, l’héroïsme du 2e REP

En mai 1978, le feu vert du président Giscard d’Estaing à une intervention militaire du 2e REP au Congo belge a sauvé deux mille européens et des milliers de Zairois d’une mort quasi certaine. 

Le septennat Giscard fut décevant et prépara l’arrivée des socialo-communistes au pouvoir, mais il faut au moins mettre à son crédit cette décision salvatrice. Sans oublier les mérites de l’ambassadeur de France à Kinshasa, André Ross, de l’attaché militaire auprès de l’ambassadeur, le colonel Gras, et bien évidemment ceux du colonel Erulin, qui commandait le 2e REP dans le cadre de l’ « opération Léopard » à Kolwesi. 

Rappelons les faits : à partir du 13 mai 1978, des nouvelles alarmantes nous viennent du Zaïre (le Congo ex-belge), et plus précisément de Kolwesi, ville minière située non loin de la frontière avec l’Angola, où travaillent 2500 Européens. On apprend que des troupes venues de l’Angola (qui est devenue une base communiste), 4000 hommes, encadrés par des conseillers cubains et des militaires est-allemands, se sont emparés de la ville, et que des massacres sont en cours.

La Belgique, l’ancienne puissance coloniale locale, est censée être concernée en premier chef. Mais très vite elle décide de ne pas intervenir : « Rien ne presse, il faut laisser la situation se décanter ». La situation se décanter ? Mais on parle de cadavres un peu partout dans les rues, de gendarmes congolais enlevés, torturés, massacrés… Il y a de nombreux Français parmi les Européens, et l’Elysée s’inquiète : « Nous n’interviendrons qu’en dernier ressort », précise le gouvernement belge. Mais qu’est-ce que « le dernier ressort » ? Après combien de morts ce « dernier ressort » sera-t-il atteint ? 

Gras, Erulin et l’ambassadeur Ross pressent Giscard d’intervenir, dans le cadre d’une mission que l’on pourrait qualifier tout simplement d’humanitaire. Mais pour les autorités militaires belges, « une intervention française serait considérée comme inopportune et inamicale ». A l’Assemblée nationale, les députés communistes et socialistes s’opposent à toute forme d’intervention militaire, qualifiée à l’avance de « néocolonialiste ».

L’odeur insupportable de centaines de cadavres

Néanmoins, malgré la gauche française, malgré l’hostilité des autorités belges, malgré l’énorme distance entre Calvi, où est caserné le 2e REP, et Kolwesi (6000 kilomètres), malgré les problèmes logistiques rencontrés, malgré les mises en garde de l’OUA, l’Elysée finit par donner son accord pour l’opération. Le 18 mai, les hommes du 2e REP embarquent à bord de DC8. 

Le 19 mai à 15H30, 400 légionnaires sautent sur Kolwesi. Ils sont accueillis par des rafales de fusils-mitrailleurs. Mais la surprise est néanmoins très forte chez les agresseurs. Les combats commencent dans la ville d’où monte l’odeur insupportable de centaines de cadavres. 

Très vite les rebelles katangais, gorgés de drogue, se regroupent dans quelques quartiers. Mais les hommes du colonel Erulin, parfaitement entrainés et dirigés, maitrisent suffisamment les axes pour différer au lendemain matin le parachutage de la seconde vague de militaires français et éviter un parachutage de nuit qui aurait pu être hasardeux.

Le bilan de l’opération « Léopard » fut remarquable : alors que 664 personnes avaient été massacrées par les « katangais » (382 militaires, 151 Congolais, 131 européens, selon les chiffres de Pierre Sergent dans son livre La légion saute sur Kolwesi), le 2e REP enregistra « seulement » la perte d’une dizaine de personnes : cinq morts dans les combats et six hommes, un lieutenant et cinq sous-officiers, enlevés et sans doute massacrés sur le chemin du retour vers l’Angola. Le dimanche 21 mai, la paix était rétablie à Kolwesi.

Que reste-t-il de cette opération ? Une chanson de Jean-Pax Méfret, un film de Raoul Coutard (1980), le livre de Pierre Sergent, un émouvant album de photos signé du colonel Erulin, l’admiration de toute une génération pour ces héros qui, par devoir, à l’aveuglette, sautèrent sur Kolwesi un jour de mai 1978.

Agathon

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