Mélenchon

Mélenchon et ses boulets favoris

« Tout cela le démode irrémédiablement » (Laurence Debray)

La belle et la bête : la scène se passe le 30 novembre 2017. Jean-Luc Mélenchon doit débattre à la télévision avec Laurence Debray, intellectuelle issue d’une famille d’extrême gauche mais personnellement en rupture avec ce monde-là. Française par son père et vénézuélienne par sa mère, la jeune femme ose critiquer, devant le chef de LFI, le régime néostalinien du dirigeant vénézuélien Chavez. A ce moment précis, avec une exceptionnelle grossièreté, Mélenchon va s’en prendre à la fille de l’ex-guérillero Régis Debray. Le film de l’échange, on peut encore le voir sur internet. Il mérite le détour, et nous en dit plus sur le grand Thimonnier nupésien que tous ses autres coups de colère filmés. L’intellectuel d’extrême gauche Thomas Guénolé, qui a été un proche de Mélenchon, considère que la France insoumise est une machine dictatoriale qu’il gouverne en autocrate, les membres de son entourage, les Quatennens, Panot, Bompard et autres Ruffin n’étant que des hommes (et femmes) de paille. « Tout cela le démode e irrémédiablement » estimait Laurence Debray.

Ce n’est pas certain, car dans une extrême gauche globalement démodée, les plus extrémistes, les plus conformes à l’imagerie révolutionnaire peuvent surnager plus longtemps. A la vérité, Mélenchon tient plus d’Hébert que de ce Robespierre qu’il admire tant.

Contre la tyrannie mélenchoniste

L’annonce de sa semi-retraite politique, en septembre 2022, après son troisième échec à une élection présidentielle, est son erreur majeure. Jusqu’à cette date, il terrorisait les cadres de son parti, et, bien au-delà, les socialistes, le PC et les écologistes, composantes principales de la NUPES au côté de LFI.

Mais comme pour Robespierre, Hébert ou Saint-Just, ses adversaires et ses alliés d’hier ne rêvent plus que de le guillotiner symboliquement. Le communiste Roussel a été le premier à tenter de tirer parti de ce changement de paradigme.

Mélenchon voit cette NUPES dont il a été la cheville ouvrière, et qu’il avait conçue comme une machine électorale à son service, lui échapper. Le 19 mai dernier, lors d’une conférence de presse de la NUPES, il menaçait le PS et les écolos, en raison de leur velléité de présenter des listes distinctes aux Européennes. Le mode de scrutin, largement proportionnel, favorise en effet les forces centrifuges, et contribue à libérer les partenaires de la tutelle LFI.

Olivier Faure lui-même, patron du moribond PS, servile auxiliaire de Mélenchon jusqu’à ce jour, a osé protester contre la tyrannie mélenchoniste : « On doit continuer à cheminer ensemble, sans pour autant s’adresser, par voie de presse, des oukases et laisser penser que tel ou tel serait détenteur à lui seul de la propriété de la NUPES ». Olivier Faure constate que, sur sa droite, les rescapés du PS social-démocrate à la Hollande s’organisent autour de l’ancien président, mais aussi autour d’Hidalgo et de Delga, la présidente du Conseil régional d’Occitanie. Si Faure ne veut pas voir son strapontin préempté par l’un d’eux, il doit chercher une autonomie par rapport aux mélenchonistes, sans oublier toutefois que c’est la NUPES – et donc Mélenchon – qui a évité au PS de disparaitre de l’Assemblée nationale.

Chez les écolos, Jadot, soucieux pour sa part de « recentrer » l’islamo-gauchisme vert, considère que le nouveau coup de sang de Mélenchon équivaut à une rupture de l’alliance NUPES, à son initiative de fait : « Je me demande si au fond lui-même n’a pas envie d’éclater la Nupes. C’est lui qui l’a créée, mais, il semble que quand ça lui échappe, il préfère casser son jouet (…) ».

Quant à Roussel, il sait que la survie du PC n’est pas garantie au sein de la NUPES, car LFI, qui en est la principale composante, ratisse sur les mêmes terres de l’extrême gauche politique que les communistes.

Un Leader Maximo de son gabarit ?

Mais le vrai problème de la gauche reste Mélenchon lui-même. Il a annoncé sa retraite mais il continue ses manœuvres internes, comme si de rien n’était, n’écoute personne, multiplie les déclarations extrémistes. Il pense que LFI, la NUPES et son auguste personne restent incontournables, à gauche. Une fois les Européennes passées, il est persuadé que les autres composantes de gauche seront incapables de faire émerger un Leader (Maximo, bien entendu !) de son gabarit. En conséquence le prochain patron de la gauche viendra de ces eaux-là. Ruffin, ou Quatennens (comme l’a annoncé Mélenchon dans un entretien du 4 juin à 20 Minutes) malgré sa condamnation pour violence conjugale. Cette dernière hypothèse de désignation semble relever surtout de la provocation, mais elle présenterait l’avantage de faire démissionner de la NUPES ses opposants les plus incontrôlables, et pourrait aboutir au constat que seul le dénommé Mélenchon peut encore sauver le socialisme hexagonal. Certes lors des prochaines présidentielles, notre Leader Maximo aura 75 ans. De Gaulle, lors de son élection au suffrage universel de 1965, avait exactement cet âge-là. Autant dire un gamin, quand on pense à Biden !

Agathon

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