Des responsables, ou réputés tels, du Rassemblement national de la jeunesse, ou RNJ, ont composé et diffusé une affiche ou tract à la suite de l’affirmation d’Élisabeth Borne selon laquelle le Rassemblement national serait une sorte de survivance du pétainisme.
L’affiche, sur fond de photo en couleurs, représente un jeune homme, nonchalamment assis sur des sacs de sable, clope au bec, dans une rue commerçante urbaine. Il est en civil, porte un fusil allemand de prise, ainsi que les cartouchières assorties. A l’évidence, c’est un FFI ou un FTP, le doute étant écarté par l’inscription en gros :
France LIBRE
« OU JE MEURS RENAÎT LA PATRIE » ARAGON
RNJ
Référence et (vaine) révérence obséquieuse aux communistes
Les FFI et FTP, largement dominés par les communistes, participèrent à la seconde Terreur en France à l’été et l’automne 1944, se livrant à une épuration sauvage contre tous ceux qui pouvaient être assimilés au régime du Maréchal et n’avaient pas eu la veulerie opportune de retourner leur veste à temps. Tel François Mitterrand qui, récipiendaire de la Francisque, s’est esbigné sur le tard, après la défaite allemande de Stalingrad (hiver 1943). La carapate fut un art salvateur, elle ouvrait sur un avenir rayonnant…
Ces FFI et FTP firent alors sûrement plus de morts chez les civils français que chez les soldats allemands (l’historien Robert Aron a conclu que l’Épuration fit quelques quarante mille morts…)
Si les jeunes gens de RNJ veulent des références nationales dans la Résistance, elles ne manquent pas, tels d’Estienne d’Orves, arrêté par les Allemands alors que les communistes soutenaient encore ceux-ci au titre du pacte germano-soviétique… Tels, Jean-Baptiste Biaggi, le colonel Rémy, Alain Griotteray ou Michel de Camaret qui deviendra en 1984 député européen du Front national…
Quand une capitulation est-elle honteuse ?
Outre un Michel de Camaret, il y avait au front national d’autres anciens résistants, mais aussi des anciens de Vichy ou de la Collaboration. Parti communiste excepté, cela aurait dû être le cas de tous les partis français, mais ce ne le fut qu’en catimini. En effet, le Front national de Jean-Marie Le Pen voulait la réconciliation nationale, ce qui n’est pas dans la culture de référence, la culture communiste, qui a si bien survécu au naufrage du Parti…. Grâce à des « idiots utiles » comme les auteurs du placard du RNJ.
A droite, ce genre de capitulation est fréquente, tant la mythologie de gauche s’est incrustée. Qu’on se souvienne de l’emblème du RPR de Jacques Chirac, savoir le bonnet phrygien des septembriseurs et de la section des piques, célébration de la première Terreur (1792-1794), couvre-chef de malheur repris sottement, dans leurs manifestations, par les organisateurs de la « Manif pour tous ». Quand on est persuadé que ses adversaires ont raison, on est voué à l’humiliation et l’échec.
Mais puisque la gauche a toujours raison, selon les auteurs de l’affiche, alors le RNJ, qui ne se comporte plus comme l’héritier du FNJ, n’a plus qu’à faire sienne cette autre formule du même Aragon :
TOUT CE QUI EST FRANÇAIS ME RÉPUGNE A PROPORTION QUE C’EST FRANÇAIS (1925).
Tout ça pour ça !
Éric Delcroix
J’avais été scandalisé par l’affiche du RNJ. J’ai donc lu avec autant de ravissement que de soulagement l’article de Me Eric Delcroix, qui remet superbement l’histoire et les idées à l’endroit. Oui, la droite cesse d’être la droite, et se perd donc, quand elle s’aligne servilement sur la gauche et en reprend servilement les slogans ou les icônes, tel Aragon qui multiplia les éloges de Staline « aimé de tous » et se vantait de « conchier la France et l’armée française dans sa totalité ». A quand la glorification du « Che » Guevara ou de Malcolm X ?
Jean-Marie Le Pen disait que le FN « n’était pas d’extrême droite mais d’extrême droiture ». Je ne suis pas sûr, hélas, que son avatar soit d’extrême droiture.