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La folie des droits sans devoirs

Images hallucinantes à l’occasion d’un journal télévisé consacré à la rentrée scolaire. On y voit une mère de famille d’origine africaine, interrogée dans les allées d’un supermarché, déclarer, visiblement à la fois dépitée et scandalisée, que, malgré les diverses aides sociales spécialement distribuées à cette occasion, elle était néanmoins obligée de sortir des « sous de sa poche » pour acheter des habits neufs à ses enfants. Comment ? L’Etat français ne renouvelle pas entièrement, sur les deniers publics, la garde-robe de tous les écoliers du pays ? Quelle honte ! Quel intolérable manquement ! L’État Providence n’est vraiment plus ce qu’il était !

Ce qui est le plus frappant dans cette anecdote symptomatique, c’est qu’il est clairement visible que la jeune femme ne conçoit même pas que la plupart des français, et notamment les classes moyennes, sortent « tous les sous » de leur poche pour affronter les frais de la rentrée et que, par ailleurs, ils doivent même en sortir d’autres, des sous, pour justement permettre à l’État de distribuer généreusement des aides et allocations en tous genres. Des aides et allocations qui sont jugées comme étant totalement « normales » – et même toujours insuffisantes – par la plupart de ceux qui les perçoivent et qui n’ont donc aucun sentiment de gratitude et encore moins de reconnaissance vis à vis d’un système à la générosité pourtant pratiquement sans équivalent dans le monde.

Cette inconscience est d’autant plus délétère qu’elle nourrit le discours libéral-démago qui se complaît à dénoncer les « parasites sociaux » et « l’État irresponsable » pour promouvoir son modèle du « chacun pour soi » (qui est réalité celui du « tous contre tous ») et obtenir toujours plus de dérégulation et de privatisations afin, au final, d’avoir la peau du « modèle social » français au profit d’une mauvaise copie de celui qui prévaut aux Etats-Unis. Pointant les nombreux dysfonctionnements du système pour prétendre en déduire l’inefficience intrinsèque, ils sont ainsi prêts à « jeter le bébé avec l’eau du bain » et à renoncer à l’un des systèmes sociaux les plus intelligents et les plus justes de la période moderne. Car la justice sociale n’est pas l’assistanat généralisé, permanent et sans conséquence ni contreparties.

Ne pas tomber dans le piège libéral

C’est pourquoi il est important d’être lucide sur les dérives et les abus actuels, non pas pour vouer l’ensemble du système aux gémonies mais au contraire pour défendre efficacement notre « exception française », dans ce domaine comme dans les autres, contre la rapacité libérale qui rêve d’un monde unifié par le règne des compagnies privées remplaçant les services de l’État.

Or, les deux maux principaux qui menacent notre modèle sont la déresponsabilisation individuelle, illustrée par l’exemple évoqué en liminaire, et, bien évidemment, le poids toujours croissant de l’immigration qui fausse le jeu de la solidarité nationale, les deux étant d’ailleurs assez largement liés. Car un juste système de redistribution et d’aide aux personnes les plus fragiles ou précaires ne peut fonctionner efficacement et légitimement que dans le cadre d’une société homogène, consciente de son unité d’appartenance, d’histoire et de destin qui justifie la solidarité de ses membres. Dans un caravansérail d’individus atomisés, sans identité ni racines communes, un « lieu de passage » ouvert à tous les vents, il devient forcément une foire aux profiteurs et aux tricheurs.

D’un côté des opportunistes qui jouissent de tout ce qu’ils peuvent gratter d’un pays dont ils n’ont que faire et dont il changeront si les conditions ne leur conviennent plus, de l’autre des « producteurs » qui en ont marre de payer pour des gens qui n’ont rien à voir avec eux, qui viennent souvent d’ailleurs et qui en plus généralement les insultent quand il ne les agressent pas… Une situation rêvée pour imposer toujours plus d’individualisme et de « solutions privées »… Chacun pour sa gueule, sa mutuelle privée, son assurance-vie, sa villa sécurisée avec ses caméras de vidéo-surveillance, son fonds de retraite, son école privée, son petit plan pour s’en sortir… L’exact contraire d’une communauté nationale, l’antithèse d’une existence collective.

Le plan est là, clairement sous nos yeux : exacerber les antagonismes, les jalousies et rancoeurs sociales pour finir de détruire tout commun.

A nous de le déjouer en défendant les « acquis sociaux » (ce n’est pas un gros mot) au nom des sacrifices historiques qui ont été faits pour les obtenir, au nom de la solidarité nationale, du génie français, de l’attachement aux nôtres et d’une vision chrétienne de la vie, personnelle comme collective.

Xavier Eman

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