Saint-Denis

« En avant, Saint-Denis, en avant ! »

Les « rencontres de Saint-Denis », initiées par le chef de l’Etat, nous renvoient près de 90 ans en arrière, très exactement aux 27 et 28 juin 1936, quand Jacques Doriot lançait son « rendez-vous de Saint-Denis ». Dans une France en recomposition politique, et dans un monde qui se rapprochait à grande vitesse d’une guerre mondiale, il s’agissait, pour « le grand Jacques », de rebattre les cartes, de lever des tabous, de faire exploser cette ligne de démarcation entre la droite et la gauche, au profit des intérêts supérieurs du pays. On connait la suite, et l’évolution chaotique de ce qui deviendrait le Parti Populaire Français.

Est-ce à dessein que le président Macron a choisi cette ville de Saint-Denis pour une réunion de travail (à une autre époque, il nous aurait parlé de think tank) avec des objectifs assez proches de ceux du Doriot de 1936 ? Est-ce volontairement qu’il a choisi ce terme de « rencontres de Saint-Denis », si proche du très historique « rendez-vous de Saint-Denis » ?

Le choix de l’école de la Légion d’honneur pour réunir les chefs de tous les partis était également un symbole : fondée par Napoléon (que révéraient les doriotistes – Relire Saint-Paulien ou Pierre Costantini – ), cette école est placée à la fois sous le signe du patriotisme, de l’élitisme et des idéaux égalitaires.

On a du mal à imaginer que seul le hasard permette de faire ces rapprochements historiques sur les lieux choisis, les termes employés, les symboles véhiculés. Mais on a du mal aussi, à imaginer Macron en nouveau Doriot…

Il est vrai que le pays se trouve dans une tourmente, un chassé-croisé idéologiques comme on n’en pas connu depuis très longtemps. Et le « nouvel ordre mondial », tant vanté dans les années 1980, ressemble de plus en plus à un chaos mondial, gros de risques majeurs.

Après six ans de présidence, Macron cherche encore son cap. Affolant !

Peu de choses ont filtré pour l’heure sur ce qui s’est dit ce mercredi 30 août. Jordan Bardella a pu rappeler les trois priorités du RN : un référendum sur l’immigration (ce qui est réclamé par le FN depuis sa fondation), un geste significatif en faveur du pouvoir d’achat, et la refondation de l’école.

Le président du RN a aussi révélé que la situation internationale avait tenu une place non négligeable dans ces discussions : guerre en Ukraine, perte d’influence de la France dans le monde, en particulier en Afrique et en Europe.

Sur le plan économique le président du RN a défendu une réforme du marché européen de l’énergie, « promise par l’exécutif et toujours prorogée ».

Enfin, sur la réforme des institutions, il a plaidé pour l’introduction d’une dose de proportionnelle aux législatives afin d’assurer aussi une représentation de courants puissants – à commencer par le mouvement national – systématiquement réduits au silence par des dispositifs électoraux établis spécialement à cet effet. Et il a suggéré la création du « conseiller territorial », qui fusionnerait les conseillers départementaux et régionaux, afin de « simplifier le mille-feuille administratif ».

Les « rencontres de Saint-Denis » devraient avoir une suite. Mais l’impression qui prévalait, à l’issue de cette première réunion, c’est que Macron est toujours en recherche de cap. Après six années et demie de présidence, s’il ne l’a pas encore trouvé, cela ne rassurera pas les Français. Peut-être serait-il temps d’anticiper un changement de capitaine.

Agathon

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