Au grand dam du maire Christian Estrosi, c’est à Nice que, selon le rapport annuel sur le mal-logement publié le 26 octobre par la Fondation Abbé-Pierre que se trouve le quartier « le plus pauvre de France », cependant que sur la Métropole Nice Côte d’Azur, « près d’une personne sur cinq vit sous le seuil de pauvreté » avec un taux d’indigents qui « a d’ailleurs légèrement augmenté sur le territoire de la MNCA pour atteindre 18% en 2020 contre 17,6% en 2019 ». Et « même 21% à Nice » alors qu’il est de 14% à l’échelle nationale.
« Cette pauvreté se concentre sur les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) où vivent près de 170.000 habitants soit près d’un tiers de la population de la métropole ».Ces QPV sont L’Ariane, Les Liserons, les Moulins, le secteur Trachel à Nice ou le Point-du-Jour à Saint-Laurent-du-Var.
Il se trouve que, professionnellement, je me rends souvent aux Moulins, zone criminogène avérée et véritable territoire occupé où les Blancs, Tchétchènes et Roms exceptés, sont minoritaires mais où les gens sont fort bien vêtus avec pour les femmes abayas de bonne coupe et de beau tissu, visiblement bien nourris (Lidl et même Casino, nettement plus cher, sont bondés). Les BMW, les motos, scooters et baskets de prix abondent, de même que les Iphone dernière génération, et les terrasses de café, d’où souvent l’alcool est proscrit, regorgent de clients. Ce qui n’est pas le cas dans les quartiers de Nice où végète une population de souche vieillissante. Il est en tout cas difficile de croire que 25% des résidents des Moulins vivent dansune extrême indigence. Et même 81%, souligne le rapport, dans l’îlot adjacent Résidence Sociale Nicéa, « le plus pauvre des quartiers prioritaires de France ».
Y’a bon razzia
C’est peut-être vrai si l’on tient compte des seuls revenus déclarés, prestations sociales comprises. Mais quid de la très dynamique économie souterraine oubliée par la Fondation Abbé-Pierre et qui génère toutes sortes de trafics (personne, aux Moulins, n’achète ses clopes dans les bureaux de tabacs qui ne subsistent que grâce aux jeux), et autant d’« emprunts » ? Le 9 juillet, quelques jours après les émeutes du ramadan auxquelles les caïds de la drogue avaient, chance pour l’Etat-Macron, rapidement mis fin car le déploiement policier subséquent tuait le bizness, se tenait un vide-greniers sur le parking de Nikaïa attenant à la fois aux Moulins et à Nicéa. Un Africain parlant fort mal le français y proposait des dizaines de sacs à main tout neufs (l’étiquette était encore attachée) au prix unitaire de 10 euros. D’où ces sacs provenaient-ils sinon de l’un des magasins niçois razziés, puis pour beaucoup incendiés ? En tout cas, ils s’enlevaient comme des petits pains, à la grande joie du vendeur qui renouvelait sans cesse son étal car la réserve semblait inépuisable.
Peut-être vit-il, lui aussi, officiellement du moins et comme ses congénères de La Rose à Marseille, des Minguettes à Vénissieux, de Hautepierre à Strasbourg ou des 4000 à La Courneuve, au-dessous du seuil de pauvreté…
Stéphane Galet
A propos de la Fondation Abbé Pierre, toujours donneuse de leçons, je lis à propos de sa filiale Emmaüs dans « Le journal du chaos » : « Récemment des migrants en situation irrégulière travaillant pour la communauté d’Emmaüs se sont mis en grève au motif d’exploitation. En effet, l’association leur alloue « officiellement » 392€ par mois pour 40 heures de travail. Emmaüs, c’est 123 communautés dont 75% des compagnons sont des personnes sans papiers. »