antisémites

Libres controverses : quels antisémites sommes-nous ?

Le mensuel Causeur de décembre propose une sorte de quiz, vous savez, ces questionnaires à choix multiple dont les magazines et leurs lecteurs raffolent. En l’occurrence Causeur suggère à ses lecteurs de déterminer à quelle famille d’antisémites ils se rattachent. Causeur n’est bien évidemment pas un média antisémite, aussi ce quiz aurait-il pêut-être, par les temps qui courent, plus de chances de rencontrer le succès chez les lecteurs de L’Humanité ou de Médiapart

Mon livre antisémite préféré

Le quiz demande d’abord de choisir son livre antisémite préféré. Sont proposés à la sagacité du lecteur antisémite Les Protocoles des Sages de Sion, Mein Kampf, Bagatelles pour un massacre et un ouvrage de la dénommée Bouteldja, intitulé Les blancs, les juifs et nous.

Le choix est cornélien mais le premier problème qui se pose est que Les Protocoles sont interdits de publication et même de simple possession, je crois. En tout état de cause, si vous tenez vraiment à le lire, alors apprenez l’arabe, c’est ce qu’il y a de plus simple car on ne peut guère se procurer ce titre que dans les pays musulmans. J’ai néanmoins eu la chance d’en trouver un très ancien exemplaire, en français dans un Emmaüs (merci l’abbé Pierre ! Mais on sait à quel point ce dernier était proche de Garaudy, le Garaudy stalinien comme, plus tard, le Garaudy révisionniste). Je dois vous avouer que lire Les Protocoles, publiés pour la première fois il y a 120 ans et traduits du russe, relève du pensum absolu. J’ai du mal à croire que cet ouvrage ait pu convertir un seul lecteur à l’antisémitisme.

Il en est un peu de même de Mein Kampf. Certes la lecture de ce copieux et touffu ouvrage est plus intéressante, mais les pages peu amènes consacrées à la France font obstacle à une adhésion pleine et entière aux principes exposés. Surtout quand on sait comment tout cela s’est fini. Pour des antisémites français, la séduction ne saurait donc passer par ce livre, d’autant que l’avertissement originel du maréchal Lyautey qui servait de préface a été remplacé par un gloubi-boulga antiraciste qui n’a guère à ce jour démontré son efficacité.

Enfin le quatrième ouvrage, celui d’Houria Bouteldja, séduit surtout les adeptes d’une confrontation « progressiste » entre « racisés » d’un côté et « Français de souche », de l’autre, qui sont islamophobes par principe, comme chacun sait. « Le concept est basique, explique la journaliste de Causeur, Céline Pina : les blancs et les juifs = méchants /persécuteurs, le reste du spectre chromatique = gentils/victimes ». Voilà qui n’est sans doute guère excitant pour un antisémite qui serait blanc de peau !

Reste Bagatelles pour un massacre. Le titre prête à contresens. C’est un pamphlet pacifiste, comme chacun sait ou devrait le savoir. Nous sommes sans doute davantage dans le domaine de l’éructation littéraire que dans celui de la politique. J’avoue avoir ri en lisant Bagatelles. Les deux guerres mondiales sont loin, maintenant, et toutes les références sont périmées. Il reste le style.

Pendant l’Occupation, les autorités de censure du Reich avaient été déstabilisées par ce livre, et avaient conclu que l’antimilitarisme et l’anarchisme que véhiculait Céline, les « expressions ordurières » qu’il employait à tout bout de champ, ne servaient pas la cause antisémite. En résumé, à part Karl Epting, qui voyait en Céline un nouveau Rabelais, les autorités d’occupation ne pouvaient tirer parti de tels ouvrages, qu’ils jugeaient même contre-productifs (voir Gérard Loiseaux, La littérature de la défaite et de la collaboration et en particulier le texte de Bernhard Payr, « Phénix ou cendres »).

Une charge humoristique et grinçante

Le quiz de Causeur se poursuit en proposant de choisir son slogan antisémite préféré parmi quatre slogans, la citation la plus énervante parmi quatre citations plutôt philosémites, et enfin, dans l’hypothèse d’une profanation de tombes juives, de choisir, entre quatre réactions antisémites, celle qui vous plait le plus. La combinaison des réponses au tests aboutit, selon l’auteur, à quatre profils d’antisémite.

On l’a bien compris, l’exercice proposé par Causeur n’est pas à prendre au sérieux. C’est une charge humoristique, et grinçante aussi, contre cet antisémitisme décomplexé qui a surgi après le 7 octobre, chez les islamo-gauchistes. Mais il était toutefois présent depuis bien plus longtemps, et il a été considérablement renforcé du fait d’une immigration islamique incontrôlée. Tout cela est annoncé depuis quarante ans et plus, en particulier dans les pages de Présent, depuis 1982. Pour l’avoir écrit, Présent fut d’ailleurs condamné à plusieurs reprises par les tribunaux (notamment la journaliste Caroline Parmentier). Aujourd’hui aucun tribunal ne s’aviserait de poursuivre un journaliste pour la simple évocation d’un lien entre immigration et criminalité, ou entre immigration et terrorisme islamique. Ce constat de nous remplit pas pour autant d‘allégresse. Nous ne sommes pas de ceux qui se réjouissent en chantant, sur l’air des lampions : « On vous l’avait bien dit ! ». Car nous n’avons sans doute encore rien vu.

Agathon

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