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Le lycée Averroès de Lille perd une première manche devant le Juge administratif

Suite à la décision prise par le Préfet des Hauts- de- France le 10 décembre 2023, sur avis conforme de la Commission, de résilier le contrat d’association de ce lycée musulman avec l’État, pour divers manquements à ses obligations contractuelles, les avocats du lycée avaient saisi au fond et en référé le Tribunal administratif de Lille, contestant cette conclusion préfectorale.

Devant le Juge des référés, en urgence, ils réclamaient, dans l’attente du jugement au fond, le rétablissement de la subvention publique et donc la suspension de l’arrêté préfectoral, l’argent étant le nerf de la guerre. C’est cette prétention qui a été écartée ce 12 février, par l’attendu suivant « Il n’y a pas lieu de maintenir le contrat d’association liant le lycée Averroès à l’État jusqu’à ce que la décision de résiliation de ce contrat soit examinée par les juges du fond. ». Les recours administratifs, sauf exceptions n’étant pas suspensifs.

Ce n’est qu’une première manche, gagnée par le Préfet, qui n’avait pas ménagé sa peine, il faut le souligner, d’une très longue bataille judiciaire, sans compter le fait que la politique puisse s’en mêler d’une manière ou d’une autre à tout moment. Déjà les Conseils du lycée invoquent « une décision inacceptable » et vont saisir le Conseil d’état en cassation. Quant à la décision au fond, elle devrait intervenir selon un communiqué du Tribunal, avant la fin de l’année scolaire en cours.

Le juge des référés aurait retenu deux arguments, premièrement, deux refus de l’établissement d’un contrôle inopiné en janvier et juin 2022 par des inspecteurs d’académie, et aussi « un cours d’éthique » musulman très largement controversé, portant notamment sur la place et le rôle de la femme dans la société, la peine de mort pour apostasie, et la supériorité de la loi musulmane sur les lois de l’État. Bien sûr le Directeur du lycée pousse des cris d’orfraie et jure ses grands Dieux, qu’il n’en a rien été.

Ce lycée avait bénéficié, lors de son ouverture en 2003, du soutien de l’UOIF, devenue depuis Musulmans de France, issu de la mouvance frériste, portant notamment le combat pour le port du voile. Ce lycée compte aujourd’hui 400 élèves et 35 enseignants, 800 élèves avec le collège.

Bien sûr, les défenseurs du lycée ont, selon la bonne vieille théorie de l’amalgame des deux poids deux mesures, fait valoir la comparaison avec le fameux lycée catholique Stanislas et ses quatorze observations, qui avait défrayé la chronique ces derniers jours, s’outrageant d’une différence de traitement. En tout cas, à l’audience, l’avocat de la Préfecture et le Préfet lui-même avaient rappelé les liens du lycée avec la mouvance des Frères musulmans, le Préfet évoquant même « une idéologie séparatiste », ce qui bien sûr avait été rejeté en bloc par la direction de l’établissement.

L’anthropologue de l’islam et du frèrisme, Madame Florence Bergeaud-Blackler, chargée de recherches au CNRS, avait twitté sur X, le 2 décembre 2023 en fustigeant les réactions convenues des thuriféraires de ce lycée musulman, comme le directeur de sciences-po Lille, affirmant les liens de cet établissement scolaires avec les Frères musulmans. Car dit-elle : « Les Frères sont des « islamistes légalistes » en ce qu’ils diffusent leur doctrine séparatiste d’islamisation salafie en respectant le cadre légal. Ils déploient progressivement, territorialement et sectoriellement leur influence pour former des ambassadeurs de leur doctrine » C’est ce qu’elle avait expliqué dans son livre publié l’an passé chez Odile Jacob, Le Frèrisme et ses réseaux qui avait fait polémique et qui avait connu un franc succès et obtenu le prix science et laïcité.

Mais connaissant « la jurisprudence » du Conseil d’état, on ne peut que souhaiter, que la Préfecture ait un dossier « béton », bien ficelé.

Michel Festivi

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