Liban

Liban-Sud: entre escalade et négociations

Lundi, un communiqué radio de l’armée israélienne a confirmé que son aviation a mené des attaques contre des infrastructures du Hezbollah dans la localité de Ghaziyé, située au sud de la ville de Saïda à 50 km de la frontière israélienne et à quelques 40 km de Beyrouth. Ce raid israélien visant un entrepôt et un « véhicule » constitue une escalade notable de par sa localisation qui touche très profondément le territoire libanais par rapport aux règles communes d’engagement qui régissent officieusement les affrontements entre la milice pro iranienne et Tsahal, bien que des frappes aient déjà été menées par l’aviation militaire israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth où le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, a été abattu lors d’une opération similaire en janvier 2024.

Du côté du Hezbollah, il a indiqué que ses combattants « ont ciblé les sites israéliens d’al-Samaqa et al-Ramtha dans les fermes libanaises occupées de Chebaa avec des missiles » ainsi qu’un « site militaire avec les armes appropriées » en Galilée. Cette exacerbation des activités militaires de part et d’autre coïncide avec une forte activité diplomatique dans les coulisses et les officines arabes affirment que l’émissaire américain pour Gaza et le Moyen Orient, Amos Hochstein, est désormais convaincu que la solution, si solution il y a, sera globale ou ne sera pas. Parmi les exigences mises sur la table, Israël a averti qu’il ne tolérerait plus la présence du Hezbollah le long de la frontière libanaise et a mis en garde contre une opération militaire de grande envergure au cas où les efforts déployés pour parvenir à un accord échoueraient. D’autre part, le Hezbollah affirme qu’il ne cessera ses attaques que si un cessez-le-feu est conclu à Gaza. Par ailleurs, selon le Washington Post, Téhéran aurait dépêché en Irak et en Syrie de hauts responsables militaires pour appeler ses proxies à limiter les attaques contre les troupes américaines dans la région. Enfin, la République islamique d’Iran aurait demandé au Hezbollah de tout faire pour éviter l’embrasement dans le souci de préserver son rôle de « modérateur » sur la table des négociations.

Un Liban totalement sous contrôle

Encore une fois, les évènements en cours démontrent combien le Liban et ses institutions sont sous le contrôle total du Hezbollah et de son commanditaire principal, avec un premier ministre fantoche qui a servi samedi dernier de simple porte-parole de la milice chiite à Munich en défendant ses positions quant aux conditions du maintien « du plus bas niveau possible du conflit au Sud Liban ». Les opposants souverainistes craignent à juste titre que ces négociations ne soient l’occasion de la consécration implicite de la main mise politique et militaire du Hezbollah sur le Liban. En effet, en dépit des dénégations de Hassan Nasrallah selon qui les négociations n’impliquent ni le dossier de la présidentielle, ni une révision de la Constitution, ni des promesses de gains politiques pour le parti, il est avéré que le Hezb insiste toujours sur des négociations lui assurant des avantages politiques et économiques. Comme le souligne l’Orient-le jour dans son édition du 19 février, cela n’est pas sans rappeler l’accord sur la délimitation des frontières maritimes avec Israël mené sous le contrôle strict de la milice chiite- par personnes interposées- et qui devait assurer aux libanais la livraison de gaz égyptien et d’électricité jordanienne ainsi que des facilités économiques, en échange des concessions faites par le Hezbollah. Naturellement, les promesses sont restées lettre morte, tout en consacrant le tandem chiite Amal-Hezbollah comme le principal interlocuteur et négociateur local. Et c’est un fait que depuis la guerre du 7 octobre, c’est avec ce camp-là que négocient les puissances étrangères pour aboutir à un accord.

Un lecteur du quotidien libanais a parfaitement résumé la situation dans une adresse aux parrains internationaux qui se targuent d’une autorité quasi céleste pour résoudre la question : « Vous êtes en train de nous mener droit dans le mur. Tant que ce parti vendu reste armé, Israël continuera ses incursions et la violation de notre ciel et de notre terre pour contrôler leurs stocks d’armes et de munitions qui sont là pour perpétuer la guerre et le chaos sur ordre de leurs maîtres. Les israéliens savent que toutes les munitions disséminées un peu partout ne sont pas là pour servir de feu de joie mais pour perpétrer des massacres lorsque l’ordre leur sera donné. Trêve de balivernes, pour régler le problème de notre pays il faut impérativement désarmer ce parti vendu. »

Merci à lui.

Sophie Akl-Chedid

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