Macron

Impuissant face aux teufeurs de Quimper, Macron défie la Russie

Où finit l’assistance, où commence la cobelligérance ? Le 31 mars, pour répondre aux « demandes pressantes » de Volodymyr Zelensky, Sébastien Lecornu a annoncé dans La Tribune la livraison à Kiev pour « 2024 et début 2025 » d’un « nouveau lot de missiles Aster 30 » et d’« au moins cinq cents » blindés de transport de troupes VAB, indispensables à en croire le ministre des Armées « pour tenir une ligne de front aussi grande» et assurer « la mobilité des troupes » ukrainiennes.

Armements : l’ignorance crasse de Lecornu

Depuis 2017 colonel « au titre des spécialistes de la réserve » sans avoir fait un jour de service militaire, Lecornu ne s’en est pas tenu là, adoptant le ton le plus martial pour enjoindre à notre industrie de défense et notamment à l’entreprise MBDA fabriquant les Aster de produire davantage et plus rapidement. MBDA, a-t-il ainsi déclaré, « nous doit des livraisons rapides. Ce vendredi, les décrets ont été publiés sur le pouvoir de police du ministre des Armées en matière d’obligation de stocks, de priorisation des contrats, et même de réquisition. J’ai demandé à la Direction générale de l’armement de me faire des propositions de mise en œuvre de ces mesures pour accélérer la production du missile Aster… La DGA va faire une première injonction à MBDA afin qu’il constitue des stocks suffisants de composants. Pour être clair, j’exige la constitution de stocks pour produire des munitions. »

Les quadragénaires Macron et Lecornu ignorent-ils que la fabrication d’armements ne s’apparente pas à la fast fashion pratiquée par la firme d’habillement chinoise Sheen (grâce d’ailleurs au concours forcé des prisonniers du Lao gai, le goulag local) et qu’on ne remédie pas d’une pichenette à la grande misère d’une industrie de défense délibérément sabordée pendant des lustres par les bisounours successivement au pouvoir ? « Ces macronistes sont de parfaits incompétents, déplore un officier supérieur de nos amis. C’est principalement Thalès qui produit les munitions, or on n’en décrète pas l’accroissement massif du jour pour le lendemain. Cette planification se réalise sur des créneaux d’au moins une décennie. » Opinion partagée par maints généraux s’alarmant depuis des années du dénuement de nos armées en matière d’équipement (1).

Le 126ème RI bientôt engagé en Ukraine ?

Faute de pouvoir immédiatement fournir à Zelensky le matériel militaire ultra-moderne qu’il réclame à grands cris, Emmanuel Macron qui adore plastronner en top gun, en skieur et même en boxeur, va-t-il lui offrir de la chair à canon ?

Le 26 février, il provoquait la stupeur et l’inquiétude aussi bien en France que dans les pays de l’OTAN peu soucieux d’une confrontation directe avec Moscou en martelant que l’envoi de « troupes en Ukraine ne doit pas être exclu » et, un mois plus tard, Le Monde évoquait sans être démenti le possible déploiement en Ukraine du 126ème Régiment d’infanterie, présenté sur le site Info-Armées comme « mobile, aérotransportable, polyvalent, particulièrement efficace dans le combat rapproché et en zone urbaine » ainsi que doté de« nombreux systèmes d’armes qui lui confèrent une capacité exceptionnelle de puissance de feu, d’investigation et de renseignement ». Depuis 1985, cette « unité entrainée et expérimentée »et au glorieux passé, notamment pendant la campagne de Russie sous Napoléon, estnotamment intervenue « au Liban, en Bosnie, au Tchad, au Kosovo, en Afghanistan, en République de côte d’ivoire, en République centrafricaine, Mali Guyane, Nouvelle Calédonie, Mauritanie, Sénégal et, entre chaque phase de projection, l’ensemble des compagnies s’entrainent en permanence afin d’être le plus efficace possible et de s’adapter au mieux aux destinations ».

Après la Roumanie tout récemment (un galop d’essai ?), la prochaine pourrait donc être l’Ukraine, sur l’ordre d’un président dont l’administration a été incapable de mettre fin à la gigantesque rave party organisée sur l’aéroport de Quimper pendant tout le week-end de Pâques malgré l’interdiction formelle signifiée par le préfet du Finistère ? Trois jours durant, les forces de l’ordre pourtant présentes en nombre sont restées l’arme au pied « pour ne pas risquer l’incident » en dépit de la vente et de la circulation ostensibles de substances illicites transformant les teufeurs en zombies (93 hospitalisations en urgence) et de dégâts évalués à près de 100 000 euros. En cruel contraste avec le bellicisme du matamore élyséen, cette impuissance a dû bien faire rire au Kremlin.

Alors chef d’État-Major des armées, le général François Lecointre, prévenait en 2021 qu’en matière d’équipement lesdites armées « étaient à l’os ». Auditionné le 20 mars par la Commission Défense de l’Assemblée nationale, celui qui est depuis l’an dernier grand chancelier de la Légion d’honneur se montra tout aussi direct : « Ce qui me frappe, dit-il, c’est que ça fait deux ans que j’entends sur tous les plateaux de télévision et de radio des tas de commentateurs qui disent “Armons-nous et partez !” et qui disent avec un sens moral très développé “On est prêts à se faire tuer jusqu’au dernier Ukrainien”…  « Bah non, en fait ! Les Ukrainiens ne veulent plus se faire tuer. »

Pour assouvir sa gloriole personnelle, et sans juger bon d’en référer à la représentation nationale, Macron sacrifiera-t-il à leur place les « bisons » du 126ème RI ? Malheur à la nation dont le prince est un enfant attardé.

Camille Galic

  1. Sur l’état de « nos Forces armés bonsaï » et autres sujets brûlants, lire l’interview du général Didier Delawarde dans Rivarol du 27 mars.

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