Normandie

Des lieux où souffle l’esprit : Quiberville, Sainte Marguerite, hautes falaises et eaux profondes

Voici le grain qui souffle fort, puis soudainement doux, semblant s’éteindre, et la bruine insidieuse, et les coups de torchon sur le front de mer. Le grondement incessant, sourd et monotone des galets qui s’entrechoquent et roulent. La mer est un peu méchante quand même en cette saison, mais les mouettes s’en rient, elles nous narguent, elles crient et nous observent.

D’autres de ces volatiles à jamais affamés de rognures de pesson et de menu fretin poursuivent un chalut qui avance assez péniblement vent debout. Dans cette lutte incessante contre les éléments (charmante publication), on se remémore Guy de Maupassant, “Pierre et Jean”, mais aussi Emile Verhaeren, dont Jean-Marie Le Pen demeure si friand. Marine est quoi qu’on dise, fidèle, au fond poétique, sinon au Front. Dans “Les Français d’abord !” (Carrère. Michel Lafon.1984), le président cite le poète belge (les Haut-Normands sont aussi de Gaule Belgique, mais les Belges ne sont pas tous Haut-Normands) tandis que sa fille reprenait ses vers dans un ouvrage intitulé “A contre flots” (Grancher. 2006) : ” Le passeur d’eau, les mains aux rames, A contre flots, depuis longtemps, Luttait, un roseau vert entre les dents“.

Quiberville et sa voisine Ste Marguerite demeurent des cités portuaires (pèche côtière, pèche à pied, ostréiculture) et paysannes, à faible densité démographique, même en période touristique, contrairement à Veules-les Roses où s’écoule le plus petit fleuve de France, à Varangeville, patelin connu pour son agréable cimetière marin où repose Georges Braques et qui a servi de lieu de tournage pour un “Maigret” du temps de Jean Richard et plus tard pour un épisode du “Grand blond avec une chaussure noire”, mais pareillement aux Petites Dalles, prisées par maître Eric Delcroix l’incorruptible et son épouse Monique, brasilliachophile fidèle, mais aussi par le flâneur salarié Pierre Bonte (“La France que j’aime”. Albin Michel. 2010).

Le bourg a conservé tout son charme marin et campagnard à la fois; c’est l’essentiel. L’eau de baignade est assez froide, les galets sont inconfortables au dos, aux fesses, comme aux chevilles. L’accès aux flots, pieds nus est un supplice, les pierres glissent sous les pas, vous font trébucher à chaque traîtresse vague. Mais l’air est sain. Il drache avec la marée montante, il fera beau tantôt avec la marée descendante ou inversement et “p’têt ben qu’oui, p’têt ben qu’non…”. On y fait des rencontres peu ordinaires. Ma sœur qui se baigne par des 14°C a déjà été approchée, à plusieurs reprises à trois ou quatre mètres par des phoques en goguette qui ne sont pas belliqueux mais qui l’ont impressionnée.

Les vaches normandes, reconnaissables à leurs yeux entourés de poil noir se repaissent sur le plateau, elles sont aimables et désireuses de contact affectif. Derrière il y a des plantations de pommes de terre (ces miens pays déposent leurs petites patates commercialement inexploitables aux rebords des exploitations afin que tout le monde se serve du rebut, braves gens). Plus loin encore, les champs de lin exhibent sur les longues tiges qui dansent sous l’aquilon, les toutes petites fleurs couleur myosotis, leurs promesses de tissus rugueux et de graines, et de pain, sinon de fer, n’en déplaise au voisin breton Olier Mordrel, mais d’agréable goût (le pain au lin cauchoix est une merveille). Au bord de la falaise se dressent quelques rares pins parasols, esseulés, insolites en cet endroit si peu méridional, mais en pleine santé cependant.

Les amateurs d’huîtres se trouveront bien de se rendre ici et les nostalgiques des pensions de famille, façon ambiance des vacances de monsieur Hulot prendront leurs quartiers, tout bonnement à “L’hôtel de la Plage”. La vue vaut tout.

Ô flots que vous savez de lugubres histoires.

Les plages, les falaises, les galets blancs de craie et gris de silex et les vagues chargées d’écumes de Quiberville, de Berneval et de Dieppe se souviennent de cette tragédie, ce massacre qui eut lieu un 19 août de l’an de Grâce 1942. Lord Mountbatten (l’IRA lui fit un sort le 27 août 1979) n’était pas seulement un pédomaniaque bisexuel (décidément dans cette famille royale… le vice et la perversion semblent gravés dans leur ADN) attiré par les petits garçons en culotte courte. Cet oncle du roi Charles était aussi un très piètre stratège obtus, responsable à cent-pour-cent, et contre tous, du piteux raid de Dieppe où périrent pour rien maint soldats, la plupart canadiens, faisant de cette opération la plus meurtrière de la guerre pour ce pays. Les Anglois aiment mener bataille avec la peau des autres. On le voit en Ukraine aujourd’hui. Le mieux ne serait-il pas de réduire, une fois pour toute l’Angleterre en esclavage, comme le préconisait Henri Béraud ? Chat échaudé craint l’eau froide ! Suite à cette initiative, les Prussiens (comme disait ma mémé) édifieront au Tréport le “Kalhburg”. Château sous-terrain que construisirent pendant deux années, des prisonniers dont la majorité était des femmes ukrainiennes. Nous nous y rendront bientôt.

Dans la mer d’ici surgit encore un bunker édifié par l’organisation Totd en 1942 (modèle 621, conçu pour dix fantassins) tout entier tombé et dressé à la verticale. Cet édifice mastoc qui ne manque pas d’estomaquer a été basculé à la gode (à l’eau, aux courants) en 1995 afin de sécuriser la plage. A tous, bonne promenade ! Pourquoi pas à Dieppe, dont l’étymologie noroise nous à été rappelée dernièrement par Camille Galic. Le nom de Dieppe correspondrait soit au saxon deop ou l’anglo-saxon dēōp « profond », soit au vieux norrois djúpr de même sens.

Franck Nicolle.

Liens utiles :

https://www.breizh-info.com/2019/08/29/125648/lord-mountbatten-assassine-par-lira-pervers-pedophile

https://www.historia.fr/guerres-conflits-contemporains/2eme-guerre-mondiale/aout-1942-le-raid-sur-dieppe-est-un-massacre-2062392

https://www.quibervillesurmer-auffay-tourisme.com/s-inspirer/la-campagne-cauchoise-et-ses-villages-de-caractere/terre-du-lin

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