Depuis l’annonce de l’élimination de Nasrallah, chef de la milice chiite libanaise Hezbollah, des militants du camp dit “national” fêtent cet événement comme s’ils sortaient de la bar-mitzvah d’un neveu. Inutile de s’attarder sur les quelques figures – heureusement rares – qui attendent les déclarations de Gilles-William Goldnadel pour savoir quoi dire ou quoi écrire, pour mieux se concentrer sur une frange un peu plus nombreuse de notre “famille” politique qui pense encore à tort qu’Israël est un “allié“, “la pointe avancée de l’Occident” ou “le premier domino que souhaitent faire tomber les islamistes” avant d’emporter tout l’édifice des démocraties qualifiées de “libérales“.
Rappelons tout d’abord deux faits indiscutables :
– le Hezbollah a combattu Daesh et protégé des villages chrétiens en Syrie.
– trois hommes ont vaincu Daesh : Vladimir Poutine, Donald Trump et Qassem Soleimani (1), et dans une légèrement moindre mesure un quatrième : Hassan Nasrallah.
Gardons-nous toutefois d’une vision irénique concernant le premier point : lorsqu’un fidèle musulman protège un Chrétien, ce n’est nullement par charité (sauf anecdotiques exceptions) mais c’est avec l’objectif d’en tirer un bénéfice ultérieur : une conversion (forcée ou non), le paiement de la djizya ou un positionnement tactique sur un théâtre d’opérations ou dans une arène politique. La querelle multi-séculaire entre croyants chiites et sunnites peut d’ailleurs s’effacer au détriment de “l’associateur” chrétien comme on a pu le voir en ex-Yougoslavie lorsque les Iraniens et les Saoudiens ont conjointement soutenu les Bosniaques dans leur lutte contre les Serbo-orthodoxes.
Désormais, quelques vérités pénibles pour certains concernant l’État hébreu à commencer par celle-ci : Israël n’est absolument pas un allié dans la lutte contre l’islamisme et le jihadisme !
Pour mémoire, en vrac :
– jusqu’au 7 octobre 2023, Netanyahou n’a eu de cesse de favoriser la montée en puissance du Hamas à Gaza pour faire barrage à l’OLP.
– les Israéliens ont soigné des membres d’Al-Nosra (branche syrienne d’Al-Qaida) durant la guerre car ces takfiristes d’Al-Nosra étaient opposés au laïc Bachar Al-Assad, ennemi d’Israël.
– Moshé Yaalon, ministre de la Défense, en 2015, n’hésitait pas à déclarer de son côté “préférer Daesh à l’Iran“…
– les mêmes Israéliens ont également aidé l’armée azerbaïdjanaise (avec les Turcs bien évidemment) en leur fournissant des renseignements contre l’Arménie durant le conflit dans l’Artsakh, alors que l’Azerbaïdjan s’appuyait notamment sur les filières de mercenaires turco-jihadistes qui avaient déjà servi en Syrie contre le Raïs syrien.
Et en ce qui concerne plus particulièrement la France, citons quelques exemples des actes “bienveillants” dont Israël s’est rendu coupable à notre endroit et que tout nationaliste français devrait se faire fort de connaître :
– vol rocambolesque des vedettes de Cherbourg
– emploi du logiciel espion Pegasus
– attentat sur le chantier naval de La Seyne-sur-Mer commandité par le Mossad en avril 1979
– élimination à l’hôtel Méridien à Paris du scientifique égyptien Al-Meshad
Et la liste n’est malheureusement pas exhaustive (2).
Que le lecteur ne se méprenne pas toutefois sur les intentions de l’auteur de ces lignes : se méfier d’Israël et de ses coups pendables ne signifie nullement qu’il faille se jeter dans les bras de l’Iran et de ses proxy libanais et yéménite comme sont malheureusement tentés de le faire d’autres membres du camp national légitimement agacés par l’israélomanie de certains autres.
Refuser les injonctions de Julien Odoul et de la Droite-CNews n’oblige nullement à se rendre coupable d’occulter les opérations sanglantes et les coups fourrés de Téhéran contre la France :
– prises d’otages au Liban
– manipulation d’Action Directe dans le but de se débarrasser de serviteurs de l’État français (Georges Besse)
– attentats dans Paris dans les années 80
Et là aussi la liste pourrait s’allonger.
En conclusion, il serait grand temps qu’une partie du camp national sorte enfin de l’adolescence et abandonne le supportérisme en matière de relations internationales pour faire preuve d’un réalisme froid et cynique.
Ce message ne concerne pas seulement les tifosi de Tel-Aviv ou de Téhéran mais également les américanophiles benêts (moins nombreux depuis 2003 tout de même) et les russolâtres en délire (plus nombreux depuis une quinzaine d’années).
Il faut partir d’un principe simple : nous n’avons ni ami, ni allié tout au plus des partenaires en fonction des circonstances et des terrains.
Et en tant que nationaliste les seuls questions à se poser sont : “Est-ce bon pour la France ?” et si la réponse à cette question est oui dans un second temps “Est-ce bon pour l’Europe ?“.
Le reste relève de l’immaturité politique et des enfantillages incapacitants.
Maurice Gendre
(1) Le deuxième fera d’ailleurs éliminer le troisième en 2020 en partie pour des questions de politique intérieure.
(2) Pour en savoir plus sur les actions hostiles menées par les Israéliens sur le sol français, nous renvoyons à l’émission Longue Vue n°13 de la webradio Méridien Zéro intitulée Nos amis du désert.
Bravo. Entièrement d’accord. Sur Cnews c’est étouffant.
Israël a sûrement commis des erreurs voire des fautes, les Américains aussi et ne parlons pas des Russes, des Chinois et des Turcs qui s’unissent toujours contre l’occident et l’Europe. Comme vous le soulignez la dhimitude est le but de tous les islamistes et les chiites et les sunnites qui se combattent arrivent toujours à se réconcilier pour abattre les juifs et les chrétiens qualifiés de chiens et d’autres joyeusetés dans le Coran. Donc j’ai effectivement sauté de joie à la mort de tous ces tyrans islamistes du Hamas ou du Hezbollah. Je pense que leur élimination est une bonne chose pour la France, ne serait-ce parce que ces derniers ont multiplié les attentats soit sur notre sol soit sur nos ressortissants. Dois je préciser que je ne suis pas de confession juive et que je n’ai pas fait ma Bar-Mitzvah. Par contre je ne suis pas sûr que votre analyse qui multiplie les amalgames sans voir l’essentiel soit la plus positive pour la France, en toute amitié
Entièrement d’accord avec l’auteur de cet article intelligent et bien informé. Ni kippa ni keffieh ! Le problème n’existerait pas si les grandes familles palestiniennes avaient de 1880 environ aux années 30 refusé de vendre des terres aux sionistes, et si les Occidentaux avaient refusé quant à eux de laisser les Israël et la diaspora spéculer depuis des décennies sur le sort du petit peuple qui a tant souffert afin d’obtenir puis de maintenir un manteau d’impunité. Si scandaleux que soient les bombardement et la colonisation sauvage pratiqués par le gouvernement Netanyahou.
Le massacre du 7 octobre fut une abomination, mais comme le rappelle très justement M. Gendre, c’est Tel Aviv qui à l’origine favorisa et finança le Hamas pour faire pièce à l’OLP, et la CIA avait averti dès le 30 septembre Netanyahou qu’un gros coup se préparait à partir de Gaza Pourquoi “Bibi” a-t-il ignoré la menace et, pire encore, fait déplacer vers la Cisjordanie les unités de Tsahal déployées à la frontière avec Gaza, laissant ainsi la voie libre au Hamas ?
On pourra étudier de tous les côtés les malheurs des Libanais, chiites sunnites maronites druzes… , on revient toujours à la même conclusion : le problème du Liban c’est la création de l’israël.