Pour que le public français le comprenne bien, l’Espagne, depuis la fin de l’année 2018 est gouvernée par une coalition dite « Frankenstein », comme l’a justement nommée un politologue espagnol, tant cette coalition regroupant des socialistes, des communistes, des indépendantistes catalans, basques et galiciens, est hideuse et est en train de fracasser le pays par la multiplication de lois dites « mémorielles », c’est-à-dire attentatoires à la liberté d’expression ; des lois « historiques », pour graver dans le marbre la doxa des gauches sur la guerre civile ; des lois transgenres qui permettent même à des mineurs, et ce sans autorisation parentale, de changer de sexe sur simples déclarations administratives, sans preuve médicale aucune ; en faisant libérer par anticipation des violeurs en réduisant les peines de prison les concernant ; en reconnaissant « un état » palestinien, soutenant ainsi les pires terroristes du Hamas ; en promulguant des lois attentatoires à la propriété privée donnant un maximum de droits aux squatters etc..
Eh bien, cet agglomérat stupéfiant vient de décider d’ouvrir une fois de plus totalement, les vannes de l’immigration, ce qui va en n’en pas douter constituer un appel d’air considérable dont vont pâtir tous les pays européens. Cette loi contient essentiellement deux volets. D’une part faciliter la réduction des délais et des formalités pour l’obtention d’un titre de séjour avec l’inévitable tarte à la crème « du renforcement des droits des travailleurs migrants ». D’autre part, accélérer la régularisation de centaines de milliers d’immigrants illégaux.
L’Espagne qui est déjà submergée par les Canaries et les enclaves de Melilla et Ceuta, va voir ce phénomène s’amplifier. En toile de fond, ne nous leurrons pas, existe aussi, comme en France, la volonté de voir multiplier les naturalisations, pour obtenir un nouvel électorat, qui permettra ainsi aux partis de gauches et d’extrême gauche de se maintenir indéfiniment au pouvoir. D’autant qu’en face, le Parti Populaire, une sorte de centre droit amorphe et mou, n’a strictement aucune colonne vertébrale idéologique et laisse manœuvrer les gauches à leur guise. Seul Vox est un vrai opposant, mais ce n’est pas suffisant, dans l’immédiat en tout cas, pour contrer l’irrépressible action de Pedro Sanchez et de ses acolytes.
On estime que jusqu’à 300 000 immigrés par an pourront ainsi être régularisés. Il est prévu également que 210 000 migrants pourraient se voir attribuer la nationalité espagnole, soit 85 000 personnes de plus qu’en 2022. Avec ces chiffres, les socialo-communistes ont de beaux jours devant eux ! Qu’on m’explique comment, ces milliers d’immigrés, qui n’ont aucune qualification pour l’immense majorité, qui ne savent pas un mot d’espagnol, vont pouvoir s’intégrer et travailler, sauf clandestinement et sans être déclaré.
On sait que l’Espagne est l’une des trois principales portes d’entrée de l’immigration en Europe, avec l’Italie et la Grèce. Aux Canaries, 32 858 migrants illégaux y sont arrivés cette année, contre23 537, l’an passé, pour les mêmes périodes. Le camp des Saints de Jean Raspail, publié en 1973 est totalement dépassé.
La loi est chapotée par la ministre espagnole « de l’inclusion et des migrations » (ça ne s’invente pas), la dénommée Elma Saiz, qui affirme péremptoirement que l’Espagne aurait besoin de 250 000 à 300 000 travailleurs étrangers par an, pour soin disant maintenir son niveau de vie. La collusion entre les gauches et le grand patronat n’a plus besoin d’être prouvée. Cette politique ne peut qu’impacter la France, par la proximité géographique des nos deux pays. Déjà, des premières mesures ont été prises, comme le fait d’accorder de plein droit, à savoir que tous les visas de recherche d’emploi seront désormais délivrés pour un an et non plus pour trois mois, et les renouvellements pour 4 ans.
Les travailleurs immigrés clandestins ou non sévissent beaucoup dans l’agriculture qui est aux mains de grands groupes, et le tourisme aussi, nos agriculteurs français qui sont durement concurrencés par des pays à main d’œuvre à bas coût, ne vont pas près de voir le bout de leur tunnel…
Prendre connaissance de la presse de gauche et d’extrême gauche est parfaitement révélateur. C’est ainsi que Libération a titré « Immigration : et si l’Espagne avait raison ? ». Et de fustiger bien sûr le gouvernement italien de Méloni.
Pedro Sanchez avait pris il y a quelques mois une décision hautement politique. Il avait obligé les communautés autonomes à accueillir des immigrants illégaux arrivant principalement des Canaries. Comme la plupart de ces Communautés sont dirigées désormais par le Parti populaire depuis les élections de mai 2023, c’était aussi l’occasion de saper ses adversaires et leur mettre de gros cailloux dans leurs souliers. Le PP n’y a pas vu malice et a accepté la chose. Aussitôt Vox est monté au créneau et n’a pas hésité à rompre des contrats de coalition qu’il avait passé avec le PP dans 5 régions. On le voit, par ce truchement, les socialistes et communistes espagnols entendent lutter idéologiquement contre le PP et Vox. C’est ce qu’on appelle un jeu de billards à trois bandes.
Santiago Abascal, le patron de Vox a déclaré le 17 octobre dernier à Bruxelles, qu’aucun migrant qui entre illégalement en Europe ne doit pouvoir voir sa situation régularisée. Il a fustigé et le PP et le PSOE qui font exactement le contraire. Santiago Abascal a fait remarquer, qu’aujourd’hui en Europe, même des gouvernements de gauche, se montrent plus restrictif envers l’immigration, comme l’Allemagne ou la Pologne. Car selon lui « la chose la plus importante est que les migrants en situation irrégulière, cessent de venir… quiconque entre illégalement en Europe ne pourra jamais être régularisé ». L’Espagne socialo-communiste, l’Espagne Frankenstein, n’en prend pas vraiment le chemin, c’est le moins que l’on puisse en dire. Mais elle risque d’entraîner dans ses errements, bons nombres d’autres pays, dont la France.
Une précision pour terminer. Une exception néanmoins, c’est l’immigration latino-américaine. Comme l’a souligné dans le journal Les Echos, Florentino Felgueroso, un spécialiste du marché du travail espagnol « la proximité linguistique, culturelle et religieuse fait qu’il s’agit d’une population facile à intégrer, qui a les moyens de progresser rapidement sur le marché du travail » (Les Echos du 28 février 2014). Une politique à la Canadienne, où à l’Australienne, qui choisit le nombre et la qualité des immigrés qu’elle peut accueillir aurait du sens. Mais nos lois européennes l’interdisent et on n’en prend pas le chemin.
Michel Festivi