C’est dans L’Echo du Berry que j’ai découvert ce livre, Chiens de meute. L’éditeur de chez Fayard, connaissant mes liens avec le Berry, me l’avait envoyé de son côté. Un long article très élogieux sur un livre qui raconte, de façon autobiographique, la vie, du côté de Dun-sur-Auron, d’une bande de jeunes « reudeudeus » du Cher – entendez par « reudeudeus » ce monde des nobliaux à particules qui vivent en meutes dans des châteaux qu’ils n’ont plus toujours les moyens d’entretenir, qui pratiquent l’entre-soi à haute dose, mais qui « se commettent » souvent, aussi, avec le « bas peuple » -.
Le papier de l’hebdomadaire local était alléchant : l’autrice (il faut dire l’autrice, parait-il. Pourquoi pas l’auteuse ou l’auteure ?) Charlotte des Georges, est l’une de ces « reudeudeus », à la fois clanique et dupe de rien. Ce qui pourrait rendre le roman attachant.
Jolie femme aux yeux clairs et qui sait sourire pour la photo, Charlotte des Georges est actrice de cinéma, de théâtre et de télévision. Ce roman est son premier livre. Il faut être indulgent avec les premiers livres, l’exercice n’est pas obligatoirement facile, surtout quand l’inspiration est essentiellement puisée, non dans l’imagination de l’auteur (auteuse ?), mais dans son environnement, et dans sa propre vie.
J’avoue que cette lecture m’a d’abord un peu déçu, en découvrant, chez les différents personnages du livre, une sorte de lassitude existentielle, et en particulier chez Arthur, l’un des principaux personnages du roman, cousin d’Aurore, l’héroïne.
Au fil du roman, Aurore, qui est donc à l’évidence le double légèrement romancé de Charlotte, s’éloigne de son milieu, tandis que le cousin Arthur se donne à une autre héroïne, celle qu’on consomme en la sniffant.
Et puis il y a cette scène très moche et même carrément grossière : lors d’un enterrement les « reudeudeus » découvrent que Jean-Marie Le Pen a envoyé une gerbe, ayant fait la guerre d’Algérie avec le père du défunt.
- « Virez-moi cette couronne de merde !
C’était un affront, une salissure, ce ruban nationaliste (…) », s’exclame la mère.
La salissure, ce sont des phrases comme celle-là.
- « Redeudeus de merde », aurait-on envie de répondre à ces lamentables paumés à particules d’une époque en train de changer, sur ce plan, Dieu soit loué !
Le prochain roman, déjà annoncé, sera sans rapport avec le Berry, nous garantit l’auteure-autrice-auteuse.
Ouf, on respire !
Francis Bergeron
Chiens de meute, par Charlotte des Georges, Fayard, 2024.
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