Avant même de commencer, l’édition 2025 de l’Eurovision avait fait scandale. Pensez donc ! Ses organisateurs avaient interdit tout déploiement de drapeau national, mais aussi LGBT. Une intolérable manifestation d’homophobie selon les (innombrables) associations concernées.
Nouvel accroc, cette fois le 18 mai à l’issue de ce radio-crochet international : la Française Louane, que la plupart de nos médias donnaient grande gagnante, ne s’est classée que septième, son talent étant moins en cause que la mélodie très languissante de sa chanson « maman », avec un m minuscule, ce qui l’a desservie auprès des votants et des jurys étrangers. Lui ont été préférés, dans l’ordre, les concurrents autrichien, israélien, estonien, suédois, italien et grec.
« Parfois, on ne comprend pas tout » : géopolitique, chanson, timing… Pourquoi Louane n’a pas décroché l’Eurovision », regrettait aussitôt Le Parisien.
La géopolitique, justement, parlons-en : pourquoi l’État hébreu, acteur majeur de l’échiquier proche et moyen-oriental, participe-t-il à un concours proprement européen comme son nom l’indique ? Et pourquoi tant de votes du public européen se sont-ils portés sur sa représentante Yuval Raphael, chanteuse débutante dont le principal titre de gloire est d’être une survivante du fameux festival Nova tenu avec une folle imprudence à cinq kilomètres de la bande de Gaza et au cours duquel 364 personnes avaient été massacrées par le Hamas le 7 octobre 2023 ?
Alors que la Russie est triquarde de l’Eurovision depuis son « opération militaire spéciale » de février 2022 contre l’Ukraine, on peut d’ailleurs se demander pourquoi Israël y est toujours persona grata malgré la vitrification de Gaza depuis octobre 2023, et alors même qu’après avoir multiplié les bombardements sur ce territoire dont ne restent que ruines, Tsahal lançait à Gaza une « offensive terrestre » décisive, provoquant un exode précipité vers le sud de ses habitants concentrés sur à peine 365 km2.
Depuis le début de l’offensive russe, on déplore 12 000 civils tués et 30 000 civils blessés en Ukraine, pays comptant plus de 41 millions d’habitants. Dans la bande de Gaza (2,1 millions d’habitants seulement), des estimations concordantes chiffraient au 5 décembre 2024 entre 45 000 et 50 000 morts, dont un tiers d’enfants, le bilan des victimes de la guerre menée par le gouvernement Netanyahou. On comprend donc mal la grâce d’état dont bénéficie la « terre de lait et de miel ». Dont tout appel au boycottage est en France — et sans doute dans d’autres pays européens — interdit par la loi.
Camille Galic
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