DEdet

Une rencontre avec Christian Dedet

C’était il y a quelques mois – ou quelques années ? -, à Radio Courtoisie. Nous étions rassemblés à quelques-uns, au micro de cette radio libre, pour parler littérature. Quels thèmes précis ? Je ne me le rappelle plus exactement. Parmi ces érudits des belles lettres, figurait un homme qui se présenta à moi : « Christian Dedet ». Il ne se contenta pas de se présenter, il me fourra presque immédiatement dans les pattes deux tomes de son « Journal ».

Christian Dedet, c’est un nom qui me parlait. Je n’avais jamais rien lu de lui mais, passionné par l’épopée littéraire des hussards, je l’avais croisé parfois dans leurs écrits ou dans les essais consacrés à cette bande de magnifiques écrivains, dont les noms resteront unis à jamais : Nimier, Blondin, Laurent, Déon.

Christian Dedet avait pris soin de me dédicacer à l’avance ces deux tomes : « En souvenir d’une époque qui fut aussi la nôtre », écrit-il.

La formule m’avait un peu vexée. Dedet, né en 1936, me paraissait bien davantage de la génération de mes parents que de la mienne. Mais en y réfléchissant un peu, avec le recul du temps ma génération se confond désormais plus ou moins avec celle des rescapés de l’avant 1968.

J’avais mis les deux imposants tomes de son « journal » sur ma table de nuit de nuit, me jurant de m’y plonger « un de ces jours ». Puis le temps a passé…

Très récemment j’ai voulu faire du rangement sur ma table de nuit (et ses abords), et j’ai déterré ce journal de sous les décombres.

Le « journal » est un genre très particulier. Peu de « journaux » de cette nature passent à la postérité. Il faut, pour cela, que leurs auteurs soient extraordinairement représentatifs de leur époque. Les Goncourt, Jules Renard, Paul Morand, Galtier-Boissière…

Je me serais vite découragé de cette lecture si Dedet et son ami éditeur Max Chaleil n’avaient pris soin de faire suivre chaque tome d’un index des noms cités. C’est d’ailleurs essentiel pour un journal. Grâce à cet index, j’ai compris que le « Journal » de Dedet, est en fait aussi le « Journal » des revues Arts et La Table ronde, du quotidien Combat, le « Journal » de Céline et Drieu La Rochelle, de Dominique de Roux, et du critique belge Pol Vandromme.

Du même coup, le « Journal » de Dedet en est comme dépoussiéré. Je vous conseille tout particulièrement les 40 dernières pages de sa Chronique des sixties. Ce n’est pas le récit nostalgique d’un vieil homme de lettres (plus ou moins gaulliste, de surcroit !), c’est le journal d’un homme jeune aux multiples passions, le journal d’un écrivain-médecin, comme Céline et Rabelais, qui fut, un temps trop court, au cœur du monde littéraire. Cela se lit et se relit très bien, et nous replonge dans les enjeux et les débats de l’époque.

Pour le coup ces pages me parlent, malgré la différence d’âge. Je commençais alors seulement à m’initier aux arcanes de ce petit monde politico-littéraire. Il aurait été dommage que Dedet n’écrive pas ces pages et que les homme de ma génération ne puissent en prendre connaissance.

Agathon

Sacrée jeunesse, par Christian Dedet, Les Editions de Paris-Max Chaleil, 448 p., 2005

Nous étions trop heureux, par Christian Dedet, Les éditions de Paris-Max Chaleil, 376 p., 2021

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