Le 17 juillet, l’église de la Sainte-Famille, la seule église catholique de Gaza où elle ne compte plus qu’un demi-millier de fidèles, les autres étant morts ou exilés, a été en partie détruite par un raid aérien israélien qui a tué trois personnes, une dizaine de blessés étant en outre recensés dont le père Gabriel Romanelli, curé de la paroisse. Lequel n’avait cessé d’alerter sur « la situation terrible dans la bande de Gaza, où la population est à bout de forces » et où « la plupart des victimes sont des civils ».
Ce n’est pas le premier lieu de culte chrétien attaqué par les bombardiers de Tsahal. Le 14 octobre 2023, un raid sur l’église grecque-orthodoxe Saint-Porphyre dans la vieille ville de Gaza alors même que s’y déroulait une messe suivie en majorité par des femmes, avait fait seize morts et de nombreux blessés. Devant l’ampleur de cette boucherie, le gouvernement de Netanyahou avait reconnu sa responsabilité, mais s’était justifié en excipant que ses avions de combat visaient « le centre de commandement et de contrôle d’un terroriste du Hamas impliqué dans des tirs de roquettes et de mortiers vers Israël ».
Hasard de l’actualité : l’attaque de l’église de la Sainte-Famille — qui a fait un certain bruit en Europe : même Georgia Meloni et Marine Le Pen, fervents soutiens de l’État hébreu depuis le massacre commis par le Hamas le 7 octobre 2023, ont déploré « ces actes inacceptables » — intervient quelques jours après la condamnation le 11 juillet du révisionniste Vincent Reynouard à six mois de prison aménageables sous le régime de la semi-liberté. Une relative clémence qui a beaucoup déçu les trois associations dont l’Observatoire juif de France s’étant portées parties civiles et qui ont tout de même obtenu chacune 1 000 euros au titre des dommages et intérêts, et 1 500 euros au titre des frais de justice, mais qui s’explique par le fait que l’historien avait, avant son extradition d’Écosse, été incarcéré onze mois durant dans la prison d’Édimbourg où il était détenu à la suite du mandat d’arrêt lancé contre lui lancé par la France pour contestation publique d’un crime contre l’humanité, provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, de l’ethnie, de la nation ou de la religion et surtout négation, minoration ou banalisation publique d’un crime de guerre.
Les mystères d’une église
En l’occurrence le massacre d’Oradour-sur-Glane où, le 10 juin 1944, sur le passage d’une unité de la division SS Das Reich remontant vers la Normandie, périrent 643 personnes sans que les circonstances et les responsabilités de ce drame affreux aient jamais pu être clairement établies : confusion d’Oradour-sur-Glane avec Oradour-sur-Vayres, connu comme repaire de FTP (francs-tireurs-partisans) ? Vengeance aveugle des Waffen SS, pour la plupart de très jeunes recrues, « Malgré-nous » alsaciens comprises, qui n’avaient cessé d’être harcelés sur la route depuis Tulle par des maquisards ? Incendie accidentel de l’église (où, à l’arrivée du bataillon, s’étaient pressés de nombreux villageois), causé par la présence d’un stock d’explosifs entreposés par la résistance et susceptibles de constituer une bombe à retardement au moindre coup de feu ? C’est cette énigme que Reynouard, ingénieur chimiste de formation, avait en 1997 tenté de résoudre dans Le massacre d’Oradour : un demi-siècle de mise en scène — dont une nouvelle édition très augmentée, actualisée et dotée d’une copieuse iconographie est disponible depuis 2022 sous le titre Oradour. Le cri des victimes sur les sites rivarol.com et arts-enracines.fr.
Reste que, dès le massacre connu, l’évêque de Limoges, Mgr Rastouil, et le préfet de la Haute-Vienne (nommé par Vichy) Marc-Freund-Valade protestèrent hautement auprès du général Gleiniger, commandant de l’état-major allemand no 586 à Limoges,, qui réagit aussitôt et présenta ses regrets, précisant : « Je ressens le déshonneur car le forfait est un crime contre le peuple allemand, et je n’aurai point de cesse que je n’aie réussi à lui faire appliquer selon la loi le châtiment le plus sévère. » Mais il ne put tenir sa promesse. Atteint de trois balles dans le crâne deux mois plus tard lors d’une embuscade tendue dans la Creuse par le communiste Georges Guingouin, chef FTP bientôt promu Compagnon de la Libération par De Gaulle, Walter Gleiniger fut enterré avec trois autres soldats allemands dans le cimetière de Guéret le 23 août 1944.
Après l’attaque sur l’église de la Sainte-Famille, le ministère israélien des Affaires étrangères a certes exprimé son « profond chagrin », mais en répétant que Tsahal « ne vise jamais des églises ou des sites religieux ». Les chrétiens gazaouis morts le 14 octobre 2023 et le 17 juillet 2025 sont donc à classer parmi les dégâts collatéraux.
Camille Galic
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Bravo pour cet article. L’armée israélienne est moins précise à Gaza qu’en Iran, où elle prétend être capable de viser des installations nucléaires au mètre près…
Ce n’était pas la première fois que l’église de la Sainte-Famille subissait les attaques de l’armée israélienne. À Noël 2023, un tireur d’élite a tué deux femmes chrétiennes, une mère et sa fille, alors qu’elles priaient. En juillet 2024, un bombardement contre l’école attenante à la paroisse a assassiné quatre personnes qui y avaient trouvé refuge, sous prétexte que le lieu servait de cachette à Hamas (ce que le Patriarcat latin de Jérusalem a démenti).
Ce n’est pas non plus seulement à Gaza qu’Israël tue des chrétiens palestiniens. Les attaques des « colons juifs » (c’est-à-dire des occupants illégaux), en connivence avec l’armée israélienne, contre les chrétiens en Cisjordanie sont incessantes. Le 7 juillet dernier, un groupe de colons a incendié à Taybeh, une localité entièrement chrétienne de Cisjordanie, le cimetière byzantin et l’église Saint-Georges, où coexistent les cultes gréco-orthodoxe, latin et melkite. Cela suivait l’incendie d’oliviers et l’abattage du bétail dont les habitants vivent. Le patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa, et le patriarche gréco-orthodoxe, Théophile III, ont dénoncé ces agressions répétées et accusé les autorités israéliennes de garantir l’impunité de leurs auteurs.
Le général Gleiniger a été enterré au cimetière de Guéret (Creuse) avec son chauffeur et deux gardes du corps, sous-officiers du 19e régiment de police SS de Limoges. Sur leur tombe, figurait la mention «tués au combat le 22 août 1944». Leurs restes furent exhumés, en 1969, pour être transférés au cimetière allemand de Berneuil, en Charente-Maritime où ils reposent depuis, côte à côte. Dans un courriel adressé à Patrick Charron, Johann-Georg Gleiniger, son fils, fait référence à une correspondance du VDK dans laquelle il est précisé qu’à l’occasion de cette exhumation «le procès-verbal établi, conclut que le crâne a été blessé», mais «qu’il n’a pu être déduit si c’est par l’effet d’un seul coup de feu ou de plusieurs».