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Profanations : une basilique vaut moins qu’une mosquée

Autant que le remplacement par son ancien ministre de la Défense à Matignon de François Bayrou — dont Marie-France Garaud disait, quand il était jeune, qu’il ressemblait « de face à un pâtre grec et de profil à une tête de veau » — ce sont des têtes de cochon qui faisaient le 9 septembre au soir l’actualité. Pensez donc, neuf d’entre elles avaient été déposées la nuit précédente sur les porches de mosquées parisiennes ou de la proche banlieue. Très mauvaise plaisanterie qui rappellera un à certains lecteurs Profanation, un album génial de notre Chard paru en 1992 — épuisé, mais dénichable sur Internet .

Actes abjects

Si Chems-Eddine Hafiz, recteur de la grande mosquée de Paris, a condamné « avec la plus grande fermeté ces actes islamophobes visant à diviser notre communauté nationale » et a appelé « à une prise de conscience et à une solidarité nationale contre cette trajectoire de péril », le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a annoncé que la brigade criminelle de la préfecture de police de Paris avait été aussitôt saisie des investigations pour « provocation à la haine aggravée par la discrimination en raison de l’appartenance à une race ou religion ». Et que tout était « mis en œuvre pour retrouver les auteurs de ces actes abjects », qui pourraient selon le préfet relever d’une « opération d’ingérence étrangère », russe en l’occurrence, car aurait été remarqué sur les lieux un véhicule immatriculé en Serbie — où l’on a, sans être forcément poutinien, quelque raison d’en vouloir aux musulmans, de Bosnie comme du Kossovo.

«S’en prendre à des lieux de culte est d’une lâcheté insondable. Jespère qu’on retrouvera ceux qui ont commis cette forme de profanation. On n’a pas le droit d’insulter telle ou telle religion » a déclaré de son côté le ministre de l’Intérieur.

Acharnement contre la Vierge à l’Enfant de Guingamp

Pourquoi le très pieux Bruno Retailleau n’a-t-il donc pas réagi à l’insulte au catholicisme dont le même jour à Guingamp, lors de la messe de la Nativité de la Vierge Marie, a été le théâtre la basilique du Notre-Dame du Bon-Secours où, devant des fidèles horrifiés, la statue de la Vierge à l’Enfant a été incendiée en plein office ? Le site Breizh Info.com qui a révélé cet acte tout aussi abject, souligne qu’« en 2015 et en 2021 déjà, la même statue avait été la cible de dégradations par le feu », et regrette « qu’aucune réaction politique de premier plan n’ait été enregistrée, ni au niveau national, ni même régional ». Une discrétion, ajoute-t-il amèrement, « qui tranche avec l’ampleur des condamnations publiques lorsque d’autres lieux de culte sont visés ». Alors qu’à peine informé du scandale des têtes de cochon, le président de la République lui-même avait tenu à exprimer son entier « soutien à la communauté musulmane ».

Rien d’étonnant à cela. On se souvient que, le 7 mai dernier, Emmanuel Macron accueillait avec tous les honneurs à l’Élysée le Syrien Ahmed al-Chareh, islamiste forcené tombeur de Bachar al-Assad après avoir, sous le nom de guerre d’Abou Mohammed al-Joulani, fondé le Front al-Nosra puis formé l’État islamique en Irak et au Levant. Or, qui le président al-Chareh a-t-il choisi dès son arrivée au pouvoir puis reconduit comme ministre de la Défense ? L’ancien commandant djihadiste Abou Hassan al-Hamwi, de son vrai nom Marhaf Abou Qasra, qui s’était fait filmer en 2015 fracassant, hilare, une statue de la Vierge dans une église syrienne occupée — et profanée — par ses hommes dans la ville d’Edlib (1). La vidéo ne cessant de tourner sur les réseaux sociaux, français compris, les conseillers diplomatiques d’Emmanuel Macron pouvaient difficilement ignorer l’épisode. Mais, apparemment, cela n’avait pas gêné l’Élyséen. Preuve que tous les lieux de culte ne sont pas égaux.

La Rédaction

  1. En 2013, le même s’était fait filmer éventrant et éviscérant un soldat syrien fait prisonnier.

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