mai 68

Nous sommes tous des prisonniers… 

La société hédoniste post-soixante-huitarde a imposé sa vision : se libérer de toutes contraintes. Par le mot contrainte, les « nouveaux prêtres » du « jouir sans entraves » savaient bien ce qu’ils professaient et quels dégâts durables ils comptaient imposer. On y est, messieurs ! Quel homme normalement constitué ne cherche pas à se libérer d’une contrainte, en l’effaçant au mieux, en la réduisant au pire ?

L’affaire était donc bien dans le sac avec ses slogans racoleurs pour esprits en mal de liberté immédiate : « Interdit d’interdire », « Le vieux monde est derrière toi », « Du passé faisons table rase », « Détruisons la famille traditionnelle » , « Libérons nos corps », et on en passe ……. Pourtant, l’affaire allait prendre un certain temps, comme le fût du canon à se refroidir, en gros deux décennies. Dans les années 80, le cliquet était bien arrimé en haut de la roue crantée. Vingt ans, l’âge de l’insouciance, l’âge où tout semble possible. Nos fils de bourgeois, théoriciens de la « libération de la société bourgeoise et de ses carcans » , celle-là même qui les avait bien nourris et qui les nourrit encore, en bousculant les codes, les principes jusqu’aux cellules de bases de la société, ils ont réussi leur coup, un coup de maître. Ils ont rendu l’individu interchangeable, libre de toutes contraintes sociales, familiales, professionnelles, libre de se passer de tout, y compris de lui-même.

Ils ont enfermé « l’homo festivus » dans une prison dans laquelle il veut vivre, dormir et crever jusqu’au bout, heureux d’être prisonnier d’un nihilisme qui ne dit et ne dira jamais son nom. Cette société diluée dans le relativisme permanent et dans la dictature intellectuelle, ce terrorisme qui fait plus de dégâts qu’une bombe dans un supermarché !

Cette société mettra longtemps à retrouver ses bases, ses « piliers en pierre de taille » et ses cellules traditionnelles vitales. Seules, certaines familles, qui ont fait le choix difficile et rigoureux de s’écarter de ce « modèle sociétal », ne sont pas emprisonnées. Elles se sont libérées en sciant les barreaux pour s’évader et vivre selon les vieux principes, les vieux codes, et les traditions communautaires traditionnelles, toutes ces valeurs fondatrices de la Cité. Elles ont construit leur isolats cher à Jean Raspail.

Il ne faut surtout pas se moquer de ces « Indiens » qui se regroupent dans leurs « forêts » , dans leurs écoles, dans leurs foyers. Ils ont un grand mérite. Ils symbolisent en quelque sorte cette « garde avancée » de ce qui arrivera inéluctablement, lentement mais sûrement. Dès 1973, « Le Camp des saints » avait tout dit ou presque sur ce sujet. Ce livre prophétique de Jean R., même les politiciens de tous bords se le passaient sous le manteau, comme un pamphlet de leur propre inconséquence. Ce livre nous donne les clés du geôlier.

Toute la littérature de ce « vieux conquistador » repose sur la description même de la prison dans laquelle nous sommes enfermés. La masse des prisonniers célèbrent tous les jours leur prison, celle qu’ils ne veulent surtout pas quitter, non, surtout pas. Et, nous, dans nos « QHS » (quartiers de haute sécurité) dans lesquels on nous a parqués, on arrive tant bien que mal, en évitant le regard des matons, à se passer des mots écrits à la hâte, ces bouts de papier remplis d’espérance et de colère rentrée. C’est notre lien, notre « adrénaline », et aussi ce « miel » qui nous garde en vie….au nez et à la barbe des décérébrés de l’autre cour, à l’autre bout de la prison. La prison et ses « quartiers de haute sécurité », où les idées sont mises en coupe réglée, où ceux qui osent pourfendre l’idéal hédoniste soixante-huitard sont mis au mitard, la prison dans la prison, à fond de cale, avant d’être consumés à petits feux médiatiques.

Alors, que faire pour ne pas pourrir en taule ? Rassembler les taulards dans l’autre cour et mettre le feu à la prison, au risque de se faire mitrailler du haut des miradors ? Se battre contre ceux de l’autre cour, celle des post-adolescents attardés et drogués d’individualisme destructeur ? Pour ne pas mourir en taule, il n’y a qu’une seule chose à faire et c’est encore Jean Raspail qui le dit le mieux : « Quand on représente une cause (presque) perdue, il faut sonner de la trompette, sauter sur son cheval et tenter la dernière sortie, faute de quoi l’on meurt de vieillesse triste au fond de la forteresse oubliée que personne n’assiège plus parce que la vie s’en est allée ailleurs. »

Guillaume d’Aram de Valada

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