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Quand Darmanin et le CRIF se ridiculisent

Le 14 septembre 2022, Gérald Darmanin avait inauguré en grande pompe à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) un immense et somptueux centre communautaire israélite se présentant sur internet comme un espace de « prières, d’études, d’échanges interculturels, de communication et de transmission », où sont regroupées une synagogue, une salle des fêtes et de conférence, des salles de cours et de réunion ainsi qu’une cafétéria et une vaste terrasse « destinée à accueillie des cérémonies en extérieur ». Le 19 août 2023, la ville dont les époux Balkany furent si longtemps les souverains incontestés était à nouveau au centre des attentions du ministre de l’Intérieur et des Cultes après que plusieurs graffiti « Juif voleur » eurent défiguré la façade du restaurant kasher « Mr Shnitz ».

« Putain, c’était pas un néo-nazi !* »

S’affirmant « profondément choqué par ces inscriptions antisémites insupportables » qui font « honte à la France », Darmanin saluait« la grande réactivité des policiers ayant permis l’interpellation de l’auteur présumé » des faits (un homme de 71 ans correspondant à la description donnée par certains témoins). Ce qui était aller vite en besogne. En effet, le véritable coupable a bien été arrêté et il est passé aux aveux, mais le 23 août seulement. Lui aussi est septuagénaire, mais il est… juif !

Pourquoi s’en était-il donc pris à un coreligionnaire ? Tout simplement parce que le restaurateur, son locataire, ne payait plus de loyer depuis des années alors que lui devait continuer à s’acquitter de charges de copropriété de plus en plus lourdes et qu’il le considérait donc comme un voleur et un mauvais juif.

Exeunt, donc, « l’antisémitisme de salon qui corrompt les esprits comme l’antisémitisme de la rue qui charrie sa violence sous nos yeux », qu’avait immédiatement condamnésYonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) à la suite de Darmanin et de la quasi-totalité des médias.

Cette affaire de cornecul en rappelle une autre : celle impliquant Marie D., 24 ans, prétendument victime le 9 juillet 2004 dans le RER D de « néo-nazis » qui l’avaient à moitié tondue et lui avaient tracé des croix gammées sur le ventre. Si Chirac alors président flétrit aussitôt ce « crime antisémite », les policiers, plus circonspects, perquisitionnèrent le domicile de l’affabulatrice où ils retrouvèrent les instruments de torture (des ciseaux et un marqueur) qu’elle avait utilisés pour simuler l’agression, à l’instigation de son petit ami, qui avait « l’extrême droite » en abomination.

Brièvement placée en garde à vue pour dénonciation de délit imaginaire et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, Marie D. échappa au procès en raison de sa « fragilité psychologique ». Mais tel n’est pas le cas — du moins l’espère-t-on — du ministre de l’Intérieur et du président du CRIF. Seront-ils inculpés pour dénonciation de délit imaginaire ?

Claude LORNE

*Tweet de dépit de Nicolas Chapuis de Libération en apprenant en mars 2012 que le triple assassin de l’école juive Ozar Hatorah de Toulouse (et de trois parachutistes à Montauban) n’était pas le « blond aux yeux bleus » décrit par certains témoins mais l’Algérien Mohammed Merah.

(4 commentaires)

  1. Le coupable, qui devrait comparaître le 14 décembre devant le tribunal de Nanterre, a été relâché sous simple contrôle judiciaire. Comme son avocat Me Knafou a précisé qu’il était « un enfant de rescapé de la Shoah », sa condamnation devrait être assez légère. A comparer avec les très lourdes peines de prison réclamées fin juin par le parquet lors du procès devant la cour d’assises spéciale en matière de terrorisme contre les quatre membres d’un « réseau néo-nazi »… qui en était resté aux projets et n’avait pas le moindre tag à son actif. La LICRA s’était portée partie civile à l’audience.
    Se souvenir aussi de l’incroyable persécution organisée contre le chef d’entreprise Paul-Emmanuel Thore accusé pendant des lustres d’avoir animé un réseau « néo-nazi » à Châteauroux avant d’être finalement blanchi par la justice. Un dossier souvent traité par M. Bergeron dans le quotidien Présent.

  2. Dans une interview à La Voix du Nord précédant sa rentrée à Tourcoing, Darmanin administre une volée de bois vert à tous ses collègues du gouvernement et même à Macron et distribue des leçons de bonne gouvernance. Sur certains points, il n’a pas tort, mais comment accorder le moindre crédit à un paltoquet ayant à son actif une bévue comme celle de Levallois-Perret alors qu’à son poste, et compte tenu des précédents évoqués par Claude Lorne (qui a oublié l’auto-agression du rabbin Farhi avec son propre couteau de cuisine), un minimum de prudence ou simplement de jugeote s’imposait ? Mais non, il lui fallait tenir le devant de la scène.
    J’espère qu’en 2027, les électeurs se souviendront qu’il ne mérite aucune confiance.

  3. Merci à Jean M. d’avoir rappelé le précédent du rabbin Farhi. Voici l’affaire selon Wikipédia :
    « Le 3 janvier 2003, Gabriel Farhi est blessé par un coup de couteau dans l’abdomen devant sa synagogue […] , par un homme criant « Allah Akbar » avec un accent « très français ». Quelques jours plus tard, plusieurs responsables politiques, dont le ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy, mais aussi Edouard Balladur, Laurent Fabius, Lionel Jospin, Alain Juppé, participent à une cérémonie pour dénoncer l’« intolérable agression. »
    Le rapport des pompiers évoquant une plaie « superficielle, peu compatible avec [s]es dires », « la brigade criminelle de Paris est chargée du dossier. Une ordonnance de non-lieu est rendue le 4 septembre 2008. » Le dignitaire religieux échappa toutefois à des poursuites pour faux témoignage et dénonciation calomnieuse bien que sa fausse agression ait mobilisé cinq ans durant les services de l’Etat, police et justice.
    Pour être complet, précisons que Daniel Farhi, lui aussi rabbin et père de Gabriel, fut mis en examen en 2012 pour agression sexuelle sur mineure mais il bénéficia finalement d’un non-lieu, « faute de preuves convaincantes ».

  4. Alors qu’à la suite du gouvernement, toute la France était sommée de condamner trois inscriptions antisémites tracées par un propriétaire juif sur la vitrine du restaurant de son locataire juif également, et mauvais payeur, qui sait que le 19 août à Nancy, un prêtre de 74 ans se rendant à son église a été violemment projeté à terre et roué de coups ? Il est vrai que rapidement interpellé grâce aux caméras de surveillance, l’agresseur âgé de 38 ans est un « déséquilibré » (encore un !). Après avoir examiné par un expert et, nous apprend France Bleu Sud-Lorraine, « fait l’objet d’une hospitalisation en milieu psychiatrique au Centre Psychothérapique de Laxou. Sa garde à vue a donc été levée mais reprendra lorsque son état de santé le permettra, « dans plusieurs jours, plusieurs semaines, on ne sait pas ». » Passez muscade !

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