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La désinformation autour de la repentance

Entretien avec Philippe de Parseval qui vient de publier La désinformation autour de la repentance (Éditions Dualpha)

(Propos recueillis par Fabrice Dutilleul).

L’auteur, issu d’une famille qui a donné quatorze Saint-Cyriens à la France, et Saint-Cyrien lui-même, ne pouvait pas laisser injurier la France et son armée par des propos tels que ceux formulés par Emmanuel Macron sans réagir. Il démontre, preuves à l’appui, que la France n’a pas à rougir de son passé colonial.

« Il fut donc particulièrement lamentable de la part d’un candidat à l’élection présidentielle
de considérer comme un génocide l’œuvre coloniale de la France,
l’accusant de crimes contre l’humanité et d’injurier son armée,
au cours de son voyage en Algérie pendant sa campagne électorale de 2017 »

Comment vous est-il venu l’idée d’écrire sur le thème de la repentance ?

Par réaction aux mensonges et, comme l’indique le titre de mon livre, à la « désinformation » éhontée. Trop, c’est trop ! Un jour, la coupe déborde ! De tout temps la colonisation a eu ses défenseurs, en premier lieu Jules Ferry, et ses détracteurs, en dernier lieu, Nicolas Sarkozy, François Hollande et surtout Emmanuel Macron. La polémique a animé de nombreux débats et écrits divers par des personnalités ou historiens aussi bien de droite que de gauche. Dans les années cinquante, la France, à l’instar des pays colonisateurs, et notamment la Grande-Bretagne et la Belgique, a été conduite à accorder leur indépendance à ses colonies. Pendant et après la période coloniale les bienfaits et les méfaits de la colonisation ont été largement commentés, avec il faut bien l’observer, une prédilection pour les méfaits dont se font gorge chaude tous les « bien-pensants » et autres prétendus historiens.

Selon eux, nous aurions exploité les populations colonisées pour le seul intérêt des compagnies privées et de la France…

Certes, il y eut des bavures de la part de certains colons, mais on observe que globalement la période coloniale a été un bienfait, notamment par la suppression de l’esclavage et l’éradication des maladies endémiques. S’en sont suivies la mise en valeur et l’exploitation au sens économique du terme : instruction publique, développement de l’hygiène, mise en place d’infrastructures, lesquelles ont coûté plus cher à la métropole que les profits qu’elle a pu en tirer. La France a construit des routes, des voies ferrées, des ports, des aéroports, des hôpitaux, des écoles, des universités et laissé une infrastructure économique et administrative digne des villes européennes les mieux gérées.

Vous rappelez le bilan du « temps béni des colonies » : il fut une élévation du niveau de vie des populations tant sur le plan de l’instruction que sur celui de la santé et surtout de la sécurité par l’éradication des luttes intertribales et la fin effective de l’esclavage…

Oui, cette œuvre, dans les quelques décennies qui suivront l’indépendance, sera peu à peu détruite par l’incapacité des pays affranchis à gérer convenablement leurs biens et leurs ressources.

Il fut donc particulièrement lamentable de la part d’un candidat à l’élection présidentielle de considérer comme un génocide l’œuvre coloniale de la France, l’accusant de crimes contre l’humanité et d’injurier son armée, au cours de son voyage en Algérie pendant sa campagne électorale de 2017. Une fois élu, il réitéra ses accusations au cours de voyages officiels en Afrique noire, allant jusqu’à faire acte de repentance au nom de la France.

Des généraux se sont insurgés contre ces propos, mais les « lettres ouvertes » rédigées à ce sujet sont restées lettres mortes. Il m’a semblé nécessaire et instructif de diffuser la vérité sur l’histoire coloniale pour la remettre à l’endroit.

Pourquoi n’avez-vous pas évoqué le Maroc et la Tunisie, et accordé dans votre livre une large part à l’Algérie ?

Le Maroc et la Tunisie n’ont jamais été des colonies françaises, mais des royaumes qui existaient de longue date. Ces deux pays, et notamment le Maroc, furent pratiquement les seuls à avoir une histoire stable parmi tous les pays d’Afrique. Ils ont fait l’objet d’accords entre les gouvernements respectifs et la France pour que cette dernière assure un protectorat basé initialement sur la sécurité interne, condition essentielle de la mise en valeur.

Le royaume du Maroc, pour sa part, a été fondé en 788 par Idriss 1er, et depuis cette création, a toujours conservé une certaine autonomie.

Le Maroc, malgré sa promesse de neutralité faite à la France en 1832, prit parti pour l’Émir Abdel-Kader lors de la conquête de l’Algérie. Il fut militairement battu par le maréchal Bugeaud après la bataille d’Isly et le traité de Tanger en 1844. Il fut pacifié dans les décennies suivantes notamment par le général Lyautey jusqu’au traité de protectorat de 1912, laissant l’autorité théorique au sultan Moulay Youssef.

Plus récemment, l’histoire de la Tunisie se stabilise au XIVe siècle avec la fondation de la dynastie des berbères Mérinides. Bien que les siècles suivants fussent plus chaotiques notamment avec l’invasion de l’Afrique du Nord par les Turcs, le pays conserva une relative autonomie.

Il n’en fut pas de même pour l’Algérie…

En effet : ce vaste territoire appelé « la Régence d’Alger » fut arraché aux Turcs en 1830. L’Algérie fut créée de toutes pièces par les Français qui lui attribuèrent ce nom en 1837. Initialement colonie, elle fut administrativement changée en 1881 en territoire français composé de trois départements et rattachés au ministère de l’Intérieur en 1896.

L’Algérie est une création française : j’en veux pour preuve parmi tant d’autres le constat de Ferrat Abbas, futur ardent défenseur de l’indépendance, évoqué par Youssef Girard, docteur en histoire, dans L’Entente du 23 février 1936 : « Si j’avais découvert la “nation algérienne”, je serais nationaliste… Et cependant je ne mourrai pas pour la “patrie algérienne”, parce que cette patrie n’existe pas. Je ne l’ai pas découverte. »

Pourquoi avez-vous décrit les OPEX ?

La politique coloniale ayant eu comme objet initial l’éradication de l’esclavage et des maladies endémiques, on admettra quand même que les États colonisateurs envisageaient à court terme un intérêt économique, qui ne fut d’ailleurs jamais réalisé, hormis par quelques investisseurs privés. La colonisation passait par la mise en sécurité des populations colonisées, ce qui fut réalisé. Mais à l’accession à l’indépendance, les dirigeants, incapables d’assurer la sécurité intérieure ou extérieure de leur pays, firent appel à la France. Afin de garantir la stabilité des pays et la sécurité des populations menacées par la réapparition des luttes interethniques et l’extension de l’islamisme au Sahel, la France, liée par son passé colonial, et, il faut bien le dire aussi, par quelques intérêts économiques, donna suite aux requêtes des chefs d’État qui avaient sollicité son intervention.

L’envoi de troupes françaises débuta pratiquement au lendemain de l’accession à l’indépendance et perdure encore de nos jours.

773 familles françaises ont été endeuillées par les opérations extérieures (OPEX), dont la majeure partie en Afrique, pour assurer la paix dans ses anciennes colonies et la sécurité de leurs populations.

La désinformation autour de la repentance, Philippe de Parseval, Éditions Dualpha, 230 pages, 29 euros ; pour commander ce livre, cliquez ici.

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