En septembre 1993, à l’invitation de Philippe de Villiers, alors député de Vendée, l’écrivain Alexandre Soljenitsyne, l’un des artisans majeurs de la chute du communisme soviétique, s’était rendu aux Lucs-sur-Boulogne, pour rendre hommage aux victimes des totalitarismes. En réunissant, à deux siècles d’intervalle, la mémoire des morts du populicide vendéen, et celle des martyrs du « communisme réalisé », il confirmait que les exactions de la Terreur révolutionnaire ont bel et bien inspiré les terroristes bolcheviques. Cette phrase est-elle de Tureau ou de Trotsky : « Il n’y avait pas de prétexte pour fusiller ces personnes, mais il n’était plus possible de les supporter » ?
« des révisions déchirantes »
Une exposition sur Soljenitsyne, « un géant de la liberté », se tient actuellement à l’Historial de la Vendée. Il reste moins de deux mois pour visiter cette rétrospective, très spectaculaire, très pédagogique, sur la vie de l’écrivain et sur le contexte des crimes staliniens auxquels il a assisté, qu’il a révélés.
Même si des hommes comme Jean Daniel dans Le Nouvel Observateur se sont crus autorisés, à l’époque, à soutenir que Soljenitsyne s’égarait, il y a eu un avant et un après « Soljenitsyne en Vendée ». « L’homme qui symbolise la dénonciation du communisme vient redonner vigueur à la thèse selon laquelle les événements de 1789 ont imprimé à l’Histoire un cours pervers ». Quand Le Monde imprime ces lignes, c’est pour regretter cette thèse, précisément. Mais ce n’est pas une thèse, c’est un fait. Un fait qui a fini par devenir une évidence, avec le temps. Comme le noteront beaucoup de ceux qui ont accompagné Soljenitsyne sur les terres vendéennes en 1993, « l’effondrement du communisme oblige à des révisions déchirantes » (L’Est Républicain).
François Solchaga
« Soljenitsyne. Un géant de la liberté ». Historial de la Vendée, 85170 Les Lucs-sur-Boulogne, jusqu’au 9 juin 2024.Entrée 9€, gratuit pour les moins de 18 ans.