A l’appel de « Nous toutes » et autres organisations féministes, en faveur desquelles France Info n’avait cessé de battre le tam-tam, une énième manifestation était organisée dimanche à Paris de la place de la République à celle de la Nation, pour dénoncer le coup fatal que porterait à la cause des femmes l’arrivée aux Affaires du Rassemblement national. Parti ontologiquement misogyne bien qu’il ait été incarné treize ans durant par une femme, Marine Le Pen pour ne pas la nommer, qui espère être élue présidente de la République en 2027, après avoir présidé le groupe RN à l’Assemblée nationale. Mais qu’importe. Pour les porte-parole de « Nous toutes », Jordan Bardella à Matignon, et/ou Marine à l’Élysée, cela signifierait « le renvoi des femmes à la maison », une « aggravation des disparités salariales », des « entraves à l’avortement » et, horreur suprême, des « incitations à faire plus d’enfants ».
Malgré le battage médiatique, ce rassemblement présenté comme historique n’a réuni qu’une dizaine de milliers de manifestants. Très loin des mobilisations massives de « Carpentras » en 1990 et de la « quinzaine de la haine » en avril-mai 2
Simultanément se déroulait sur la Promenade des Anglais la Pink Parade dont le défilé a été décrit par un Nice-Matin extatique comme « festif, revendicatif et politisé ». Festif, c’est à voir : funèbre serait plus juste, et pas seulement à cause du temps morose, la consternation devant la faible mobilisation étant patente. Mais revendicative et politisée, cette parade le fut assurément puisque la fine fleur de la gauche azuréenne — CGT, FSU, militants et candidats du Nouveau Front populaire — avaient rejoint la marche devant le mortel péril qu’est une « extrême droite aux portes du pouvoir ». Pour conjurer le cauchemar, ceux qui s’affirment « Fier.e.s, féroces, indomptables », veulent « promouvoir une société inclusive et respectueuse, porteuse de vivre-ensemble et de respect », sauf, bien entendu, à l’encontre des « fâchos ». Terme à prendre largo sensu puisque le très républicain et très sioniste Éric Ciotti est inclus dans cette engeance à abattre.
Serge Klarsfeld fera-t-il école ?
Mais les outrances de « Nous toutes » comme d’AGLAE, l’association homosexuelle organisatrice de la Pink Parade s’expliquent, tant elles sont déboussolées par les sondages des élections post-européennes montrant qu’entre les législatives de 2022 et le scrutin du 9 juin, le vote féminin en faveur du Rassemblement national a bondi de dix points, et nul doute que le virage soit aussi marqué pour les gays. Résultat de la « société inclusive » tant prônée par le lobby immigrophile mais qui, sur le terrain, se traduit par une recrudescence de viols — de gamines comme de vieillardes —, d’agressions homophobes… et de violences antisémites. D’où le stupéfiant coming out du célébrissime « chasseur de nazis » Serge Klarsfeld, également fondateur du groupe de pression Fils et filles de déportés juifs de France, déclarant tout de go sur LCI le15 juin sur LCI son hostilité radicale au Nouveau Front populaire et annonçant : « En cas de duel avec la gauche lors des législatives, je voterai pour le Rassemblement national. » Une position applaudie par son fils Arno, le même qui, adolescent et vêtu d’un tee-shirt : « Le Pen = nazi », venait narguer au restaurant La Coupole celui qui était alors président du Front national.
Il sera intéressant de connaître à l’issue du premier tour l’évolution du vote de certaines « minorités ». Ce qu’on peut déjà dire est que les suppléments alarmistes sortis ces derniers mois par le quotidien Libération (Frontal) et le site Mediapart (In extremis) en exhumant ragots et vieilles histoires pour mieux dénoncer la peste brune auront été improductifs.
Stéphane Galet