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Francophonie : entre maghrébinisation et inclusion

Nous déplorions le 2 octobre que tout se passe aux yeux des media comme si « jadis “mère des arts, des armes et des lois”, la France ne trouvait plus un second souffle que dans l’immigration ». Chaque jour apporte la preuve que la dévalorisation de notre pays est devenue l’ardente obligation de toutes les élites ou prétendues telles.

Les dicos au feu et le français au milieu

Inauguré le 4 octobre à l’Élysée par un raout dont le clou fut le récital d’une chanteuse belgo-congolaise (et obèse), le XIXème Sommet de la Francophonie a donné lieu à des envolées lyriques sur la richesse de notre langue, qui certes « reste vivante », mais essentiellement « grâce aux mots utilisés par les jeunes de quartier et véhiculés par les artistes de rap dans leurs chansons », s’extasiait ainsi par la voix d’un certain Bahar Makooi la chaine d’État France 24 : « « Bail », « Floco », « Y’a R » … Chaque année le français s’enrichit de nouvelles expressions et de nouveaux mots, même si tous ne figurent pas dans les dictionnaires. » Et le journaliste de se référer au linguiste Julien Barret qui, flétrissant le « « jugement social » porté par les auteurs de ces « bibles » de la langue française », appelle à « sortir de l’idée qu’une langue se résume au contenu du Larousse ou du Robert ». Contenu reflétant « assez peu ou pas suffisamment l’usage d’une langue par rapport à sa mission, et encore moins l’usage des jeunes, plus mouvant et plus innovant ».

Immédiatement, France Info embrayait en donnant un exemple du salutaire mouvement impulsé par les gamins des cités. Ainsi, après avoir franchi la Manche, « le wesh français s’impose désormais dans les conversations des jeunes Londoniens », tel le tiktokeur Nabeel (Nabil), lequel estime même que la capitale britannique « vit une pandémie de WSH ». Autrement dit l’abréviation de « Wesh rak ? », équivalent de  : « Comment ça va ? », en arabe. Mais cette pandémie est-elle due au génie de notre langue ou au fait que le Londonistan des bords de la Tamise, où ferment les églises et fleurissent les mosquées, abrite près d’un demi-million de Maghrébins ?

Le rôle toujours plus délétère de Bruxelles

Au cours des millénaires, notre vieille terre gauloise a successivement intégré le latin, le francique, l’italien, l’anglais (lequel, après la Seconde Guerre mondiale, a pris sa revanche avec la dictature du franglais) et même, marginalement, l’arabe, mais en les francisant. Déjà gavés d’américanismes par les GAFAM et les nouveaux managers, nous sommes donc sommés aujourd’hui d’avaler tout crus puis de régurgiter des expressions et des termes qui ne relèvent même pas de l’arabe classique mais sont popularisés par des rappeurs issus d’un prolétariat maghrébin qui, de l’Égypte aux Émirats en passant par le Liban et la Syrie, est d’ailleurs accusé d’ignorer grammaire et racines et donc de pratiquer un effroyable sabir.

N’importe, c’est ce sabir que la modernité nous obligerait à intégrer, voire à privilégier sur l’ordre de la Commission européenne dont le porte-parole pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Luis Miguel Bueno, déclarait le 21 février dernier à l’occasion de la Journée internationale de la langue maternelle : « Il est bon de rappeler que nous avons une grande diversité linguistique au sein de l’UE. 24 langues officielles. Il faut aussi rappeler que la langue arabe est aussi une langue européenne. Des millions d’Européens parlent cette langue chaque jour. C’est quelque chose dont nous devrions être fiers. » Deux mois plus tôt, à la tribune de l’ICESCO, cet Espagnol que la chute de ce paradis qu’aurait été Al-Andalous a visiblement laissé inconsolable avait déjà affirmé avec jubilation :« L’arabe est devenue une langue européenne. La langue arabe, la culture arabe et islamique sont une partie intégrante de l’Union européenne, de l’Histoire et de la culture européennes. »

La compagnonne de route et la souteneuse

Pauvre français de Voltaire et de Marcel Aymé déjà si malmené par le dogme de l’inclusion grammaticale au nom de laquelle tant d’énormités sont proférées ! Tout dernièrement par l’inénarrable Lucie Castets qui, l’œil toujours fixé sur Matignon, déclarait froidement : « Je veux continuer à m’investir en compagnonne de route des partis du Nouveau Front populaire. » Mais il y a plus grave encore : au musée Jacquemart-André qui présente jusqu’au 5 janvier une sélection de chefs d’œuvre (dont les superbes Dame à la licorne de Raphaël et La Cène de Bassano), prêtés par la galerie Borghese, le cartel expliquant le tableau Le vol de l’amulette, du peintre Gerrit van Honthorst, décrit « une courtisane et sa souteneuse ». L’auteur — ou l’autrice — de ce cartel ignorerait donc le vieux terme de mère maquerelle, littérairement attesté, pour recourir à un néologisme aussi grotesque ?

Dans son plaidoyer pro domo (d’ailleurs doublé d’un réquisitoire contre Macron, Attal et Bayrou devenus ses bêtes noires) édité par Albin Michel sous le titre La Citadelle – Au cœur du gouvernement, Jean-Michel Blanquer glorifie son bilan des années passées au ministère de l’Éducation nationale et s’étend sur la lutte héroïque qu’il aurait menée contre l’inclusion. Force est de constater que, dans ce domaine comme dans bien d’autres, telle la contagion islamique à l’école, l’ancien ministre a échoué.

Camille Galic

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