Gaza

Bombardements à Gaza et tensions accrues au Liban Sud

DonaldTrump et Israël avaient prévenu au lendemain de la trêve instaurée le 19 janvier dernier : libération «  très rapide » des derniers otages retenus à Gaza par le Hamas ou « déluge de feu ». Alors que la faction terroriste palestinienne Hamas a remis à la Croix Rouge 33 otages, dont huit décédés, lors de mises en scènes barbares, Israël a libéré environ 1.800 prisonniers palestiniens lors de la première phase de l’accord arrivée à terme le 1er mars, le Hamas insistant depuis pour passer à la deuxième phase avant de libérer tous les otages.

Parmi les 251 otages capturés lors de l’opération « Déluge d’el Aqsa » contre Israël le 7 octobre 2023, 58 sont toujours détenus à Gaza, dont 34 présumés morts. Depuis le 2 mars, Israël a bloqué l’aide humanitaire destinée à l’enclave palestinienne en vue d’intensifier la pression contre le mouvement islamiste, sans résultat. Dans la nuit de lundi dernier à mardi, Tel Aviv a lancé une campagne de bombardements sans précèdent depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu à Gaza. Imputé par l’État hébreu au Hamas, l’enlisement des pourparlers concernant la seconde phase de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 19 janvier et devant mener à un accord de paix définitif a repoussé sine die l’espoir de paix et de reconstruction. Benjamin Netanyahu a déclaré dans un communiqué que la décision de frapper avait été prise avec le ministre de la Défense Israël Katz « après que le Hamas a refusé à plusieurs reprises de libérer nos otages et a rejeté toutes les propositions qu’il a reçues de l’envoyé du président américain Steve Witkoff, et des médiateurs qatari et égyptien ». Pour justifier la reprise des bombardements, Israël a présenté la vague de bombardements à Gaza comme dirigée contre « des commandants militaires de rang intermédiaire, des responsables de la direction (politique) et des infrastructures terroristes », plusieurs responsables du mouvement islamiste ayant été éliminés, dont le chef de son gouvernement à Gaza, le vice-ministre de l’Intérieur, le directeur général des services de sécurité intérieure, le porte-parole du groupe ainsi que de nombreux civils. Or, plusieurs observateurs, tant en Israël qu’à l’étranger, s’interrogent sur l’à propos providentiel pour Netanyahu de la réactivation du conflit avec comme effet immédiat le retour au sein du bloc parlementaire du Premier ministre du parti Force juive (Otzma Yehudit), dirigé par l’ancien ministre d’extrême-droite à la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir, et qui avait quitté la coalition après la signature de la trêve à Gaza, sans oublier la suspension des auditions de Netanyahu devant le Tribunal du District de Tel Aviv dans le cadre d’une enquête pour corruption le concernant ainsi que plusieurs de ses proches. Alors qu’il faisait face à l’inévitable dissolution du Parlement et donc à la chute de son gouvernement devant l’incapacité de celui-ci à faire voter le budget 2025 avant la date butoir du 31 mars, Netanyahu dispose désormais de 68 sièges sur 120 à la Knesset et n’aura aucune difficulté à faire adopter le dépassement du délai. Faisant écho à un communiqué du Hamas affirmant que l’opération militaire en cours « met en danger la vie des otages » toujours en son pouvoir, le Forum des familles, la plus grande association de proches d’otages dans le pays, a accusé Benjamin Netanyahu de sacrifier les captifs à Gaza. « La pression militaire pourrait mettre encore plus leur vie en danger et compliquer les efforts pour les ramener sains et saufs ». Tout indique que l’escalade risque de se poursuivre, voire de s’intensifier dans le temps, et un responsable israélien a affirmé au Wall Street Journal que le président américain Donald Trump a personnellement donné le feu vert à l’État hébreu concernant la reprise des bombardements dans l’enclave palestinienne, une information confirmée sur Fox News par la porte-parole de la Maison Blanche.

Enfin, au Liban Sud, une campagne de bombardements ciblés a également commencé depuis le 20 mars, soulignant, d’après le général libanais à la retraite Khaled Hamadé, la détermination de Washington à limiter l’influence de l’Iran dans la région. « Il est clair qu’avec la nouvelle administration américaine, il n’y aura plus de place pour les groupes armés ou milices liés à l’Iran, que ce soit à Gaza, au Liban ou en Syrie », a déclaré Hamadé au quotidien libanais l’Orient-le Jours, avertissant les partis chiites Amal et Hezbollah « de ne pas prendre à la légère les termes de l’accord de cessez-le-feu avec Israël, qui prévoit le désarmement du groupe soutenu par l’Iran » : « Washington milite pour un règlement des différends frontaliers par délimitation et un retrait progressif d’Israël du sud du Liban, ce qui mettrait fin à toute justification du maintien de ses armes par le Hezbollah. Cela faciliterait l’effort du gouvernement libanais sous le nouveau mandat pour démanteler l’arsenal du Hezbollah. Mais si le Hezbollah refuse de rendre ses armes, je crains que nous assistions à une nouvelle escalade du conflit entre Israël et le Liban, » a conclu le général Hamadé.

Sophie Akl Chedid

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