Alexis Carrel

Les lectures de Madeleine Cruz : le wokisme n’est pas un phénomène récent, la preuve par Alexis Carrel

Jusqu’au début des années 1970 (sous la IVe République, mais aussi sous de Gaulle et sous Pompidou), le savant Alexis Carrel, prix Nobel de médecine en 1912, était honoré dans toute la France et jusqu’au Québec. Plusieurs pays dont la Suède avaient émis des timbres avec son portrait, notamment à l’occasion du soixantième anniversaire de l’attribution de son prix Nobel.

Son livre L’homme cet inconnu, publié en 1935, fut un best-seller pendant les quarante années qui suivirent, constamment réédité, y compris en Livre de Poche. Ce livre était d’ailleurs parfois donné en prix aux élèves de l’école publique,

En 1973 le centième anniversaire de la naissance de Carrel avait donné lieu à des cérémonies auxquelles les grands corps de l’Etat avaient été associés. C’est dire si L’homme cet inconnu n’était pas considéré comme un ouvrage sulfureux ni même « controversé » !

L’effacement de ce savant ne commença vraiment au milieu des années 1970.

Comment expliquer ce retournement qui a abouti à la débaptisation de rues, de places, de facultés de médecine, qui portaient son nom ? Avait-on trouvé de nouvelles charges contre lui, un quart de siècle après la fin de la guerre ? Non, bien entendu, mais des campagnes gauchistes, une lecture pointilleuse de L’homme cet inconnu avaient relevé par exemple l’expression « race française » sous sa plume, une expression très en vogue sous la IIIe République, que l’on retrouve d’ailleurs chez Jules Ferry et d’autres. Seul Carrel paya le prix de cette expression…

Tradition révolutionnaire

C’est une opération authentiquement wokiste qui s’ingénia à diaboliser le savant. Il ne fut pas le seul scientifique ainsi « effacé » : l’épuration rampante, parfois bien postérieure à la Libération, frappa aussi des génies comme le savant Georges Claude, inventeur du tube de néon et de la liquéfaction de l’air, et créateur de la société L’Air liquide (qui est toujours l’un des fleurons de l’industrie française : implanté dans 60 pays et employant près de 70 000 collaborateurs). Notons d’ailleurs que la famille de Georges Claude reste l’actionnaire de référence de ce groupe extrêmement puissant. Il est vrai que Georges Claude, royaliste d’Action française, avait parrainé la LVF. Cela lui fut reproché en 1945. Né en 1870, on se doute bien qu’il n’avait pas joué un rôle très actif sur le Front de l’Est !

Au fond les persécutions d’Alexis Carrel et de Georges Claude, celles de musiciens, de peintres, de dessinateurs, pour les mêmes raisons, se situent dans une tradition révolutionnaire, celle qui conduisit à la guillotine le poète André Chénier ou le chimiste Lavoisier. L’effacement soft ou l’effacement radical façon 1793 sont des marqueurs de gauche. « La République n’a pas besoin de savants », c’est bien connu. Nihil novi sub sole.

Une déferlante de biographies élogieuses

A la différence de Georges Claude, Alexis Carrel a donné lieu à de nombreuses biographies : celle du docteur Robert Soupault dès 1952 (rééditée récemment), celle de Jean-Jacques Antier, en 1974, celle de Carlo Facchin, en 1993 : Alexis Carrel, entre science et évangile, celle d’André Mure en 1996, courte mais très plaisante à lire , et donc celle, toute récente, de Régis Arnaud parue en tant que « Cahier d’histoire du nationalisme » N° 30. Il s’agit en fait d’un dossier plus que d’une biographie. Du même coup, ce dernier livre ne fait pas double (ou triple !) emploi avec les biographies antérieures.

Cette petite déferlante d’ouvrages tend à réhabiliter Carrel, qui a vraiment été victime d’une honteuse campagne de haine et de mauvaise foi. On a soutenu par exemple qu’il pouvait avoir encouragé le nazisme, en évoquant la peine de mort par le gaz plutôt que par la pendaison ou la guillotine. Mais Carrel était chrétien, peu accessible aux discours .

Mais c’est bien une majorité de députés français d’aujourd’hui qui vient d’entériner des évolutions sociétales que n’auraient certes pas renié les adeptes du national-socialisme.

Madeleine Cruz

Alexis Carrel, L’homme & son œuvre, par Régis Arnaud, collection : Les cahiers d’histoire du nationalisme, édition Synthèse, 166 p., sans date.

Alexis Carrel

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