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Aiguilleurs ou saboteurs du ciel ?

Peut-on imaginer prise d’otages plus réussie ? Pendant le premier grand départ de l’été, il aura suffi de 272 individus, soit un peu plus du quart des effectifs concernés, pour clouer au sol des centaines d’avions et plus d’un demi-million de passagers français et européens.

A l’appel de l’Unsa et de la CGT, syndicats minoritaires, 26,6% de nos contrôleurs aériens se sont en effet déclarés en grève, furieux d’être eux-mêmes contrôlés par des badgeuses vérifiant leurs faits et gestes après l’évitement in extremis le 31 décembre 2022 d’une terrible catastrophe au-dessus de l’aéroport de Bordeaux, où deux appareils s’étaient retrouvés à 54 mètres l’un de l’autre en raison de la négligence de l’un de ces salariés, qui avait déserté son poste.

Promus depuis 1989 « ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne », les aiguilleurs du ciel, parmi lesquels les femmes sont de plus en plus nombreuses, exercent un métier pénible, exigeant une attention et une disponibilité totales pendant leurs heures de travail. Mais ils sont rémunérés en conséquence : selon la dernière grille, publiée le 1er juillet 2025, les salaires bruts mensuels évoluent au fil de l’avancement de 1 944 euros pour les débutants à 5 277 euros en fin de carrière pour les plus gradés — les « divisionnaires ». A quoi s’ajoutent diverses primes dont le total, selon Capital, « peut faire grimper le salaire du contrôleur aérien jusqu’à 8 000 euros bruts par mois ».

S’il est scandaleux que des fonctionnaires jouent ainsi avec l’économie et la réputation du pays qu’ils sont censés servir (on comptait près de 50% de grévistes à Nice, deuxième centre aéroportuaire de l’Hexagone), cela n’est hélas pas une première. L’organisation européenne « Airlines for Europe » a ainsi condamné « cette grève intolérable » pour Air France mais aussi toutes les compagnies étrangères faisant escale en France ou la survolant simplement, alors que « le contrôle du trafic aérien français connaît déjà l’un des pires délais d’équilibre en Europe ».

Au cours des vingt dernières années, la France a en effet battu un triste record : celui des grèves de contrôleurs aériens (300 jours), suivie de très loin par la Grèce (50 jours) et l’Italie (40).

La Rédaction

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