Après Médiapart, aussitôt suivi par toute la presse, s’acharnant depuis le 16 juin contre Caroline Parmentier sous prétexte des articles « racistes, antisémites et homophobes » publiées par elle pendant la trentaine d’années passées à la rédaction du défunt quotidien Présent, c’est un autre député du Rassemblement national, la Varoise Laure Lavalette, qui est attaquée par le site Les Jours.
Son crime ? Avoir « non seulement chanté les louanges de l’Algérie française, mais aussi produit un texte à la gloire de Jean Bastien-Thiry, colonel tristement célèbre pour avoir organisé l’attentat du Petit-Clamart en 1962 » mais qu’elle qualifiait en 2016 de «héros français et chrétien qui a porté jusqu’au bout l’idéal du sacrifice» et de « cœur pur », qui servait « une noble cause » et menait « un juste combat ».
Avis du reste partagé par Georges Pompidou qui, alors Premier ministre, avait menacé De Gaulle de démissionner si était exécuté le général Jouhaud, condamné à mort pour sa participation au putsch d’avril 1961, à Alger. Pompidou avait eu gain de cause en l’occurrence, mais il ne parvint pas à sauver Bastien-Thiry — qui n’avait pas une goutte de sang sur les mains puisque l’attentat du Petit-Clamart ne fit aucune victime — et cela resta son grand regret ainsi que, devenu président, il le confia plusieurs fois à son ancien condisciple de l’École normale supérieure Maurice Gaït, devenu quant à lui rédacteur en chef de Rivarol. Le successeur à l’Élysée du général haïssait « ces temps où les Français ne s’aimaient pas » et, paraphrasant Maurras, le dit publiquement lors d’une conférence de presse le 21 septembre 1972 .
De manière aussi réductrice que mesquine, le site délateur attribue naturellement la compassion de Laure Lavalette au fait que « l’électorat pieds-noirs est très présent dans le sud-est de la France, où [elle] est justement élue », alors que l’actuelle porte-parole du groupe RN à l’Assemblée n’a jamais caché que, tout comme le colonel martyr, elle venait d’une famille « catholique et française toujours » — grand-père Croix-de-Feu et père militant d’Ordre Nouveau puis du Front national dont il fut même candidat en Gironde aux législatives de 1993 et de 1997, année où la jeune Laure, aujourd’hui mère de cinq enfants, adhéra au FN.
On est aux antipodes d’un sordide calcul électoraliste… Mais, de même qu’en visant Caroline Parmentier, Mediapart s’attaquait en réalité à sa « quasi-sœur » Marine Le Pen, Les Jours en ciblant Laure Lavalette tente de faire échec à celle qui pourrait emporter la mairie de Toulon municipales de mars prochain.
Quant à Jean-Marie Bastien-Thiry, dont la SERP de Jean-Marie Le Pen consacra plusieurs disques au procès à l’issue duquel il fut condamné à mort ainsi qu’Alain Bougrenet de La Tocnaye et Jacques Prévost (qui furent graciés), rappelons que la Cour militaire de justice chargée de les juger avait été déclarée illégale par un grand arrêt du Conseil d’État en date du 19 octobre 1962. Motif : elle portait « atteinte aux principes généraux de droit, notamment par l’absence de tout recours contre ses décisions » (1). Voilà pour l’État de droit dont il est bon de se gargariser sous la Vème République.
Après l’exécution précipitée du colonel le 11 mars 1963, l’« extrême droite » ne fut d’ailleurs pas seule à s’indigner. Jean Daniel stigmatisa dans le Nouvel Observateur « l’inhumanité du souverain » tandis que Le Canard enchaîné écrivait : « « C’est la honte qui rase les murs. Une certaine justice aussi, semble-t-il… »
De fait, totalement discréditée, la Cour militaire de justice avait entre-temps disparu, laissant la place à la Cour de sûreté de l’État.
Claude LORNE
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