À la vérité, peut nous chaut qu’aille ou non croupir dans un cul-de-basse-fosse l’individu qui, sitôt arrivé à l’Elysée, signa puis fit adopter par le Parlement le Traité de Lisbonne, resucée aggravée du Traité établissant une Constitution pour l’Europe, soumis à référendum en 2005 et que les Français avaient massivement rejeté. Nous est indifférent le sort de l’homme au kärcher qui avait promis que, lui régnant, l’Hexagone serait un Eden de sérénité et de sécurité, mais qui, en ayant eu — au sens propre — la peau du Libyen Kadhafi et de son régime, provoqua le déferlement toujours pérenne sur nos côtes de toute la misère du monde africain, avec les conséquences que l’on sait. Et si les difficultés du père pouvaient mettre fin aux visées du fils sur la mairie de Menton, nous en serions très satisfaits. Mais qu’en est-il sur le plan du droit ?
La meute gauchiste de Mediapart, qui avait lancé l’affaire, peut triompher : si le maréchal Pétain fut condamné à mort pour raison politique, c’est la première fois dans l’histoire de France qu’un ancien chef de l’État a été, le 25 septembre, et pour motifs crapuleux, condamné en première instance à de la prison ferme — cinq ans, avec de surcroît mesure d’exécution provisoire de la peine. Une mesure qui n’est prise en général qu’après le procès en appel et la confirmation de la condamnation.
Apolitique, la juge Gavarino ?
En outre, si Nicolas Sarkozy et ses principaux co-accusés Claude Guéant et Brice Hortefeux — tous deux anciens ministres de l’Intérieur — ont été déclarés coupables d’association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de la campagne présidentielle de 2007, l’ex-Élyséen a été relaxé des faits de recel de détournement de fonds publics et corruption passive. Autrement dit, le tribunal correctionnel de Paris présidé par Nathalie Gavarino n’a pas réussi à prouver la matérialité des faits, pourtant à l’en croire « d’une gravité exceptionnelle et de nature à altérer la confiance des citoyens », imputés à l’association de malfaiteurs dont faisaient également partie l’affairiste Thierry Gaubert né Goldenberg, relaxé, et le druze libanais Ziad Takieddine, mystérieusement déclaré mort deux jours avant l’énoncé du jugement alors qu’il était en cavale.
Tout cela n’est-il pas un peu léger ? Et, en effet, « de nature à altérer la confiance des citoyens », mais cette fois dans la Justice ?
Certes, et comme la plupart des médias, RTL voit en Nathalie Gavarino un magistrat idéal : « Elle a été nommée vice-présidente du tribunal judiciaire de Paris, en charge des grands procès, justement pour pouvoir juger Nicolas Sarkozy. Un choix motivé par son impartialité*. Présentée comme la perle rare, forte d’une carrière de 21 ans, il est impossible de la suspecter de parti pris* : elle n’est pas encartée au Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche), elle ne s’est jamais exprimée sur le dossier libyen et n’a jamais eu à s’occuper d’une affaire en lien avec l’ancien président. »
Sauf que c’est elle qui, représentante à l’époque de l’Union syndicale des magistrats (USM) cataloguée un peu vite apolitique, avait en 2011 mené la fronde contre Nicolas Sarkozy coupable d’avoir fustigé « les dysfonctionnements graves »du système judiciaire à l’origine du meurtre de la toute jeune Laetitia Perrais, assassinée puis démembrée par le métis psychopathe et multirécidiviste Tony Meilhon, condamné à treize reprises pour viol et violences avec arme mais remis en liberté. C’est elle aussi qui, en juin 2020, présida à la mise en bière politique de François Fillon, indéboulonnable Premier ministre du quinquennat Sarkozy, en le condamnant à une peine de cinq ans d’emprisonnement, dont deux ferme, 375 000 euros d’amende et une peine d’inéligibilité de dix ans pour avoir fait « prévaloir son intérêt personnel sur l’intérêt commun dans un but d’enrichissement personnel », contribuant ains, « à éroder la confiance » des citoyens.
En finir avec l’illusoire « État de droit«
Rappelons que c’est pour avoir bombardé son épouse Penelope attachée parlementaire du temps qu’il était député que Fillon était poursuivi. Comme le seraient plus tard Jean-Marie et Marine Le Pen et nombre de dirigeants du Front national accusés, eux aussi, d’avoir employé des proches. Mais n’était-ce pas le cas de Jean-Luc Mélenchon auprès duquel s’activaient sa fille Maryline et son gendre Gabriel Amard, aujourd’hui député LFI du Rhône ? Et de Richard Ferrand, qui embaucha son fils Émile, âgé de 23 ans seulement ? On ne sache pas que ces accommodements très habituels à l’époque aient porté tort à Mélenchon (les poursuites le visant sont au point mort depuis 2021) ni surtout à Ferrand, devenu le 8 mars dernier à une voix près (le RN s’étant bizarrement abstenu) président du Conseil constitutionnel. Et donc l’un des hiérarques de la République.
Nicolas Sarkozy voit dans sa condamnation une scandaleuse « atteinte à l’État de droit ». Mais c’est l’État de droit tel que tous les Français le subissent qui est en soi un scandale, puisqu’il consacre l’inégalité envers les citoyens selon leur couleur politique. Ou leur couleur de peau.
Camille Galic
*Souligné en gras dans le texte.
Aidez le Nouveau Présent à continuer son travail, faites un don!