Sous la IIIe République (pas seulement, d’ailleurs), l’alcoolisme était un vrai fléau dans le monde ouvrier. Il suffit de relire L’Assommoir. Quand des ouvriers réclamaient un jaune, ou plus souvent, « un petit jaune », ils ne réclamaient pas l’aide d’un syndicaliste, membre du syndicat des Jaunes de France, mais un verre de pastis, boisson très populaire, en particulier dans le sud de la France (ma tante Mathilde ne crachait pas dessus, non plus). Il n’empêche qu’entre 1900 et 1910, « les Jaunes » ont désigné aussi des militants syndicaux se voulant à la fois sociaux et patriotes, et en tout cas en opposition frontale avec les rouges et la CGT.
Dans son livre Les Jaunes, un syndicalisme tricolore, Didier Favre nous raconte l’histoire de ce courant anticollectiviste, qui représenta un temps une force ouvrière puissante. Au départ, on trouve un personnage charismatique, Pierre Biétry. Maurras l’a présenté comme « un illusionniste », un « flibustier », « garçon intelligent à la langue bien pendue ». Il fut d’abord un meneur lors de grèves, en 1899, dans le Doubs. Mais, très vite, il s’oppose aux rouges, et prône un syndicalisme tricolore, inspiré des corporations, qui doit être mis au service de l’entente entre les catégories sociales, et de la diffusion de la propriété : les « Jaunes » (leur symbole était un gland jaune, ou encore le genêt, « la jolie fleur d’or [qui] pousse sur toutes les parties de notre sol français »). Pour les syndicats rouges, les Jaunes ne sont que des « suppôts du patronat », et Biétry « le serviteur des moines et des jésuites », mais une partie significative du monde ouvrier sera séduit par ce mouvement qui refuse les violences de ceux que l’on n’appelle pas encore les communistes. L’âge d’or de ce nouveau syndicalisme, préfiguration des syndicats indépendants, se situe entre 1904 et 1910. Puis Biétry se lance dans la politique, il crée son parti « propriétiste » et se retrouve député du Finistère, dans le cadre d’une coalition des droites, mais il meurt jeune (46 ans) et sans successeur.
Didier Favre nous raconte donc une aventure syndicalo-politique peu connue, qui aurait pu réussir car la diffusion de la propriété était un thème sans doute plus populaire dans le monde ouvrier de l’époque que la révolution universelle. Le mot d’ordre des Jaunes : « Il faut que tout le monde possède. »
Zeev Sternhell classe les Jaunes parmi les courants français préfascistes dans son livre sur La Droite révolutionnaire 1885-1914. C’est un énorme contresens, nous dit en substance Didier Favre, car les Jaunes étaient très antiétatistes. Le fait de réunir au sein d’une même organisation plusieurs centaines de milliers d’ouvriers antirouges n’est vraiment pas suffisant pour en faire des précurseurs du fascisme.
Les chansonniers se sont emparés de la confrontation Jaunes-Rouges, ce qui donnait à l’époque cette jolie chanson :
J’ai la jauniss’, j’ai la jauniss’,
J’aime la galett’ et l’ pain d’épice,
Je marche avec les proprios,
Je cir’ les bott’ et rince les pots !
J’ai la rougeole, j’ai la rougeole ;
Ça m’ démange dans les guiboles,
Tant qu’à turbiner pour mon pain,
Zut ! Y m’ pousse un poil dans la main !
Madeleine Cruz
• Didier Favre, Les Jaunes, un syndicalisme tricolore, La Nouvelle Librairie, septembre 2022, 182 pages. •
(3200 signes)
Quel bonheur de ne plus se sentir orphelin ! Je vais finir par croire à la résurrection… Sans Présent nous n’avions plus de lendemains, que des espaces glauques à venir face aux maudias qui d’un pays de lumière font chaque jour le bonheur des ténèbres et du chaos. On remarquera que j’ai bien écrit « lumière » au singulier. Les « autres, » (dont se réclament fort injustement traitres et écornifleurs,) il y a belle lurette qu’elles se sont éteintes et que les piles ont coulé, détériorant les supports. Qu’adviendra t-il du « Nouveau Présent » (qu’on ne tardera pas à requalifier « NP » les « autres » ne se privant pas de stigmatiser ce « Haine P. » Les pleutres,) nous autres on sait bien qu’on peut nous attribuer bien des défauts mais la « haine » n’est ni de notre bord pas plus que de notre fait. Vive le Nouveau Présent et bravo à ses courageux entrepreneurs. Une question en deux : Quand peut-on s’abonner et combien l’abonnement ? J’aime bien finir par une question ça augure de lendemains… Espérons très fort qu’ils chantent !