La France, pays des bons produits du terroir et de la gastronomie ? Au regard de la multiplication exponentielle des enseignes de « junk food » américanisée et autres officines à la gloire du « kebab », on pourrait commencer à en douter et à s’inquiéter des nouvelles habitudes alimentaires de nos compatriotes. Mais, fort heureusement, la bataille du goût et de la tradition n’est pas encore perdue et la résistance s’organise. C’est ainsi que, près d’Angers, un groupe de jeunes entrepreneurs gourmets et gourmands a récemment lancé un service de restauration mobile proposant diverses prestations basées sur les spécialités culinaires locales. Nous avons rencontré l’un des acteurs de cette roborative initiative.
NP : Comment vous est venu l’idée de « la Flamme angevine » et pourquoi vous êtes-vous lancé dans cette entreprise, quelles étaient vos motivations ?
C’est amusant que vous ayez parlé du kebab en préambule, car notre entreprise est précisément née de cette réflexion ; « Que faire pour proposer une restauration à emporter qui soit ancrée dans notre terroir ? » Nous envisagions au départ de monter une sandwicherie, proposant des produits chauds, français, ou un restaurant de fouées angevines. Faute de moyens, nous nous sommes rabattus sur la confection de fouées à domicile ou pour des événements publics, et en empruntant quelques milliers d’euros à des proches, nous avons acheté une remorque avec deux fours à bois. C’était il y a 4 ans; aujourd’hui nous avons élargi notre gamme et proposons beaucoup d’autres produits (cocktails et dîners de mariages, rôtisserie, prestations au braséro, etc.)
NP) Quel type de prestations proposez-vous et quelle est la clientèle que vous visez ?
Nos produits phares sont les fouées, les cochons ou agneaux rôtis avec leur accompagnement, ainsi que les prestations au braséro. Mais d’une manière générale nous sommes traiteurs, et réalisons aussi bien des mariages et de gros événements d’entreprises que des petits anniversaires. Selon le type de prestation, nous travaillons aussi bien pour la France populaire, rurale, que dans des hôtels particuliers parisiens de renom.
NP) La gastronomie angevine n’est pas forcément la plus connue ni reconnue de notre pays. Elle semble pourtant riche. On découvre notamment, grâce à vous, les « fouées angevines ». Pouvez-vous nous parler de cette spécialité et de son origine ?
Il faut en effet expliquer ce qu’est la fouée (appelée aussi fouace) angevine. C’est un petit pain qui cuit en quelques dizaines de secondes au feu de bois, et que l’on garnit de produits traditionnels ou plus modernes : rillauds d’Anjou, beurre d’ail, fromage frais saumon aneth, rillettes etc. Au Moyen-Âge lorsque les villageois faisaient leur pain dans les fours seigneuriaux, ils gardaient les chutes de pâte, les aplatissaient et les jetaient au feu pour vérifier la température de celui-ci et la levée de la pâte. Quand le pâton plat gonflait et faisait un pain creux, c’est qu’il était temps d »enfourner. Dans l’oeuvre de Rabelais, c’est le vol d’un panier de fouées qui déclenche les guerres pichrocolines ; c’est dire si c’est bon !
NP) Quel bilan tirez-vous de vos premiers temps d’exploitation et quelles sont vos ambitions pour l’avenir ?
Nous sommes partis de rien, sans argent ni savoir-faire particulier, apprenant « sur le tas » et travaillant sans nous payer durant des années, et nous avons aujourd’hui une entreprise qui s’apprête à embaucher son premier salarié ; que de chemin parcouru ! Nous souhaiterions désormais continuer à développer l’entreprise et continuer à promouvoir la gastronomie angevine, terriblement méconnue.
Le site internet de « La Flamme angevine » : https://laflammeangevine.fr/
Contact tel : 06 44 36 52 15 (du lundi au vendredi, 9h – 18h30)
Propos recueillis pas Xavier Eman