Les lectures de Madeleine Cruz : Michel Mourlet, le cinéma et les livres

Ma grande tante, Mathilde, était abonnée à Valeurs actuelles depuis l’origine, depuis l’époque de Raymond Bourgine. Quand elle avait fini de lire son magazine, elle le passait à mes parents ; l’habitude a été prise, et aujourd’hui ceux-ci m’alimentent à leur tour avec leurs Valeurs, en seconde lecture, car ils sont restés fidèles à cet hebdomadaire.

Mes parents appréciaient tout particulièrement les articles des deux Michel, Mourlet et Marmin, qui leur ont transmis le goût du théâtre et du cinéma en salle (pas à la télévision). Aujourd’hui ils lisent les critiques de Laurent Dandrieu, mais ils ne sont pas toujours d’accord avec lui, et je retrouve des commentaires de mon père, de sa belle écriture très lisible, dans les marges de Valeurs.

Marmin et Mourlet furent des résistants culturels des années 1960, et il se trouve que deux ouvrages de Mourlet viennent de paraitre, ce qui m’a donné envie de les lire.

D’exil et de mort est un roman qui fait un peu penser au Feu follet de Drieu. Le préfacier, qui n’est autre que l’autre Michel (Marmin) ne manque d’ailleurs pas de faire allusion à cette proximité. Paru pour la première fois en 1961, ce livre n’avait jamais été réédité. Pourtant sa lecture avait marqué Paul Morand, qui avait noté, à l’époque : « c’est un roman où rien n’est gaspillé et qui suit droit sa pente, la marche vers l’abîme ». Cet abîme, on le devine, par la référence à l’œuvre de Drieu, bien entendu.

Quant aux Péchés d’insoumissions, c’est un recueil de chroniques, parues dans une foule de revues et de magazines, entre 1993 et 2021, où il est peu question de cinéma et de théâtre, mais beaucoup plus de politique, de littérature, de points d’Histoire, et d’abord de la langue française. Chroniqueur de la rubrique « français, mon beau souci », à Radio Courtoisie, et administrateur de « Défense de la langue française », Michel Mourlet fait partie de ces journalistes qui placent la guerre des langues au premier rang de leur engagement, avant même la guerre des idées. Et ils ont sans doute raison, car sans la langue, pas d’idées. Voilà peut-être une idée de cadeau pour tante Mathilde, à Noël ? Cela lui rappellera « le bon vieux temps ».

Madeleine Cruz

D’exil et de mort, par Michel Mourlet, Auda Isarn, septembre 2022, 130 p.

Péchés d’insoumission, cinquième tome de la série du « temps du refus », France Univers, 2022, 260 p.

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